Né en mars 1893 dans le département de Nagasaki ; mort assassiné le 26 juin 1923. Militant anarchiste ; un des fondateurs du P.C.J.
Né à Kita-Hisahaya, dans le district de Kita-Takaki, département de Nagasaki, TAKAO Heibei était le fils cadet d’un commerçant en renom. A l’âge de dix-neuf ans, il se rendit à Ōsaka où il exerça divers métiers, puis il alla vivre à Tōkyō où il fit de la pyrogravure et se lia d’amitié avec le peintre et poète MURAGAMI Kaita. Au cours de la Première Guerre mondiale, TAKAO Heibei se rendit en Chine. Revenu au Japon, il fut arrêté en juillet 1919 alors qu’il était allé à un meeting socialiste et fit en prison la connaissance d’ŌSUGI Sakae et d’autres anarchistes. Il adhéra peu après à un groupe anarchiste, la Société du vent du nord (Hokufū kai). Il fut également membre de la Confédération du travail des mines du Grand Japon (Dai nihon kōzan rōdō kumiai), et participa à ce titre aux grèves d’Ashio et de Kamaishi. Peu de temps après, en 1920, il fut condamné à cinq mois de détention sous le chef d’inculpation de publication clandestine d’ouvrages socialistes. A cette occasion, il se dévêtit en pleine audience pour marquer son opposition au président du tribunal. Ce geste lui valut une grande re nommée. Libéré en 1921, TAKAO Heibei adhéra à la Société libérale de la banlieue nord (Hokkō jishu kai) et quitta le groupe d’ŌSUGI. Se faisant avec YOSHIDA Hajime l’apôtre d’une organisation anarchiste qui regrouperait d’authentiques ouvriers, il fonda la Société du travail (Rōdō sha) et lança la revue mensuelle Rōdōsha (Les Ouvriers). Partisan des combats de rue, TAKAO Heibei était vers cette époque le type même de l’anarchiste militant. Arrêté à deux reprises au tout début de l’année 1921, il fut en outre condamné à deux mois de prison comme agitateur pour avoir, au mois d’avril, apporté son aide aux grévistes des mines de cuivre d’Ashio. A l’automne de la même année, il entra en contact avec le comité chargé de fonder la section japonaise du Comintern. Ayant lui-même participé à la sélection des représentants du Japon au congrès des travailleurs d’Extrême-Orient de 1921, il se rendit à Shanghai en compagnie d’un groupe de militants communistes japonais, et y reçut du Comintern une aide financière de 5 000 yen. De retour au Japon, il consacra cette somme à mettre sur pied la Société d’aide aux victimes de la famine en Union soviétique (Rokoku kiga kyūsai kai). Au début de l’année suivante, il conçut un projet de mouvement pour lutter contre les lois visant à la répression des extrémistes de gauche. Au mois de mars de la même année, TAKAO Heibei se rendit en Sibérie en compagnie de KITAURA Sentarō. Installés à Chita, ils y menèrent une campagne antimilitariste dirigée contre l’armée japonaise. Après être revenu au Japon, TAKAO Heibei repartit cette fois pour Moscou, où il accompagnait KATAYAMA Sen. Les deux hommes s’efforcèrent d’obtenir la libération de ŌBA Kakō suspecté d’espionnage. Ils rencontrèrent alors Lénine et s’entretinrent avec lui du mouvement révolutionnaire japonais. Rentré au Japon en octobre 1922, TAKAO Heibei travailla, en tant que membre du Parti communiste japonais (Nihon kyōsan tō) à la préparation d’un parti prolétarien légal. Il s’occupa également de l’invitation de Adolphe A. Ioffé au Japon.
Accusé publiquement par TAKASE Kiyoshi d’avoir utilisé à son profit les fonds reçus du Comintern, TAKAO Heibei, découragé, quitta le Parti communiste en février 1923. Il eut dès lors pour objectif la création d’un front commun regroupant anarchistes et membres du Parti communiste. Au mois de mai, il fit appel à un certain nombre de ses anciens compagnons de la Société du travail (Rōdō sha) pour fonder la Fédération du front (Sensen dōmei). Cependant, quand un conflit éclata entre « bolchevistes » et « anarchistes » à l’occasion de la grève des chemins de fer, il prit le parti de ces derniers. Le 26 juin 1923, TAKAO Heibei, pour « répondre à la violence par la violence », fit irruption chez YONEMURA Kaichirō, président du Groupe de prévention contre la bolchevisation (Sekka bōshi dan). Comme il venait de frapper YONEMURA, ce dernier le tua dans le dos d’un coup de pistolet. A l’appel de l’avocat YAMAZAKI Kesaya et du président de la Fédération des jeunesses communistes japonaises (Nihon kyōsan seinen dōmei), KAWAI Yoshitora et tous les groupements prolétariens se réunirent le 8 juillet pour célébrer les premières funérailles socialistes dans l’histoire du Japon.
SOURCES : TAKAO Heibei to sono tsuioku (Souvenirs sur TAKAO Heibei), publié par la Fédération du front (Sensen dōmei), 1924. — TAKAO — HISAITA lsuioku zenshū (Recueil complet des souvenirs sur TAKAO et HISAITA), idem, 1925.