Né le 20 février 1895 dans le département d’lbaragl ; morfle 11 avril 1942. Dirigeant communiste, membre de l’exécutif du Profintern.
YAMAMOTO Kenzō était le fils puîné d’un paysan pauvre vivant à Yatabe, district de Kashima, département d’Ibaragi. Après avoir fréquenté l’école primaire de Yatabe, il partit en 1909, à l’âge de quatorze ans, pour Tōkyō en bénéficiant de l’aide financière d’un de ses voisins du village. Ayant fait son apprentissage chez un forgeron, il entra en 1912 comme ouvrier forgeron à l’arsenal d’artillerie de Koishikawa ; deux ans plus tard, il fut engagé comme ouvrier polisseur à l’arsenal de Tsukiji. C’est là qu’ayant fait la connaissance de KUMADA Kuniji, dirigeant de l’association des ouvriers, il décida d’adhérer à la formation de ce dernier : c’était le début de son engagement dans le mouvement ouvrier. Étant allé travailler l’année suivante à l’usine de mécanique Nihon située à Tsukishima, il adhéra à la section de Kyōbashi de la Société fraternelle (Yūaikai). Prenant part aux réunions du Groupe d’études sur les problèmes du travail (Rōdō mondai kenkyūkai), émanation de l’Institut d’enquêtes sur la santé dans le monde du travail fondé par le Docteur TAKANO Iwasaburō, et participant aux activités de la Société des ouvriers et des étudiants (Rōgaku kai) de NOSAKA Sanzō, YAMAMOTO Kenzō milita de plus en plus dans le mouvement ouvrier. Au moment des émeutes du riz de 1918, il fut arrêté le 13 août comme meneur pour avoir prononcé un discours dans le parc de Hibiya ; il fut condamné en juillet de l’année suivante à une peine d’incarcération de quatre mois pour « crime » de sédition et incitation à la révolte. Quand il eut été relaxé, la Société fraternelle (Yūaikai) l’envoya en décembre de la même année, soutenir la lutte des ouvriers des houillères de Hitachi contre les licenciements ; au cours d’un meeting, les grévistes se heurtèrent aux forces de police et YAMAMOTO Kenzō fit l’objet de poursuites judiciaires en même temps qu’ASŌ Hisashi, TANAHASHI Kotora et quatorze autres militants ; il fut condamné en septembre 1921, à une peine de deux mois de travaux forcés. Il avait également, avec l’aide de TAKADA Kazuitsu et d’autres partisans du syndicalisme, fondé, au sein de la Société fraternelle (Yūaikai) la Ligue du parti de gauche (Satō renmei). Il prit à cette époque-là une part active à de nombreux conflits du travail comme les luttes de la mine de cuivre d’Ashio en avril 1921, et les grandes grèves des chantiers navals Mitsubishi et Kawasaki de Kōbe en juillet de la même année. Lors de la constitution, en janvier 1922, de la Confédération du travail du Kantō (Kantō rōdō dōmeikai), affiliée à la Fédération générale (Sōdōmei), YAMAMOTO Kenzō y fut proposé comme membre permanent par le Syndicat des ouvriers métallurgistes de Tōkyō (Tōkyō tekkō kumiai). Il fut par ailleurs nommé en mai, par le Comité central de la Sōdōmei, membre extraordinaire du comité chargé de la constitution d’une Union générale des syndicats ouvriers (Rōdōkumiai sorengo), mais ce projet ne put aboutir par suite de dissensions avec les anarchistes. Le jour même de la formation du Parti communiste japonais (Nihon kyōsantō), le 15 juillet 1922, YAMAMOTO Kenzō y adhéra en même temps que NOSAKA Sanzō et autres ; il assista, en novembre, au IIe congrès du Profintern en tant que délégué des syndicats ouvriers japonais. Rentré secrètement au Japon en janvier de l’année suivante, il travailla avec WATANABE Masanosukeet NOSAKA Sanzō à la constitution du Groupe Left dans la perspective de former une section japonaise du Profintern. Lors du IIe congrès du Parti communiste japonais qui se tint en février à Ichikawa dans le département de Chiba, YAMAMOTO Kenzō fut élu délégué des cellules. Pour échapper à la première vague de répression dirigée contre le Parti communiste, il s’enfuit au début du mois de juin 1923 en U.R.S.S., où il épousa SEKI Matsu. De retour au Japon l’année suivante, il mena la lutte contre les sociaux-démocrates de la Fédération générale du travail (Sōdōmei) ; quand, à la suite de la scission qui intervint au mois de décembre au sein de la Confédération du travail du Kantō (Kantō rōdō dōmei kai), fut constitué le Conseil régional du Kantō (Kantō chihō hyōgikai), YAMAMOTO Kenzō y fut élu membre de l’exécutif. L’année suivante, lors de la première scission de la Fédération générale du travail et de la naissance le 24 mai du Conseil des syndicats ouvriers du Japon (Nihon rōdōkumiai hyōgikai), YAMAMOTO Kenzō devint membre de l’exécutif de cette organisation. Il fut envoyé le mois suivant à Changhai pour y transmettre les encouragements du Conseil des syndicats japonais (Hyōgikai), lorsque le mouvement de grève générale gagna en ampleur. Arrêté au cours de l’Affaire de répression anticommuniste de juillet 1926, il fut condamné à une peine d’emprisonnement de six mois ; pendant qu’il purgeait sa peine, le Parti communiste japonais fut reconstitué, décembre 1926. Relaxé en février de l’année suivante, il fit partie de la délégation japonaise de six membres au Ier congrès pan-Pacifique des syndicats ouvriers qui se tint en mai à Hankow en Chine. Élu deux mois plus tard au Comité central du Parti communiste japonais, il fut plus particulièrement chargé de la direction du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmintō) ; il se fit élire au comité exécutif de cette formation au IIe congrès qui se déroula en décembre de la même année. En février 1928, il fut candidat aux premières élections générales organisées après la promulgation de la Loi sur le suffrage universel ; s’étant présenté dans la première circonscription de Hokkaidō sur la liste du Parti des ouvriers et des paysans (Rōnōtō), il échoua. Alité au moment de la vague de répression du 15 mars suivant, il échappa à l’arrestation mais sa maison fut surveillée. Par décision· du Parti communiste, il se réfugia le mois suivant en Union soviétique et, devenu, en juillet, délégué du Japon auprès du Profintern, il fut élu au Comité exécutif de cet organisme. Par la suite, c’est au titre de représentant de son pays qu’il prendra part à de multiples réunions : le VIe congrès du Comintern (juillet 1928), la Xe assemblée générale du Comité exécutif du Comintern (juillet 1929), le IIe congrès pan-Pacifique des syndicats ouvriers (juillet 1929 également), le Ve congrès du Profintern (août 1930), et le VIIe congrès du Comintern (juillet 1935) ; il y fit des rapports sur la situation au Japon. Ayant participé en outre à l’élaboration des Thèses de 1932 du Parti communiste japonais, il rédigea en février 1936, avec NOSAKA Sanzō, la « Lettre aux communistes japonais » qui devait exercer une influence certaine sur le mouvement du Front populaire au Japon (NOSAKA utilisa en cette occasion le nom d’OKANO et YAMOMOTO celui de TANAKA). Il fut arrêté en U.R.S.S., vers 1937, au moment des purges staliniennes, mais quand sa tuberculose pulmonaire chronique se fut aggravée, il fut admis à l’hôpital où il mourut. Au XXe congrès du Parti communiste d’U.R.S.S. de février 1956, le nom de TANAKA (pseudonyme de YAMAMOTO Kenzō) fut cité par le secrétaire général Krouchtchev, qui le mentionna comme un militant révolutionnaire récemment disparu et prononça ainsi sa réhabilitation. Sa veuve TANAKA Yuki (SEKI Matsu) continue de recevoir une pension réservée aux familles de ceux qui ont été au service de la Révolution (1972).
SOURCES : Section des publications du Parti communiste japonais, KOKURY Ō Goichirō, YAMAMOTO Kenzō chosaku shū (Recueil des œuvres de KOKURYŌ Goichirō et YAMAMOTO Kenzō), 1963.