YAMAZAKI Kesaya

Né le 15 septembre 1877 dans le département de Nagano ; mort le 29 juillet 1953. Avocat, militant socialiste.

YAMAZAKI Kesaya naquit dans le village de Kawa-iwa (actuelle­ ment ville d’Okaya) district de Suwa, département de Nagano. Après sa sortie de l’école primaire, il entra en 1899 à l’école de droit Meiji (la future Université Meiji) et passa avec succès, deux ans plus tard, le certificat d’aptitude à la profession de juge procureur ; devenu juge stagiaire, il renonça cependant à son Poste trois mois après sa nomination, en 1902 et s’embarqua bientôt pour les Etats-Unis où il resta cinq années. Ayant rencontré pendant son séjour outre-mer des militants comme KŌTOKU Shūsui, IWASA Sakutarō et AKABANE Hajime, YAMAZAKI Kesaya, de retour au Japon, choisit la profession d’avocat pour défendre le socialisme ; ses activités le menèrent alors de Tōkyō à sa ville natale de Suwa. Comme il connaissait KŌTOKU Shūsui et NIIMURA Tadao, il fut soumis à un interrogatoire lors de l’Affaire du complot de lèse-majesté en 1910. Il fut, de même, convoqué en même temps que KATAYAMA Sen pour l’instruction de l’Affaire de la grève des tramways de Tōkyō, mais il ne fit pas l’objet de poursuites ; ce ne fut pas le cas pour KATAYAMA Sen qui fut inculpé du crime d’incitation à la grève ; YAMAZAKI Kesaya assura alors la défense de l’accusé. Pendant toute la durée de « l’ère d’hiver » consécutive à l’Affaire du complot de lèse-majesté, il constitua avec quelques-uns dont KATAYAMA Sen, SAKAI Toshihiko, ŌSUGI Sakae et ARAHATA Kanson, le dernier rempart du socialisme et jusqu’aux dernières années de l’ère Taishō (1912-1926) il plaida pratiquement dans tous les procès intentés à Tōkyō à la suite d’affaires de répression, visant les mouvements socialiste et syndical ; pendant l’ère Taishō, il n’y eut pas un seul militant socialiste ou syndicaliste ouvrier qui n’ait bénéficié de son aide. YAMAZAKI Kesaya était présent dans tous les litiges concernant le monde du travail, que ce soit pour des problèmes de salaire, de retraite ou de licenciement ; il débordait d’humour et d’une certaine désinvolture et son style, ses paroles et ses actes étaient toujours surprenants ; il savait se servir admirablement de ces traits de son caractère dans sa lutte contre la répression. Il fut même suspendu de ses fonctions d’avocat par le tribunal correctionnel de l’ordre pendant quatre mois pour avoir rédigé des plaidoyers sortant par trop de l’ordinaire.
YAMAZAKI Kesaya estimait qu’en face de la puissance écrasante de l’Etat, il était indispensable que les socialistes se regroupent en un front unifié, quelque différentes que puissent être leurs positions idéo­ logiques. C’est fondée sur ce principe que fut constituée, en décembre 1920, la Fédération socialiste (Shakaishugi dōmei) qui regroupait avec SAKAI Toshihiko, et IWASA Sakutarō, aussi bien des marxistes et des anarchistes que des syndicalistes ouvriers et des professeurs d’université. Sous la pression des autorités, cette organisation fut cependant contrainte à la dissolution l’année suivante. Trois ans plus tard, YAMAZAKI Kesaya forma avec ABE Isoo, [ISHIKAWA Sanshirō>237195] et ARAl Kaku, l’Association fabienne du Japon (Nihon febian kyōkai) dont les objectifs étaient de diffuser l’A.B.C. du socialisme parmi les intellectuels et les ouvriers. Pour lui, cette doctrine évoquait une religion qui serait proche du panthéisme.
Lorsqu’au cours des conflits des chantiers navals Mitsubishi et Kawasaki de Kōbe (juillet-août 1921) un ouvrier, TSUNEMINE Shun’ichi, eut été tué par des policiers armés, YAMAZAKI Kesaya se livra à une enquête avec FUSE Tatsuji et KATAYAMA Sen et, ayant prouvé qu’il y avait là une infraction aux droits de l’homme, déposa une protestation officielle auprès des autorités. Cet indicent fut à l’origine de la constitution, à l’automne suivant, de l’Association des juristes pour les libertés civiles (Jiyū hōsōdan) chargée de défendre les droits de l’homme, YAMAZAKI Kesaya en devint l’un des membres les plus importants. Il continuait par ailleurs de plaider et il assura la défense dans le procès de l’Affaire des premières arrestations des militants communistes (1923), dans celui du complot de haute trahison de PARK Yol et KANEKO Fumiko ; dans ceux qui impliquèrent des anarchistes comme FURUTA Daijirō et WADA Kyutarō et, d’une manière générale, dans toutes les actions en justice mettant en cause des petits fermiers (kosaku) ou des ouvriers ; lorsqu’éclata l’Affaire de Kameido, au cours de laquelle HIRASAWA Keishichi fut assassiné avec des camarades dans un poste de police, ce fut encore YAMAZAKI Kesaya qui dirigea l’enquête établissant la responsabilité des soldats d’un régiment de cavalerie ; il participa enfin à la constitution de l’Association de secours aux victimes du mouvement de libération (Kaihō undō giseisha kyūenkai) et y devint contrôleur aux comptes.
Sur le plan purement politique, YAMAZAKI Kesaya prit d’abord part aux réunions du Groupe d’études sur la politique (Seiji kenkyūkai) puis, après les différentes scissions des partis prolétariens, il adhéra au Parti populaire japonais (Nihon taishutō) dont il devint consultant juridique et conseiller. Cet engagement lui valut d’ailleurs d’être récusé par le groupe des accusés du procès des affaires de répression anticommuniste du 15 mars 1928 et du 16 avril 1929 et il ne put siéger parmi le groupe central des avocats de la défense de Tōkyō. Mais cela ne l’empêcha pas de plaider pour son collègue et ami FUSE Tatsuji, au cours des nombreuses actions judiciaires dont ce dernier fit l’objet, en particulier, lors de l’arrestation générale des membres du groupe des avocats ouvriers paysans (Rōnō bengōshidan) ; c’est ainsi qu’il prit part à nombre de procès intentés pour infraction à la Loi sur le maintien de l’ordre. Après la défaite, bien qu’il fût affaibli par l’âge, YAMAZAKI Kesaya fut nommé conseiller du Groupe des juristes pour les libertés civiles (Jiyū hōsōdan) et il plaida encore lors des Affaires de Mitaka et de Matsukawa. YAMAZAKI Kesaya avait également une plume très alerte ; c’est ainsi qu’il collabora à un grand nombre de revues et de publications de vulgarisation, destinées à faire connaître la pensée socialiste : Hōritsu bungaku (Littérature juridique), 1907-1914 ; Geppō (Bulletin mensuel de droit) 1914-1915, devenu Tōkyō hōritsu (Le Droit de Tōkyō), 1915-1917 — c’était l’organe de presse du Cabinet juridique de Tōkyō fondé par YOSHIDA Sanshirō et TASAKA Sadao ; Heimin hōritsu (Le Droit de l’homme du peuple) publié à partir de 1917 ; Kaihō (Libération), à partir de 1925 jusqu’en 1932 ; Rōnō undō (Mouvement ouvriers-paysans), 1930-1932 ; Musansha hōrilsu (Le Droit des prolétaires), 1931-1932, etc.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237753, notice YAMAZAKI Kesaya, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 4 juillet 2022.

ŒUVRE : Soshoku yōjōron (Essai sur l’hygiène et la frugalité), 1907. — Bengōshi daiyasu uri (Avocats en solde), 1921. — Jishin kempei kaji junsa (Tremblement de terre, police militaire, incendies et agents de police), 1924.

SOURCES : MORINAGA Eisaburō, YAMAZAKI Kesaya (YAMAZAKI Kesaya), 1972. — MORINAGA Eisaburō, Shidan saiban (Petite histoire de procès), 1966. — MORINAGA Eisaburō, Zoku shidan saiban (Suite de Petite histoire de procès), 1969.

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