YOKOTA Hideo

Né le 13 octobre 1889 dans le département de Saitama ; mort le 10 février 1926. Journaliste et écrivain, dirigeant du mouvement paysan.

YOKOTA Hideo naquit à Matsuya, au village de Shinomura, dans le district de Chichibu, département de Saitama. Fils cadet d’UCHIDA Kumakichi, il fut adopté à l’âge de cinq ans par YOKOTA Miyajirō. Il faut signaler une autre tradition suivant laquelle il serait né dans le département de Nagano. On ne sait pour ainsi dire rien de ses études. Parvenu à l’âge adulte, il vécut tour à tour dans les régions de Saitama, Tōkyō, Nagano, Fukuoka et Niigata, où il exerça les activités de journaliste et écrivain. Une série d’articles intitulée « Nōson kakumei ron » (Sur la révolution agraire) et publiée dans l’Asahi shimbun (Journal Asahi), au cours de l’année 1924, le firent remarquer comme spécialiste des problèmes ruraux. Quelque temps auparavant, YOKOTA Hideo était apparu au premier rang du mouvement paysan en devenant avec SUGAI Kaiten l’un des dirigeants de la Société pour les réformes agraires (Nōson kakushin kai). SUGAI Kaiten avait en effet organisé, dans le département de Niigata, une Association des petits fermiers de Nakajōgō (Nakajō gō kosaku uin kyōkai), qui avait été le point de départ du mouvement dans cette région. Elargie, cette association devint la Société pour les paysans (Shōnō kai), puis, en 1920, lors d’une lutte pour la révision des règlements sur le contrôle des ventes extra-départementales de riz, la Société pour les réformes agraires. C’est vers cette époque que YOKOTA Hideo rejoignit SUGAI Kaiten. En 1923, la Société changea une nouvelle fois de nom pour devenir l’Association des paysans de Shimo-Etsu (Shimo-etsu nōmin kyōkai). En qualité de conseiller de cet organisme, YOKOTA Hideo exerça une grande influence sur le mouvement paysan dans le département de Niigata. Au mois de février 1924, dans le département de Gifu, HIRAKU Kisaku et KAWAI Eizaburō fondèrent la Fédération régionale du Chūbu du Syndicat des paysans japonais (Nihon nōmin kumiai, ou Nichinō). Entrés en conflit avec SUGIYAMA Motojirō, dirigeant du Nichinō, ils décidèrent alors que leur organisation resterait indépendante et la baptisèrent Syndicat des paysans japonais de la région du Chūnu (Chūbu nihon nōmin kumiai). C’est YOKOTA Hideo qui, précisément, en fut élu président. La région de Gifu devint ainsi le nouveau cadre de ses activités. Il commença par y rédiger un ouvrage intitulé Nōmin kumiai no hanashi (Propos sur les syndicats paysans), qu’il vendit lui-même à l’occasion de la fête du sanctuaire Shintō de Tejikara à Gifu, où il organisa un meeting de propagande (octobre 1924). Au mois de novembre de la même année, il lança l’organe du syndicat, Nōmin kumiai (Syndicats paysans). Il organisa en outre la grève des petits fermiers (kosaku) des villages d’Uzuramura et Misato, avec pour revendication l’abolition de la pratique de réquisition du riz par le gouvernement (« komimai ») et une diminution de trente pour cent sur les fermages (ceux-ci se payaient en riz ; le riz étant transporté dans de gros ballots de paille, il se tassait au cours du transport, donc diminuait de volume. Les paysans pouvaient alors être accusés de fraude. Pour éviter cela, il leur fallait mettre au départ un plus grand volume de riz que le montant réel de la taxe. C’est cette pratique qui portait le nom de « komimai »). Le mouvement fut un succès, révélateur de la puissance du syndicat. YOKOTA Hideo obtint des propriétaires terriens l’assurance que les petits fermiers non-inscrits au syndicat ne bénéficieraient pas des trente pour cent de réduction. A la suite de cette victoire, l’organisation syndicale s’implanta plus solidement dans les villages de la région, Honjō, Minami-Nagamori, Nagara, Kita-Nagamori, etc. Une chanson, très populaire, disait : « trente pour cent cette année, cinquante l’année prochaine, et plus tard toute la récolte pour le petit fermier... ». De telles paroles ne pouvaient bien sûr qu’indisposer les propriétaires terriens. A la différence du Syndicat des paysans japonais (Nichinō), le Syndicat des paysans japonais du Chūbu (Chūbu nichinō), n’eut jamais de préoccupations politiques. Ses objectifs, beaucoup plus immédiats, étaient plutôt d’assurer sur le plan pratique la vie matérielle des petits fermiers. Si YOKOTA Hideo était adoré des paysans, c’est qu’il avait montré clairement que seule la réduction de la rente foncière pouvait leur assurer une vie décente, et qu’il avait su organiser avec succès les luttes menées, en mettant au point de nouvelles tactiques, telle que la traduction des rentes en argent liquide et la création de fonds d’entraide. Ce grand dirigeant mourut d’une tuberculose du larynx à l’âge de trente-sept ans. Plus de trois mille paysans assistèrent aux funérailles organisées par son syndicat, et accompagnèrent ses cendres à Gifu en brandissant de petits drapeaux blancs (couleur du deuil).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237759, notice YOKOTA Hideo, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 5 juillet 2022.

ŒUVRE : Nōson metsubō ron (La Disparition de la vie agraire), 1912. — Nōson kakumei ron (Essai sur la révolution agraire), 1913. — Nihon nōson ron (La Vie agraire au Japon), 1915. — Nōson kaikakusaku (Mesures de réforme agraire), 1916. — Nōson mondai no kaiketsu (La Solution des problèmes agraires), 1917. — Nōson kaizō ka nōson kakumei ka (Réforme agraire ou révolution agraire ?), 1920. — Nōson no koe wo kike (Ecoutez la voix des paysans !), 1919. — Genka no nōmin undō (Le Mouvement paysan actuel), 1920. — Kosaku mondai kenkyū (Etudes sur les problèmes des petits fermiers), 1922. — Kosakuryō wa ikura ga sōtō ka (Quel serait le montant raisonnable des rentes foncières ?, 1922. — Nōmin kumiai no hanashi (Propos sur les syndicats paysans).

SOURCES : Gifu nōmin undō shi (Histoire du mouvement paysan de Gifu, publié par la Préfecture de police de Gifu, 1922. — ICHIYANAGI Shigeji, « Giju-ken nōmin undō shi » (Histoire du mouvement paysan dans le département de Gifu, dans Nihon nōmin undō shi (Histoire du mouvement paysan japonais), publié par le Groupe d’études sur l’histoire du mouvement paysan, 1961.

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