Né le 6 février 1893, dans le département de Hyōgo ; mort en prison le 20 février 1928. Militant anarchiste.
Fils aîné d’un grossiste en poissons vivants, Hizauemon, qui ne le déclara à l’état civil que le 1er mai suivant, WADA Kyūtarō naquit à Akashi, district du même nom dans le département de Hyōgo. Il fréquenta l’École primaire ordinaire puis l’École primaire supérieure de son village natal mais dut abandonner ses études à l’âge de douze ans en raison de la fragilité de sa santé. Après une période d’apprentissage chez un fabricant de sandales de bois, il se rendit à Ōsaka où il travailla comme garçon de courses chez un agent de change ; il reprit cependant ses études en suivant, le soir, des cours de formation professionnelle et apprit à écrire des « haïku » (courts poèmes de trente et une syllabes). Par la suite, il changea fréquemment d’emplois mais ce fut toujours dans la région d’Ōsaka-Kōbe et, principalement, dans la branche du courtage en bourse. Sa passion pour les « haïku >> le mena à organiser un cercle littéraire et à lancer en 1912, une revue spécialisée dans ce genre Kamigoromo (Chasuble de papier). S’étant abonné l’année suivante au petit journal mensuel de SAKAI Toshihiko, Hechima no hana (Fleur de luffa), WADA Kyūtarō commença de s’intéresser aux problèmes sociaux ; lorsque cette publication fut remplacée par Shin shakai (Société nouvelle), il reprit un abonnement et élargit ses connaissances. Abandonnant en 1914, ses activités de courtage, il ouvrit une boutique de nuit de livres d’occasion. Vers cette époque, WADAKyūtarō se mit à étudier de plus près le socialisme en lisant les ouvrages socialistes disponibles au Japon et en échangeant des idées avec les rédacteurs de Shin shakai (Société nouvelle) et SAKAI Toshihiko lui-même et décida bientôt de militer. Après avoir fait de la propagande au moyen de brochures qu’il distribuait dans les usines ou ateliers de son voisinage, il se rendit à Tōkyō où, gagnant sa vie comme livreur de journaux ou de lait, il participa aux activités du Groupe de recherches animé par WATANABE Masatarō qui vivait dans le quartier de Hongō, à Higashi-katamachi ; il y rencontra outre WATANABE, KIMURA Genjirō, HISAITA Unosuke et KONDŌ Kenji avec lesquels il devait entretenir à l’avenir d’étroites relations. Il alla ensuite pendant quelque temps travailler comme manœuvre dans les mines de cuivre d’Ashio mais, éprouvé par les conditions de travail harassantes, il s’enfuit pour retourner à Tōkyō, où devenu journalier, il poursuivit son action de propagande. Il vécut alors dans le quartier des miséreux de Nippori et c’est ainsi qu’il fit la connaissance d’ŌSUGI Sakae désireux lui aussi de gagner ce milieu à ses idées ; WADA Kyūtarō fut immédiatement séduit par la personnalité de ce dernier et devint l’un de ses principaux collaborateurs. Il travailla avec lui au lancement du Rōdō shimbun (Journal du Travail) eu avril 1918, puis du Rōdō undō (Mouvement ouvrier) en octobre 1919 et dans sa deuxième version en janvier 1921. WADA Kyūtarō se chargea plus particulièrement de diffuser ces publications dans la région du Kansai (Ōsaka — Kobe — Kyōto) et y installa un bureau à partir duquel il poursuivit son action militante. Lorsque les dissensions entre anarchistes et « bolchevistes » (communistes) se firent plus violentes, le Rōdō undō (Mouvement ouvrier), dans sa troisième version qui commença à paraître en janvier 1922, servit de tribune aux polémistes de la tendance anarchiste. WADA Kyūtarō se partageait alors entre les deux pôles du mouvement, Tōkyō. et le Kansai ; souffrant de crises d’angoisse, il devait parfois cesser de militer ; mais il demeura néanmoins étroitement engagé dans le mouvement anarchiste et lutta énergiquement pour l’union de l’anarchisme et du syndicalisme ouvrier. En septembre 1923, lors des troubles qui accompagnèrent le Grand tremblement de terre du Kantō, ŌSUGI Sakae fut assassiné dans sa prison. Pour le venger, WADA Kyūtarō projeta d’attenter à la vie du général FUKUDA Masatarō qui avait, lors de l’événement, les fonctions de commandant en chef avec pleins pouvoirs. Il voulait le tuer au revolver le jour anniversaire de l’assassinat de son camarade mais il échoua. Il fut arrêté avec MURAKI Genjirō et FURUTA Daijirō et condamné, en septembre 1925, à une peine d’emprisonnement à vie. Refusant de faire appel, il fut incarcéré dans la prison d’Akita, où il se pendit en février 1928, en laissant, comme adieu, un poème « Le vent chargé de neige efface tous les tourments ».
ŒUVRE : Gokusō kara (De la fenêtre de ma cellule), 1927 ; réimpression en 1971.
SOURCES : FURUTA Daijirō, Shi no zange (Confession avant la mort), 1926. — KONDŌ Kenji, Ichi museifushugisha no kaisō (Souvenirs d’un anarchiste),1965. — AKIYAMA Kiyoshi, Nihiru to teroru (Nihilisme et terrorisme), 1968. — AKIYAMA Kiyoshi, Anakisuto bungaku (Littérature anarchiste), 1970.