YAMAMOTO Senji

Né le 28 mai 1889 à Kyōto, mort assassiné le 5 mars 1929 à Tōkyō. Biologiste, fondateur du mouvement pour le contrôle des naissances ; député de la gauche.

YAMAMOTO Senji naquit dans le quartier Shinkyōgoku à Kyōto. Il était le fils aîné d’une famille chrétienne pratiquante qui possédait une mercerie. De santé fragile, il dut arrêter ses études en cours d’École secondaire. Tout en aidant au magasin de son père, ou en faisant du jardinage dans leur propriété d’Uji (qui deviendra par la suite une célèbre auberge japonaise Hanayashiki), il étudia par lui-même et s’intéressa aux problèmes sociaux en lisant le Heimin shimbun (Le Journal de l’homme du peuple) et la revue Shakai shugi kenkyū (Recherches sur le socialisme). En 1907, il partit pour Vancouver au Canada où, tout en travaillant comme cuisinier, jardinier, pêcheur — il eut ainsi une trentaine d’occupations différentes — il suivit les cours du lycée supérieur. Il était devenu un fidèle de l’Église unitarienne et s’intéressa au socialisme, ce qui lui valut d’être inscrit sur la liste des personnages dangereux du consulat japonais. Il retourna au Japon en 1911, entra à l’école supérieure Daisan en 1914, et fut diplômé de la section de zoologie de la Faculté des Sciences de l’université impériale de Tōkyō en 1920. Pendant ses études, il fit partie de la Société des hommes nouveaux (Shinjinkai) sans toutefois déployer une grande activité. Après l’Université, il entra à Kyōto où il travailla comme chargé de cours dans les classes préparatoires de l’université Dōshisha, et à la Faculté des Sciences de l’université de Kyōto. En 1912, atteint de typhoïde, il resta entre la vie et la mort ; puis sa première fille naquit infirme. Ces événements l’amenèrent à se consacrer à « la Science pour la vie ». Il s’efforça surtout de vulgariser la sexologie. En 1922, quand Madame Sanger vint au Japon, il lui servit d’interprète lors de ses conférences ; ayant ajouté des commentaires critiques aux schémas de la conférencière, il publia SANGA Joshi kazoku seigen hō hihan (Critique de la méthode de limitation des membres de la famille de Madame Sanger). Au cours de la même année, il rencontra également Einstein à Kyōto, et il affirma devant lui que seule la classe ouvrière pouvait lutter efficacement pour le mouvement de la paix. En 1923, lorsque le Groupe des guerriers errants (Nobushigumi), groupe de jeunes radicaux de l’Union d’Ōsaka de la Fédération générale du travail (Sōdōmei), entreprit une campagne pour le contrôle des naissances, il en devint le dirigeant théorique. Ce mouvement s’étendit à tout le pays, et quand des Cercles d’études sur le contrôle des naissances (Sanji seigen kenkyūkai) furent organisés, il se déplaça partout pour faire des conférences. Il édita aussi la revue Sanji chōsetsu hyōron (Tribune de la réglementation des naissances), qui prit plus tard le nom de Sei to shakai (Le Sexe et la société). L’objectif essentiel du mouvement était la protection de la vie de la classe ouvrière, c’est dire que c’était aussi un mouvement d’opposition au régime impérial ; c’est en ce sens qu’il eut un grand rayonnement. YAMAMOTO Senji s’y consacra.
En 1923, il devint chargé de cours à l’École des ouvriers d’Ōsaka, et l’année suivante, il contribua à mettre sur pied l’École des ouvriers de Kyōto, tout en prenant contact avec différents cercles d’études sur les sciences sociales existant au sein de nombreuses universités. Sa doc­ trine de « la Science pour la vie » s’était peu à peu transformée en doctrine de « la Science pour le prolétariat ». Lors de l’Affaire de répression dirigée contre l’Union pan-japonaise des cercles d’études des étudiants en sciences sociales (Gakuren) en 1925, son domicile fut perquisitionné, ce qui lui fit perdre son poste aux universités de Kyōto et Dōshisha. Après ces événements son militantisme s’intensifia ; il fut nommé directeur national de la campagne pour la dissolution de la Diète, à la suite du grand mouvement des petits fermiers (kosaku), qui s’étendit à l’ensemble de la région sud du département de Kyōto en 1926. L’année suivante, il devint président de l’Union de Kyōto (Kyōto fu rengōkai) du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmintō). Il fut également choisi pour être délégué en Chine de la Fédération pour la non-­intervention en Chine (Shina hikansho dōmei), ce qui lui valut d’être emprisonné.
YAMAMOTO Senji fut battu aux élections législatives partielles qui eurent lieu la même année, mais il prit sa revanche l’année suivante et devint le seul membre de la Chambre des représentants à avoir été élu sur la liste d’un parti prolétarien dans une région agricole : il s’était, en effet, présenté dans la deuxième circonscription de Kyōto, sur l’insistance du Parti communiste japonais (Nihon kyōsantō) alors clandestin ; comme il était toujours en première ligne, il était très connu des masses travailleuses. II fut un des premiers à critiquer le fukumotoïsme doctrine élitiste de FUKUMOTO Kazuo mettant constamment les militants en garde contre une radicalisation infantile du mouvement révolutionnaire. Après la dissolution du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmintō), se démarquant de MIZUTANI Chōsaburo qui avait été aussi élu à Kyōto, YAMAMOTO Senji participa aux activités de la Fédération ouvriers-paysans pour l’obtention des libertés politiques (Seijiteki jiyū kakutoku rōnō dōmei) ; ce fut le seul membre de la Diète de tendance communiste à garder une position indépendante et ferme. En mars 1929, au cours de la session parlementaire, il fut poignardé dans sa résidence de Tōkyō, par KURODA Hokuji, membre d’une organisation de droite, le Groupe des sept vies (Shichi sei gidan). Le Parti communiste japonais (Nihon kyōsantō) lui décerna le titre de membre du Parti et des funérailles populaires furent organisées dans toutes les régions du Japon, à commencer par Kyōto, pour lui rendre un dernier hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237745, notice YAMAMOTO Senji, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 28 juin 2022.

ŒUVRE : YAMAMOTO Senji zenshū (Œuvres complètes de YAMAMOTO Senji), en huit volumes, 1929. — YAMAMOTO Senji senshū (Œuvres choisies de YAMAMOTO Senji), en cinq volumes, 1948.

SOURCES : TAMURA Norio, YAMAMOTO Senji (YAMAMOTO Senji), 1964. — NISHIGUCHI Katsumi, YAMA SEN (YAMAMOTO Senji), 1959.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable