PAQUET Daniel

Par Michel Gorand

Né le 29 août 1927 à Felletin (Creuse), mort le 30 septembre 2020 à Saint-Laurent-Nouan (Loir-et-Cher) ; résistant FTP, FFI (Indre)

Au milieu, Daniel Paquet avec un béret. Accompagné de quatre américains du commando "Patrick".

Fils de Joseph, Henri Paquet et de Marie Delave ; les parents de Daniel Paquet se rencontrèrent à la coopérative de taille des diamants de Felletin où ils travaillaient ; son père Joseph Paquet avait été secrétaire de la cellule communiste d’Aubusson (Creuse). Daniel Paquet obtint son certificat d’études, à Cressat (Creuse) à 12 ans, en 1939, année où la famille Paquet vint s’installer rue Grande à Argenton-sur-Creuse (Indre) ; Daniel participa aux scouts de France à Argenton-sur-Creuse.
À la suite d’un arrêté préfectoral du 24 septembre 1941, Joseph Paquet 48 ans, père de Daniel ainsi que René, 19 ans, frère de Daniel, soupçonnés d’avoir distribué des tracts communistes, furent arrêtés le 4 octobre 1941 par la gendarmerie française et enfermés au camp d’internement de Nexon (Haute-Vienne) ; suite à un accident cérébral, le père fut hospitalisé de janvier 1942 à mars 1944 ; le frère fut libéré en avril 1942 puis envoyé aux chantiers de jeunesse pour six mois. Daniel Paquet visita son père et son frère au camp de Nexon ce qui renforça sa détermination à s’engager dans la résistance. L’internement du père et du frère entraînèrent une situation difficile pour la famille Paquet et Daniel, 14 ans, pour aider sa mère, trouva un travail d’aide-bûcheron où il faisait aussi du charbon de bois ; quelques mois plus tard, il contracta un apprentissage de cinq ans de mécanicien dentiste à Argenton-sur-Creuse.
Fin 1941, Daniel Paquet eut plusieurs fois le contact, à Argenton-sur-Creuse, avec Roger Samson chargé de la mise en place de « l’Organisation spéciale » du PCF dans le département de l’Indre. Il n’avait pas 15 ans quand il entra en résistance en mai 1942 dans les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) : chargé de la distribution de tracts, de la recherche de nouveaux résistants, du recrutement pour le PC clandestin ; il aida aussi son frère René chargé d’un groupe de résistance, notamment des cheminots, à Argenton-sur-Creuse ; Daniel mit en place, courant 1943, un groupe de résistance à Saint-Gaultier (Indre). Son frère René dut entrer dans la clandestinité, en Creuse, le 20 octobre 1943 où il fut chargé de la propagande des FTP pour la Creuse et l’Indre. Fin octobre 1943 le groupe d’Argenton-sur-Creuse reçut une nouvelle recrue, Marcel Rabier, 34 ans, cheminot, prisonnier évadé, qui était artificier dans l’armée et qui a, sans doute, formé Daniel Paquet pour l’emploi des explosifs.
En février 1944 furent créées les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) qui regroupèrent l’ensemble des organisations de résistance dont les FTP ; ces derniers se structurèrent sur le plan départemental de l’Indre et Daniel Paquet fut responsable du groupe de Saint-Gaultier ; il fut aussi chargé de missions de transport de munitions, d’explosifs, de récupération de matériel, de réception de parachutages sous l’autorité de Roland Despains, responsable des FTP de l’Indre-Sud. Marcel Rabier, lui, devint le responsable des FTP d’Argenton-sur-Creuse. Daniel Paquet, à la tête de l’un des groupes de résistants, participa à l’attaque du train d’essence le 9 juin 1944 à Argenton-sur-Creuse (Indre), puis il fut chargé par Despains, en fin d’après-midi, de l’évacuation en direction de Cluis, d’une vingtaine de soldats allemands faits prisonniers ; il rencontra Albert Gouliard responsable du maquis AS (Armée secrète) de Cluis : les prisonniers furent mis en sûreté pour quelques semaines dans une ferme proche du hameau de Bonavois, en bordure de la commune de Cluis, avant leur transfert à Dampierre (Indre). Sur demande de Gouliard, Paquet fut mis à disposition du maquis de Cluis pour la formation des résistants à l’utilisation des explosifs et aux actions de sabotage de voies ferrées, de ponts routiers et de pylônes électriques.
Le 6 juillet, Daniel Paquet dut rejoindre l’État-major des FTP au maquis de Dampierre puis il fut rapidement affecté au maquis de Saint-Benoît-du-Sault (Indre) qui avait demandé l’envoi d’un artificier. Paquet organisa dès son arrivée un sabotage des deux voies de la ligne Paris-Toulouse, à proximité de la gare de Saint-Sébastien (Creuse) ; à la mi-juillet, des bruits circulaient d’opérations allemandes de répression, en Creuse, contre la résistance : Daniel Paquet fut chargé, par R.Despains d’une mission de renseignements en Creuse, où il se rendit à vélo, d’abord à Cressat chez des parents, puis il rencontra son frère René dans un maquis situé à proximité et qui le rassura. Après une réunion tenue à Prissac (Indre) le 10 juillet 1944 entre l’agent Mayer du SOE (Service secret britannique) et 3 responsables FTP dont Daniel Paquet, pour recenser les besoins, le maquis FTP de Saint-Benoît-du-Sault reçut de nombreux parachutages de matériel et de munitions. Henri Lathière (alias Tito), responsable du maquis de Saint-Benoît-du-Sault, ayant appris le déplacement, en camion, de la section des électriciens allemands du barrage d’Éguzon, pour une réparation de lignes électriques sabotées par la résistance, tendit une embuscade, le 3 août, au lieu-dit de la Croix-de-la-Jette, près de Bazaiges (Indre) : le maquisard Georges André fut tué ainsi que le chauffeur du camion, qui était français, et une trentaine de soldats allemands. Le 15 août 1944, le maquis de Saint-Benoît-du-Sault, dont Paquet, fut chargé de la sécurité et de la réception (à Mouhet, proche d’Éguzon) d’un groupe de 25 parachutistes des services spéciaux américains (OSS commando « Patrick ») pour s’emparer du barrage et de l’usine hydro-électrique d’Éguzon (Indre) : l’endroit était gardé par quelques 150 soldats allemands et par une compagnie du 1er Régiment de France commandée par le Capitaine Calvel ; Daniel Paquet fut chargé par Roland Despains de la liaison entre le commando américain du Lieutenant-Colonel Obolensky, et les FTP ; le 18 août au matin Lathière et Paquet rencontrèrent Calvel, vérifièrent sa neutralité et l’avertirent de l’attaque le lendemain matin ; le 18 août, peu avant minuit, les 6 groupes du maquis de Saint-Benoît–du-Sault, soit 160 maquisards et les 25 parachutistes américains étaient à proximité d’Éguzon ; après reconnaissance, maquis et parachutistes investirent, au petit matin, le village d’Éguzon, puis le barrage sans trouver de résistance : les Allemands avaient quitté les lieux dès le 18 au soir, s’étaient regroupés en contre-bas du barrage pour faire retraite en direction de l’Est par la route de La-Châtre, Montluçon et Dijon ; ils avaient obéi aux ordres donnés aux unités allemandes de se replier vers l’Est de la France, en anticipant leur départ de quelques heures ; Daniel Paquet accompagna le commando, dans ses sorties et lors des actions de fin août. Il participa, entre autres, à l’embuscade de Lureuil avec le commando « Patrick » dans la nuit du 28 au 29 août 1944. Le 29 août le commando reçut une nouvelle affectation l’amenant à rejoindre l’Angleterre.
Le 1er septembre 1944, Daniel Paquet fut convoqué à Argenton-sur-Creuse par François Lamousse (alias Roland 1) et Roland Despains (alias Roland 2), responsables FTP : ils lui apprirent qu’il était muté au 3e bataillon et chargé de commander la 2202e compagnie FTP laquelle comprenait 80 républicains espagnols ; il fut alors nommé Lieutenant et la compagnie fut cantonnée à Chabenet dans la tour Prunget ; puis ce fut, en septembre et octobre, la démobilisation ou l’affectation à une unité ; en septembre 1944, la Croix de Guerre 1939-1945 lui fut remise à Limoges : il avait 17 ans ; fin octobre, Paquet fut envoyé, par l’État-major FFI, en stage d’artificier très spécialisé à Paris. Au retour, Roland Despains lui proposa de rester dans l’armée, mais Daniel déclina l’offre et reprit son travail de mécanicien dentiste pour quelques mois.
Début 1945, Daniel Paquet signa cependant, à Châteauroux, un engagement « pour la durée de la guerre », et fut affecté au 11e régiment de chasseurs motorisés (RCM) composante de la 3e Division blindée (DB) ; ancien maquisard, il ne fit pas état de son grade d’assimilation (Aspirant) et s’engagea comme 2e classe ; il avait déclaré qu’il était mécanicien dentiste : il fut affecté au peloton de dépannage du 4e escadron ; quelques mois plus tard, le 11e RCM fut envoyé en occupation en Allemagne : les 4ème et 6ème escadron furent installés dans le village de Kröv (Rhénanie-Palatinat), village viticole situé dans une boucle de la Moselle. A défaut de s’engager pour l’Indochine, il fut démobilisé en février 1946.

Rendu à la vie civile, Daniel Paquet ne retrouva pas son emploi de prothésiste à Argenton-sur-Creuse. Il se maria en 1947 avec Odette Lescamp ; le couple s’installa en 1949 en région parisienne, à Villejuif (Val-de-Marne) puis à Paris 13e en 1951 ; à cette époque il était difficile de se loger en région parisienne et Daniel Paquet adhéra à la fédération des « Castors » pour construire, dans les années 1950, sa propre maison, mais aussi pour participer au travail collectif de construction des maisons des autres adhérents.
Dès son arrivée en région parisienne, il fut embauché chez Citroën à la chaîne de fabrication puis il suivit, pendant six mois, une formation de régleur sur machines automatiques. Quelques années plus tard il travailla chez Peugeot et il suivit des cours du soir de gestion au CNAM qui lui permit une évolution dans un nouvel emploi auprès du comité d’entreprise ; il devint plus tard Directeur d’exploitation d’une chaîne de restauration.
Marié avec Odette Lescamp, ils eurent cinq enfants. En 1984, le couple Paquet prit sa retraite à Villeneuve-de-la-Raho dans les Pyrénées-Orientales.
Daniel Paquet fut fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 7 mai 2015 à Perpignan. Il obtint aussi la Croix de Guerre 1939-1945, la Carte de Combattant Volontaire de la Résistance et la Carte de Combattant.
En 2017 Daniel Paquet et son épouse furent installés dans un EHPAD proche de Blois : Odette décéda en 2018 et Daniel le 30 septembre 2020.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237936, notice PAQUET Daniel par Michel Gorand, version mise en ligne le 2 février 2021, dernière modification le 24 septembre 2021.

Par Michel Gorand

Au milieu, Daniel Paquet avec un béret. Accompagné de quatre américains du commando "Patrick".

OEUVRE : Daniel Paquet, Ma Résistance, Éguzon, 2016, 215 p.

SOURCES : Acte de décès (INSEE) ; homologué FFI n° 457134. — Jean Paul Gires, Le Commando OSS américain du Prince Obolensky et la Résistance en Berry, Alice Lyner 2020. — Correspondances 2020 avec Jean-Paul Gires (dont lettre de novembre 2012 de D. Paquet) . — Argenton et son histoire, n° 7-Nov 2020.

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