GENSOUS Pierre

Par Michel Dreyfus, Claude Pennetier

Né le 25 juillet 1925 à Mont-de-Marsan (Landes), mort le 2 décembre 2017 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) ; tourneur sur métaux ; syndicaliste de la CGT ; secrétaire de l’Union départementale CGT des Hautes-Pyrénées ; responsable de la Fédération CGT des Métaux ; secrétaire général adjoint puis secrétaire général de la Fédération syndicale mondiale [FSM] (1969-1978) , membre du bureau confédéral de 1978 à 1989 (secrétaire chargé des relations internationales) ; élu au comité central du PCF (1970-1979).

Né à Mont-de-Marsan d’une famille dont les origines landaises remontent au XVIIIe siècle, Pierre Gensous eut des parents militants communistes : son père était cheminot SNCF et sa mère fonctionnaire comme inspectrice à la trésorerie général de Tarbes (Hautes-Pyrénées). Elle fut maire adjoint communiste de cette ville.

Tôt installé à Tarbes, passionné de rugby, il obtint le CEP, fréquenta trois ans l’École nationale professionnelle (ENP) de Tarbes ; puis travailla en 1941 chez Hispano-Suiza comme ajusteur, puis au Dépôt de la SNCF à Tarbes. Durant la Seconde Guerre mondiale, Pierre Gensous, participa à des actions de sabotage de la production, fut en contact avec un groupe clandestin, puis rejoignit un maquis du Corps franc Pommiès (CPF) le jour du débarquement. Il le quitta à Besançon après avoir participé aux combats de libération d’Arnay-le-Duc et Autun.

Revenu à Tarbes, il entra comme traceur à la Société de Matériel de Forage (SMF) et adhéra à la CGT comme à la Jeunesse communiste clandestine. Il militait avec Jean Loublié qui mourut dans un bombardement. Le secrétariat du PCF, réuni le 30 août 1948, approuva son envoi à une école centrale de la jeunesse.

Il devint délégué CGT, diffuseur de La Vie ouvrière, collecteur de timbres puis secrétaire de son syndicat. C’est alors qu’il fut licencié en 1953 de la SMF à la suite d’une grève dure. Toute la direction CGT de l’entreprise fut décapitée. Au chômage pendant plusieurs mois, il se consacra à l’Union départementale CGT des Hautes-Pyrénées dont il devint secrétaire. Il fut aussi secrétaire régional des Métaux. Membre de la commission exécutive de la Fédération CGT des métaux, il fut appelé à Paris comme permanent. Il s’orienta peu après vers l’activité internationale et fut bientôt un des secrétaires de l’Union internationale des syndicats de la Métallurgie avant de devenir, à Prague, secrétaire général adjoint, puis secrétaire général de la Fédération syndicale mondiale (FSM) où il succéda à Louis Saillant. Il dira : « J’étais parti pour trois ans, j’y suis resté quinze ans » Il fit notamment de nombreux voyages pour la FSM, devenant ainsi le « globe-trotter de la CGT ».
Il était en vacances quand il apprit l’intervention de l’Armée rouge en Tchécoslovaquie :
« Cela m’est tombé sur la tête. Quand j’ai entendu les positions de la CGT et du parti qui se distinguaient, se distançaient de cette intervention, j’étais soulagé ». Revenu à Prague, secrétaire général adjoint de la FSM, il fit adopter un communiqué qui se refusait à l’approbation de l’intervention au grand mécontentement des soviétiques. Il dira : "J’ai passé une des périodes les plus difficiles de ma vie ».
Toutefois, à partir de 1978, la CGT prit quelque distance envers la FSM, que la CGIL italienne avait quittée en mars 1975. Pendant la phase de « l’eurocommunisme », la CGT avait tenté de faire évoluer la FSM en faisant une organisation moins dépendante des partis communistes au pouvoir.
Cette situation ne fut pas sans conséquences sur l’activité de Pierre Gensous. Il quitta alors le siège de la FSM qui était à Prague et revint en France en 1978, siégea au bureau confédéral jusqu’en 1989 et suivit pour la CGT les relations avec les pays socialistes, notamment l’Allemagne de l’Est ainsi qu’avec le Tiers Monde et les mouvements de libération en Amérique latine. Depuis 1975, la CGT avait mis en place un Centre d’étude de recherche et de coopération internationale (CERCI). Pierre Gensous en fut le responsable avant d’en devenir le président lorsqu’il quitta le bureau confédéral ; le CERCI fut alors rebaptisé Institut Louis Saillant. Cet institut était chargé de la formation syndicale et d’études pour les pays francophones d’Afrique ainsi que les pays en voie de développement. Il travaillait en étroite coopération avec la FSM qui subventionna ses activités jusqu’à la fin de la décennie 1980.

Pierre Gensous siégea au comité central du PCF, d’abord comme suppléant en 1970, ensuite comme titulaire de 1972 à 1979. En mars de cette année, il avait critiqué, devant le comité central, les manœuvres et les méthodes des soviétiques au sein de la FSM (Robrieux, t. 3, p. 266). Il fut présent à Kaboul du 20 au 25 janvier 1980 à la tête d’une délégation comprenant pour la France Joseph Jacquet et Jean-Claude Laroze. Le début des années 80 fut marqué par un réinvestissement de la CGT dans la FSM, Henri Krasucki acceptant même la fonction de vice-président en 1986.

La CGT quitta la FSM en 1995. À l’occasion de son décès la FSM salua cependant "un syndicaliste qui luttait pour l’unité de la classe ouvrière internationale contre l’impérialisme et la barbarie capitaliste".

Pierre Gensous s’était marié à Paris avec une Tchècoslovaque connue à Prague. Il avait deux enfants d’une précédente union.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23797, notice GENSOUS Pierre par Michel Dreyfus, Claude Pennetier, version mise en ligne le 29 novembre 2008, dernière modification le 4 février 2020.

Par Michel Dreyfus, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Fonds Pierre Gensous, Arch. IHS CGT, 452 CFD. — Dominique Andolfatto, La syndicalisation en France depuis 1945. Le personnel dirigeant de la CGT, CERAT, 1996. — Dominique Andolfatto, Dominique Labbé, La CGT. Organisation et audience depuis 1945, La Découverte, 1997. — Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, Fayard, 1980-1984, tomes 3 (index de la 2e édition) et 4. — Jean Sagnes, Histoire du syndicalisme dans le monde des origines à nos jours, Privat, 1994. — Thèse de Tania Regin. — Entretien téléphonique avec Pierre Gensous, novembre 2008, échanges écrits. — Le Monde, 12 décembre 2017, article de Michel Noblecourt.

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