WATANABE Masanosuke (pseudonyme : YAMANA Masateru)

Né le 7 septembre 1899, dans le département de Chiba ; mort le 6 octobre 1928. Dirigeant communiste.

WATANABE Masanosuke naquit à Nemoto dans la localité de Ichi­ kawa (actuellement ville de Ichikawa), département de Chiba. Sa mère WATANABE Chō, femme énergique, dut faire vivre sa famille de bonne heure à cause de la maladie qui cloua son mari au lit pendant dix-huit années. Elle collabora, dans la mesure de ses possibilités, à l’action de son fils et travailla entre 1930 et 1937 pour le Secours rouge du Japon (Nihon sekishoku kyūenkai).
Venu, en 1917, avec ses parents, habiter à Tōkyō dans le quartier Fukugawa, WATANABE Masanosuke devint ouvrier d’abord aux usines Chiyoda situées à Kameido, puis à la fabrique de celluloïd Nagamine. S’associant aussitôt au mouvement syndical, il fut introduit, en 1919, par MIYAZAKI Ryūsuke, dans la Société des hommes nouveaux (Shinjinkai) dont il constitua une section dans son usine. Deux ans plus tard, il organisa les travailleurs de la zone de Kameido dans le Syndicat ouvrier noir (Kokushoku rōdō kumiai) à laquelle il conféra une orientation révolutionnaire. C’est alors qu’il constitua avec KAWAI Yoshitora le Groupe de recherches sur le socialisme (Shakaishugi kenkyūkai) pour approfondir l’étude de la doctrine communiste.
Dès que le Parti communiste japonais fut fondé en 1922, WATANABE Masanosuke y adhéra et fut élu délégué de section. Formant alors avec KAWAI Yoshitora et ses camarades l’Association des ouvriers de Nankatsu (Nankatsu rōdō kyōkai), il prit la tête du mouvement syndical de la région de Nankatsu (Nankatsu est l’abréviation de Minami-katsushika). Au IIe congrès du Parti communiste en 1923, il fut élu membre de l’exécutif et responsable de la commission ouvrière. En mars de la même année, il regroupa, à l’échelon du pays, les éléments de gauche à l’intérieur des syndicats ouvriers, établit des fractions communistes et fit paraître l’organe Rōdō kumiai (Syndicats ouvriers), jetant ainsi les bases du mouvement syndical ouvrier de gauche. Au congrès du Syndicat ouvrier de Nankatsu (Nankatsu rōdō kumiai) qui se tint le mois suivant, il fut choisi comme président. Par le soutien actif qu’il apporta aux conflits du travail qui éclatèrent un peu partout à cette époque, comme, par exemple, la grande grève de la fabrique de sauce de soja Noda shōyu, il contribua puissamment au renforcement du mouvement ouvrier.
Victime, en juin 1923, de la première vague de répression contre le Parti communiste, WATANABE Masanosuke fut condamné, en vertu de la Loi de police sur la sécurité publique (Chian keisatsu hō) à dix mois de prison ferme. Dès la fin de sa détention, en 1924, il mit sur pied le Syndicat ouvrier unifié de l’Est de Tōkyō (Tōkyō tōbu gōdō rōdō kumiai) qui allait servir de fondement au mouvement syndical ouvrier de gauche. En avril de la même année, cette organisation et trois autres rejoignirent la Fédération générale japonaise du travail (Nihon rōdō sōdōmei ou Sōdōmei) dans le but de former un Front commun des ouvriers ; WATANABE Masanosuke fut élu responsable de l’Association du Kantō (région de Tōkyō). Six mois plus tard, il présenta un projet de réforme organisationnelle à l’Assemblée générale de l’Association et indiqua les principes directeurs pour la radicalisation du mouvement syndical. En décembre fut créé, grâce à l’entente du Syndicat unifié de l’Est de Tōkyō (Tōkyō tōbu gōdō rōdō kumiai) et de cinq autres syndicats, le Conseil de la région du Kantō (Kantō chihō hyōgikai). En mai 1925, vingt-cinq syndicats se rassemblèrent autour du mouvement pour la rénovation de la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei) et formèrent la Ligue pour le renouveau de la Fédération générale (Kakushin dōmei). Mais un mois plus tard la Fédération générale japonaise du travail (Nihon rōdō sōdōmei ou Sōdōmei) se scinda en deux, et la Ligue pour le renouveau, qui se réunit en un congrès national, donna naissance au Conseil des Syndicats ouvriers japonais (Nihon rōdō kumiai hyōgikai). Ce même mois, à la Conférence de Shanghai convoquée par le Comintern, WATANABE Masanosuke prit part aux réunions où furent établis les principes devant guider le syndicalisme ouvrier. Dans le cadre du mouvement pour la constitution du parti prolétarien (Musan seitō) il créa, en juillet 1925, un comité contre le chômage dont le slogan était : « Du travail et du pain ! » Il assista, en qualité de représentant du Conseil des syndicats ouvriers japonais (Hyōgikai) en août à la première conférence pour organiser le Parti prolétarien puis, en septembre, à la commission pour l’élaboration de la plate-forme et des statuts où, dans des controverses avec l’aile droite sur la question du programme, il établit clairement la position de l’aile gauche.
WATANABE Masanosuke dirigea le grand conflit de l’imprimerie Kyōdō qui eut lieu de janvier à mars 1926 puis se rendant secrètement à Hamamatsu, en août, il y apporta son soutien aux travailleurs en grève de la Société Nihongakki. Trois mois plus tard, il présida à la formation d’une Fédération nationale du mouvement ouvrier unifié (Tōitsu undō zenkoku dōmei). Parallèlement, il lutta, au sein du Comité central, contre les conceptions élitistes de FUKUMOTO Kazuo, qui privilégiait les intellectuels et il exigea que ne soit faite aucune discrimination entre les ouvriers et les intellectuels. Au IIIe congrès du Parti communiste, en décembre, il rédigea les thèses sur les syndicats.
En février 1927, WATANABE Masanosuke fut convoqué par le Comintern pour établir une tactique de lutte contre les « déviations » de droite et de gauche et pour participer à l’élaboration de nouvelles directives. C’est ainsi qu’il prit part, cinq mois plus tard, à la Commission du Comintern sur la question japonaise au sein de laquelle il joua, avec KATAYAMA Sen, un rôle de premier plan dans la mise au point des Thèses de 1927. Elu membre titulaire du nouveau Comité central, il se vit également conférer au congrès du Parti qui se tint à Nikkō en décembre, la responsabilité des questions organisationnelles. A partir de février 1928, il dirigea la publication de Sekki (Drapeau rouge), l’organe central illégal du Parti dont il rédigea aussi de nombreux articles. Le même mois, il fut élu président du comité de contrôle pour les premières élections au suffrage universel et, réussissant à faire présenter onze membres du Parti (illégal) sur les listes du Parti des ouvriers et des paysans (Rōnōtō ou Rōdō nōmintō), il mena efficacement la campagne électorale. Choisi en mars, comme président du Comité central du Parti communiste, il fut mandaté, quatre mois plus tard, comme membre suppléant au VIe congrès du Comintern. Puis, en septembre, il se rendit à Shanghai pour y assister à la Conférence organisée par le Comintern, pour discuter de la reconstitution du Parti. Sur le chemin du retour, il fut tué à Keelung, Taiwan (Formose) alors qu’il résistait à la police qui tentait de l’arrêter. Il n’avait que vingt-neuf ans. WATANABE Masanosuke fut un organisateur et un théoricien de talent.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237721, notice WATANABE Masanosuke (pseudonyme : YAMANA Masateru), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 22 juin 2022.

ŒUVRE : Kōjō iinkai (Les Comités d’usine), 1925. — Shōsūha undō no shimei (Mission du mouvement de l’aile minoritaire), brochure, 1926. — Sayoku rōdō kumiai undō no riron to seisaku (Théorie et politique du mouvement syndical de gauche), 1929. — WATANABE Masanosuke chosaku shū (Œuvres de WATANABE Masanosuke), 1962. — Articles dans chaque numéro de la revue Marukusu shugi (Marxisme) sous son vrai nom ou sous le pseudonyme de YAMANA Masateru.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable