YAMAGAMI Takeo

Né en 1881 dans le département d’Okayama ; mort le 16 avril 1943. Dirigeant du mouvement paysan.

YAMAGAMI Takeo naquit au sein d’une famille paysanne d’Ogamimura dans le district de Jōtō, département d’Okayama. Dès l’école primaire il se fit remarquer par son caractère intraitable et batailleur. Après avoir obtenu son certificat d’études, il travailla quelque temps au bureau des taxes et à la mairie de son village, puis, s’étant querellé avec ses supérieurs, il quitta l’administration pour se consacrer à l’agriculture. Il s’y adonna si bien que ses recherches sur les méthodes d’amélioration du rendement lui valurent un prix départemental. YAMAGAMI Takeo se rendit bientôt compte que, dans le cadre général de la promotion agricole, la plus grande difficulté résidait dans les conditions matérielles de la vie paysanne. Il lança donc un mouvement pour la réduction de la rente foncière. Or, en cette année 1922, le Syndicat des paysans japonais (Nichinō) venait d’être fondé. YAMAGAMI Takeo y adhéra et participa au premier congrès, où il fut élu membre du Comité. Au mois d’août, il devint président de l’Union, de ce syndicat pour les régions d’Oku et Jōtō. A ce titre, il s’attaqua aux propriétaires fonciers (jinushi) eu réclamant une réduction systématique de 30 % sur tous les fermages dépassant un koku et cinq to de riz pour un tan (c’est-à-dire 270 litres pour approximativement dix ares). En présentant par ailleurs le budget détaillé d’une famille paysanne, il mit l’accent sur le fait que même une réduction de 30 % ne pouvait guère sauver les paysans du déficit. Il se proposa ensuite d’entreprendre un contrôle strict des rentes foncières au moyen d’une administration de nature syndicale, et répandit cette idée à travers tout le pays, jouant ainsi un rôle déterminant au sein du mouvement paysan de cette époque. La même année (1922), il s’opposa à une saisie des rizières par des propriétaires fonciers (jinushi) du village de Kanada, en faisant procéder à une récolte collective et à une plantation de blé (planter du blé dans les rizières après la récolte du riz était pour les paysans japonais un moyen d’accroître leurs revenus, d’autant que la rente foncière ne se calculait que sur la base du volume de riz récolté). Cette action fut suivie d’une manifestation qui valut à YAMAGAMI Takeo trois mois de prison ferme pour infraction à la Loi de police sur la sécurité publique ; ce fut, dans l’histoire du mouvement syndicaliste paysan au Japon, la toute première fois où un militant était condamné par les autorités. Libéré, YAMAGAMI Takeo continua son action avec une vigueur renouvelée : élu président de l’Union des quatre districts de la région du Kyokutō lors du congrès de cette dernière, en janvier 1924, il le fut également de l’Union départementale d’Okayama du Syndicat des paysans japonais (Nichinō), au congrès constitutif de janvier 1925. Sa femme Kimie elle-même faisait partie du comité exécutif de l’Union départementale d’Okayama. Membre permanent du Comité central du Syndicat au IVe congrès de décembre 1926, YAMAGAMI Takeo en fut choisi comme président peu après que SUGIYAMA Motojirō se fut retiré du syndicat en février 1927 pour organiser le Syndicat pan-japonais des paysans (Zennichinō). Les deux syndicats fusionnèrent toutefois en mai 1928, formant le Syndicat national des paysans (Zennō), au sein duquel YAMAGAMI Takeo occupa le poste de président du comité de contrôle. Lors du IVe congrès, en juin 1931, la rupture devint prévisible. Quand elle se fut produite, YAMAGAMI Takeo apporta son soutien à la Fraction du quartier général, en plaçant sous sa direction l’Union départementale d’Okayama, face à la Fraction du congrès national, constituée au mois d’août. Non content de marquer le mouvement paysan de son empreinte, il participa également de manière active à l’action politique. C’est ainsi qu’il fut, à sa fondation en 1926, membre de l’exécutif du Comité central du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmin tō). Après la dissolution de celui-ci, YAMAGAMI Takeo appartint au comité préparatoire à la constitution d’un nouveau parti. Il adhéra en conséquence au Parti populaire japonais (Nihon taishū tō), constitué en décembre 1928. A la suite de la réforme des structures de ce parti, il appartint au Parti national populaire (Zenkoku taishū tō), avant de devenir membre du Parti socialiste populaire (Shakai taishū tō), formé en 1932. Arrêté en décembre 1937 (Affaire du front populaire), YAMAGAMI Takeo fut condamné à deux ans de prison ferme en raison de ses rapports avec KURODA Hisao et EDA Saburō. Il bénéficia toutefois d’une suspension de peine en raison d’une attaque de paralysie. Ce ne fut que pour mourir quelque temps après à son domicile.
Dirigeant du mouvement paysan japonais, d’origine authentiquement paysanne lui-même, excellent meneur de grèves, YAMAGAMI Takeo suscita l’admiration de ses compagnons, au point que l’on disait : « SUNAGA à l’est, YAMAGAMI à l’ouest ». On raconte volontiers que, orateur enflammé, il savait mieux que tout autre ébranler ses auditeurs. Sa femme Kimie elle-même, après avoir quitté l’Armée du salut pour l’épouser (elle était chrétienne), fut la seule militante féminine dans les rangs du Syndicat des paysans japonais à ses débuts, et elle parcourut à ce titre un grand nombre de régions. Elle devint ensuite sage-femme, afin de pouvoir aider son mari sur le plan matériel. Le fait qu’elle soit l’épouse d’un militant syndicaliste lui fut cependant une si mauvaise publicité, que pour pouvoir exercer sa profession avec quelque profit, elle dut divorcer d’avec YAMAGAMI Takeo, et même vivre séparée. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle put recouvrer une bonne réputation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237730, notice YAMAGAMI Takeo, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 23 juin 2022.

SOURCES : Zennō okayama tōsō shi (Histoire des luttes du Syndicat national des paysans dans le département d’Okayama), publié par l’Union départementale d’Okayama du Syndicat national des paysans, 1936. — KURIHARA Hakuju « Okayamaken nōmin undō no shiteki bunsetsu » (Analyse historique du mouvement paysans dans le département d’Okayama), dans Nihon nōmin undō shi (Histoire du mouvement paysan japonais), publié par le Groupe d’études sur l’histoire du mouvement paysan, 1961.

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