Par Armande Collin
Né le 20 juillet 1935 à Salaise-sur-Sanne (Isère) ; instituteur puis directeur d’école ; syndicaliste SNI puis SNUipp-FSU ; militant communiste ; conseiller municipal, maire adjoint (1971-1993) puis maire (1993-2005) de Salaise-sur-Sanne.
Joseph De Barros naquit né au cantonnement de la route de Sablons réservé aux ouvriers immigrés de l’usine textile Rhodiacéta (la Soie) et de l’usine chimique Rhône-Poulenc (la SCUR). Son père José Barros (1891-1958), originaire de la ville de Loulé, dans la province d’Algarve (Sud du Portugal), était arrivé à Salaise-sur-Sanne en 1928. Il travaillait à Rhodiacéta. Entre 1920 et 1950, Rhodiacéta et Rhône-Poulenc recrutaient leur main d’œuvre dans les départements voisins de l’Isère mais aussi en Espagne, au Portugal et en Algérie. Herminia De Barros (1900-1959), restée au Portugal avec leurs quatre enfants, vient rejoindre son mari en 1930. Hébergés au cantonnement, ils eurent quatre autres enfants, dont Joseph qui était l’avant dernier. À l’usine et aux cantonnements, les tensions entre les différentes nationalités et cultures étaient rares. Il y avait du travail pour tout le monde et le sport, avec l’éclosion d’excellents sportifs de toutes nationalités, cimentait en quelque sorte cette population hétéroclite.
Joseph de Barros avait douze ans en 1947, à l’école de Salaise-sur-Sanne, lorsque son nouveau maitre le présenta au concours des bourses d’entrée en 6e et le jeune Joseph entra au cours complémentaire du Péage-de-Roussillon (Isère). Il passa le brevet avec succès à la fin de la 4e. Ses enseignants l’incitèrent à devenir instituteur mais pour intégrer l’École normale (EN), il devait obtenir la nationalité française. En 1950, ses parents firent la demande de naturalisation de leurs trois enfants mineurs. C’est à cette occasion que le greffier entérina le nom de famille De Barros contre Barros auparavant. En 1951, il passa le concours d’entrée à l’École normale de Grenoble (Isère). Brillant à l’écrit mais timide, il échoua à l’oral et se retrouva inscrit sur une liste d’attente. Finalement, il se vit proposer de rejoindre l’École normale de Dijon (Côte-d’Or) où il resta jusqu’en 1955. En 1953 et 1954, il passa la 1e et 2e partie du baccalauréat. La quatrième année de l’EN était consacrée à la formation professionnelle, alternant cours et stages. Selon lui : « la qualité de la formation des maîtres faisait la renommée des écoles normales d’instituteurs ».
Il fit ses débuts d’instituteur à la rentrée 1955, en Côte-d’Or à Noiron-sous-Gevrey et en 1956, il adhéra au syndicat national des instituteurs (SNI) puis au syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs (SNUIPP). Il revint en Isère, cette fois à l’école Claude Ollier au Péage-de-Roussillon en 1957. Cette année-là, il épousa Rose.
En 1959, Joseph De Barros fut nommé directeur du groupe scolaire Joliot-Curie à Salaise-sur-Sanne. Il milita dès lors la fédération des œuvres laïques, notamment contre la loi Debré en faveur de l’École libre.
Il adhéra au PCF en 1962 en tant que militant de base, en réaction au massacre du métro Charonne le 8 février 1962.
Joseph De Barros resta un syndicaliste « de base » mais il participa activement aux travaux de l’Union cantonale des œuvres laïques (Ucol) qui avait l’avantage de regrouper les enseignants, les associations de parents d’élèves et les amis de l’école laïque. En 1963, il devint trésorier du centre de vacances Marchisio, géré par l’Ucol, section colonie de vacances. Il en resta trésorier jusqu’en 1978. En 1977, il fut nommé directeur de l’école Henri Wallon à Roussillon et endossa également le rôle de secrétaire général de l’Ucol.
Dès 1971, Laurent Bouvier, maire communiste de Salaise-sur-Sanne (1959-1977), fit entrer Joseph De Barros dans la vie municipale en tant que conseiller puis adjoint au maire. Devenu premier adjoint du maire communiste Joseph Plat, Joseph De Barros se consacra notamment au dossier de la gestion et de la distribution de l’eau. Le 1er janvier 1978 vit l’aboutissement de plusieurs mois de travail avec la création du Syndicat intercommunal de gestion de l’eau et de l’assainissement de Roussillon, Péage-de-Roussillon (SIGEARPE).
De 1977 à 1979 durant le long conflit social de Rhône Poulenc Textile – trois maires communistes des communes de Péage-de-Roussillon, Roussillon et Salaise-sur-Sanne ainsi que le maire de St Maurice-l’Exil, organisèrent ensemble un conseil municipal extraordinaire devant l’usine Rhône-Poulenc textile pour refuser sa fermeture. En 1977, Joseph De Barros, encore directeur du groupe scolaire Joliot Curie, permit, avec l’accord de Joseph Plat, maire de Salaise-sur-Sanne, aux ouvriers en grève de venir suivre des formations dans des salles du groupe scolaire.
En 1993, suite au décès subit de Joseph Plat, Joseph De Barros fut élu maire, réélu en 1995 et en 2001. Il devint aussi vice-président du district puis de la communauté de communes du Pays Roussillonnais, en charge de l’économie (ZIP Salaise-Sablons) jusqu’en 2005, date à laquelle il démissionna de son mandat de maire tout en restant conseiller municipal jusqu’en 2008.
En 1995 et jusqu’en 2015 il assura la fonction de délégué départemental de l’éducation nationale (DDEN) au sein de l’Union des DDEN du canton de Roussillon.
De 1999 à 2008 il fut président du syndicat intercommunal de l’école de musique et de danse de Roussillon regroupant les quatre communes de l’agglomération.
Après 2008, Joseph De Barros garda un pied dans l’action municipale de Salaise-sur-Sanne en tant que membre coopté dans deux commissions. Outre une vie associative riche, il assura, un travail de mémoire avec des élèves de l’agglomération Roussillonnaise sur le thème des cantonnements ou encore apporta une information sur les crues du Rhône au lycée professionnel (LEP) de la Cité scolaire de l’Édit à Roussillon.
Par Armande Collin
SOURCES : Archives personnelles de Joseph De Barros — Entretiens avec Joseph De Barros