ROCA Edmond, Marius (dit parfois ROCCA). Pseudonyme à Moscou : AULOIN Edmond

Par Jean Sagnes, Claude Pennetier

Né le 11 novembre 1903 à Thézan-lès-Béziers (Hérault), mort à Nîmes (Gard) le 2 août 1976 ; ouvrier agricole et viticulteur ; militant syndicaliste ; militant communiste.

Edmond Roca était le fils d’ouvriers agricoles, son grand-père paternel et son père étaient des Espagnols réfugiés en France et lui-même lisait l’espagnol. Après l’échec d’une grève d’ouvriers agricoles en 1912 ses parents durent quitter Thézan pour Capestang et devinrent petits paysans viticulteurs (récoltant de 200 à 250 hl de vin). Edmond Roca ne fréquenta l’école primaire que jusqu’à douze ans et la quitta sans le certificat d’études primaires, il considérait d’ailleurs son instruction générale comme « au-dessous de la moyenne » dans un questionnaire d’octobre 1931 établi pour l’École léniniste internationale. Il commença à travailler en avril-mai 1916. Il effectua son service militaire de novembre 1923 à avril 1925 et c’est à cette occasion que, lisant l’Humanité, il constata « son intéressement de la vie du soldat » et il continua à la lire à son retour. Après avoir participé en 1926 à une grève d’ouvriers agricoles, il connut la répression patronale et c’est alors qu’il se rendit compte que « seul le PC s’occupait des intérêts ouvriers » et il demanda son adhésion lors d’une campagne électorale. Recommandé par Émile Corbière, il adhéra en février 1928 à la cellule de Capestang.
Edmond Roca fut chargé par le comité régional de la propagande parmi les ouvriers agricoles et les paysans. Il adhérait au syndicat unitaire des ouvriers agricoles en 1926, était membre du bureau du syndicat des ouvriers agricoles de Capstang et membre de la commission exécutive de la Xe Union régionale de la CGTU. Il fut délégué en 1929 au congrès de Saint-Denis du PC et suivit en juin 1930 une école régionale du parti à Alès. Il créa également une Union fraternelle contre la guerre et une section en langue espagnole. Membre de la commission exécutive de l’Union régionale unitaire, dont Charles Bourneton* était secrétaire, il était membre du bureau de la région Languedoc du Parti communiste. Il avait créé par ailleurs une société sportive ouvrière adhérente à la FST, militait au SRI et au Comité de défense de l’Humanité. Le 22 juin 1930, alors qu’il était chômeur, à la suite d’une contre-manifestation (« squelettique » précisait-il) organisée en opposition aux propriétaires terriens de la CGV qui manifestaient contre la baisse des cours du vin, il fut arrêté et condamné à deux mois de prison qu’il effectua avec Firmin Pélissier, Joseph Lazare et Maury. Puni par l’administration pénitentiaire pour son travail insuffisant, il fut finalement libéré le 23 août.
Il fut alors envoyé en URSS où il fut élevé sous le nom d’Edmond Auloin à l’École léniniste internationale d’octobre 1931 à octobre 1933.
Raoul Calas, le secrétaire régional du Parti notait à son sujet avant son départ : « Militant actif et intelligent qui avec une éducation théorique plus complète peut rendre de grands services. Emprisonné, il a fait preuve de fermeté révolutionnaire. D’accord avec la politique du Parti. Remplit bien ses fonctions. Possède des qualités d’agitateur.
Il appartenait au deuxième contingent pour l’École léniniste internationale d’un an, fort de vingt-deux militants. Voici la liste avec les commentaires du Komintern après l’école sur leur destination : Holmières René, base, Région Pyrénées ; Dourdin Gaston, base, région Paris-Nord ; Zellner Émile, secrétaire du sous-rayon de Vitry ; Billat Paul, secrétaire de la région des Alpes ; Monceaux Edgard, (secrétaire du sous-rayon d’Ivry, barré), base ; Moine André, membre du bureau régional, région des Pyrénées ; Herbs Michel, responsable du travail syndical de la région troyenne ; Martinan, membre du secrétariat de la région Est ; Jolly Robert, base ; Gillot Auguste, région Paris-Sud (erreur, en fait Paris-Nord) ; Furmeyer, base, région Alsace-Lorraine ; Galatry Émile, secrétariat région Nord-Est ; Capitaine Thérèse, secrétariat rayon de Boulogne ; Desrumeaux Martha, instructeur du CC ; Havez Auguste, mairie de Vitry, agit-prop région Paris-Sud ; Boualem, section coloniale ; Bouchafa Salah, section coloniale, 20e UR ; Albert, nègre ; Dalmas Albert, base, région Paris-Ville, renvoyé de l’École ; Paumard Jean, base région Paris-Ouest, renvoyé de l’École ; Ignacy Jany, pol. bord (illisible) ; Kuhn Guillaume, secrétariat SRI Alsace-Lorraine.
À son retour d’URSS, Edmond Roca milita de nouveau à la cellule de Capestang puis vint, en décembre 1933, à Alès (Gard) comme secrétaire du rayon jusqu’au 15 août 1934. De cette date à avril 1935, de nouveau à Capestang, il devint secrétaire de la nouvelle région Aude-Hérault-Gard et membre de la commission administrative de l’Union départementale CGTU dont il fut l’un des délégués au 8e congrès confédéral d’Issy-les-Moulineaux en septembre 1935. En octobre 1934 il fut candidat aux élections cantonales à Capestang et tête de liste aux municipales l’année suivante dans cette ville. Mais on lui reprocha son manque d’activité et ses faiblesses, il fit une déclaration écrite « au Centre » à ce sujet et fut « relevé de ses fonctions » selon une note de la commission des cadres. Affecté à la cellule de la chaussure à Nîmes, il fut désigné comme membre du comité régional et du bureau de la région Gard-Lozère en décembre 1936. Il fut délégué aux congrès nationaux de Villeurbanne et Arles. Membre du syndicat des ouvriers agricoles d’Uchaud il devint secrétaire général de l’UD-CGT du Gard.
Il avait épousé en 1936 Gilberte Cau, fille d’ouvriers agricoles, membre du parti communiste, qui avait travaillé dans des comités de femmes et était sténo-dactylo à l’UD-CGT. Elle fut députée du Gard de 1946 à 1958.
Mobilisé en 1939, fait prisonnier en 1940, il ne revint qu’en 1945. À son retour et jusqu’en 1961, il fut à nouveau secrétaire de l’UD du Gard. Il siégeait au bureau fédéral communiste en 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23795, notice ROCA Edmond, Marius (dit parfois ROCCA). Pseudonyme à Moscou : AULOIN Edmond par Jean Sagnes, Claude Pennetier, version mise en ligne le 29 novembre 2008, dernière modification le 24 janvier 2022.

Par Jean Sagnes, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13025.— Le Travailleur du Languedoc, 1930-1935. — Entretien avec Edmond Roca. — BMP, microfilm n° 453. — Archives du Komintern, RGASPI, Moscou (notes de Claude Pennetier), 495 270 755 : 1931, Autobiographie (novembre), Documents, questionnaires sur séjour à l’ÉLI. 1938 : Autobiographie ; 517 1 998, 517 1 1111 (notes de Sylvain Boulouque).

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