MARCHET Pierre, Clément, Adrien

Par Guy Blondeau

Né le 11 juillet 1838 à Libourne (Gironde) ; membre de l’Internationale à Bordeaux ; responsable du Courrier de la Sarthe.

Adrien Marchet naquit le 11 juillet 1838 à Libourne, fils de Jean-Noël et Jeanne-Juliette Rafailleu. Il fut membre de l’Internationale à Bordeaux (Gironde). Le 2 octobre 1866, au cours d’une séance du Conseil général, il fut proposé, notamment par Eugène Dupont, comme correspondant de l’association à Bordeaux. La proposition de Dupont fut acceptée. Marchet, journaliste, collabora à plusieurs journaux, La Gironde, Le Messager d’Agen, Le Courrier français dirigé par Auguste Vermorel, futur communard. Le 20 juin 1868 il fonda avec le député breton Glais-Bizoin, Les Côtes-du-Nord, journal de l’Union démocratique et libérale, qui paraît à Saint-Brieuc où Marchet est condamné pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement.
En janvier 1869, il fut nommé rédacteur en chef du Courrier de la Sarthe, en remplacement de Benjamin Gastineau, futur communard, jugé trop anticlérical par les républicains modérés actionnaires du journal. Mais la plume ardente de Marchet n’éloigna pas pour autant les foudres de la répression bonapartiste du journal. Il signa des articles contre l’Empire et fut traduit, le 15 avril 1869, devant un tribunal qui le condamna, comme rédacteur-en-chef et auteur des articles incriminés, à 2 000 F d’amende et deux mois de prison qu’il purgea entre le 15 juin et le 15 août 1869.
Pierre Marchet se présenta comme le représentant de l’Internationale en Sarthe, « en vertu des pleins pouvoirs qui m’avaient été délégués il y a deux ans et que le CC a bien voulu me renouveler par une délibération en date du 27 juillet 1869 » écrit-il dans le Courrier de la Sarthe du dimanche 8 août 1869 où il annonça la tenue du 4e congrès de l’Internationale à Bâle, le 6 septembre suivant. Il invita à adhérer à l’AIT, détailla la pensée et l’organisation de l’Internationale qui « fait appel à tous ceux qui vivent de leur travail, sans exception de caste[car]le but qu’elle se propose est de faire prendre au travail la place qu’il doit occuper dans la société moderne ». Le 27 août, Marchet rappela la tenue du Congrès de Bâle et invita « les travailleurs qui voudraient donner leurs adhésions à l’Association internationale des travailleurs d’avoir l’obligeance de venir à partir d’aujourd’hui, au bureau du Courrier de midi à deux heures. À défaut de représentant, on pourrait envoyer au congrès un rapport sur la situation des ouvriers au Mans. Il est donc absolument nécessaire de se concerter le plus tôt possible à cet effet ». Dans deux autres numéros du Courrier, datés des 12 et 17 septembre, Marchet publia un compte-rendu des débats du congrès de Bâle. Le dernier numéro du Courrier parut le 27 octobre 1869.
En novembre 1869, il quitta Le Mans, non sans avoir, le mardi 2, mobilisé deux à trois cents ouvriers – surtout des filassiers - sur la tombe du Conventionnel sarthois Levasseur, apôtre de l’abolition de l’esclavage, dont le monument funéraire avait été saccagé par l’Empire.
Le 16 avril 1870, un rapport de police du Mans signale sa présence en ville depuis le mardi 12, après avoir été condamné à un mois de prison qu’il avait purgé fin février, pour port d’arme prohibée lors des troubles occasionnés par l’affaire d’Auteuil (assassinat de Victor Noir). De retour au Mans, Il fit de fréquentes visites aux frères et aux amis du Mans, préconisant à l’occasion du futur plébiscite, l’abstention recommandée par la Marseillaise et autres journaux socialistes.
Au lendemain du plébiscite, dans la matinée du 9 mai 1870, les républicains Goussault et Marchet, firent distribuer dans les sections des manifestes de la gauche radicale, des manifestes du comité international et une proclamation à l’armée. Comme le dépôt de ces documents n’avait été fait ni à la préfecture ni au parquet, et qu’il n’y avait pas d’autorisation de colporter, la police du Mans les fit saisir conformément aux ordres du procureur impérial. Goussault, Marchet et quelques-uns de leurs amis vinrent protester au commissariat central contre cette saisie qui a été maintenue.
On ne sait rien de l’engagement de Marchet durant la Commune, mais il était en Sarthe puisque le 14 mai 1871, après plus d’un an et demi d’absence, paraît une nouvelle édition du Courrier de la Sarthe, dont Guérineau était toujours le gérant et Adrien Marchet le rédacteur en chef. Mais le journal était en butte aux pressions préfectorales et aux difficultés financières. Le journal eut une vie éphémère puisqu’après le numéro spécimen du 14 mai, le n°1 paraît le 4 juin et un n° 2, qui fut finalement le dernier à paraître, était daté des 5 et 6 juin.
Au long de ces trois numéros, Marchet fut fidèle à son engagement républicain et socialiste, dénonça ceux qui étaientresponsables de la « catastrophe », bonapartistes, royalistes, républicains modérés responsables « de la plus humiliante des capitulations » et l’Assemblée nationale « qui a eu peur, disons le mot, de Paris vaincu par la famine et tombé en criant Vive la France ! ». Marchet apporta ainsi un habile soutien au peuple de Paris et dénonça les arrestations de ceux qui ont donné asile aux communards. L’asphyxie financière guettait le journal. Initialement prévu d’être vendu au prix de 5 centimes, un pavé apparaît dès le numéro spécimen indiquant qu’il sera en fait vendu le double et on peut penser que le climat politique au lendemain de la chute de la Commune ainsi que ses difficultés financières accélérèrent la disparition du Courrier de la Sarthe.
Au fil du temps, l’action de Marchet s’infléchit à droite ; à la fin des années 1880, il soutint le général Boulanger et publia, en 1890, les Lettre de Populus à Jacques Bonhomme. Il s’agit d’un opuscule à la gloire du général Boulanger.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237773, notice MARCHET Pierre, Clément, Adrien par Guy Blondeau, version mise en ligne le 28 janvier 2021, dernière modification le 28 janvier 2021.

Par Guy Blondeau

Œuvres : Le Scandale électoral, par A. Marchet – 1863. — Lettres de Populus à Jacques Bonhomme, par A. Marchet - Imprimerie de E. Perreau - 1890 visible sur Gallica

SOURCES : rapports de police du Mans 1869/70/71 aux archives départementales de la Sarthe. — Le Courrier de la Sarthe, année 1869.

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