MUNIER Georges, François

Par Daniel Grason

Né le 11 novembre 1897 à Paris (XXe arr.), mort le 7 novembre 1944 à Ellrich (Allemagne) ; chef d’équipe ; communiste ; résistant ; déporté.

Georges Munier
Georges Munier

Fils de Jean-Baptiste et de Joséphine Louise Lemelle dite « Charlotte », il naquit à Paris au domicile familial rue Victor-Letalle dans le quartier de Ménilmontant (XXe arr.). Son père Jean-Baptiste, âgé de vingt-huit ans était mécanicien et sa mère Louise Alphonsine Lemelle, était âgé de vingt-quatre ans et était lingère. Il épousa le 3 juin 1939 Marguerite Jeanne Paredis en mairie d’Asnières (Seine, Hauts-de-Seine).
Le couple Munier vivait avec leur fils âgé de quinze ans dans une maison en bois, au 40 rue Henri Poincaré à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine). Chef d’équipe à l’usine T.E.M. au 4 quai de Seine à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis), il était payé 1200 francs par quinzaine. À la suite de la chute de Faterman, il a été interpellé le 11 septembre 1942 à 15 heures par deux inspecteurs des Renseignements généraux sur son lieu de travail. Fouillé, il portait outre ses papiers d’identité des tracts édités par le Parti communiste : un tract intitulé « Camp de Choisel mercredi 22-10-1941 », trois exemplaires ronéotypés de La Vie Ouvrière n° 99 du 8 août 1942, quatre exemplaires d’un tract ronéotypé intitulé « Contre les tortionnaires de femmes et d’enfants ».
Emmené dans les locaux du commissariat de police des Quinze Vingt dans le XIIe arrondissement, il a été fouillé une seconde fois sans résultat. Interrogé, il déclara être membre du Parti communiste depuis 1937. Il avait été sollicité par Camille Ronce ex. adjoint de Jean Grandel, maire de Gennevilliers pour reprendre de l’activité. Il savait que Camille Ronce avait été interpellé.
Il accepta de reprendre de l’activité, il devait être rétribué 2 500 à 3 000 francs par mois, mais affirma aux policiers « Je n’ai jamais rien touché ». Il était allé en vélo prendre la machine au pont de Saint-Cloud, un couple arriva en tandem et lui donna la ronéo soigneusement empaquetée.
Début janvier 1942, Camille Ronce lui présenta devant la mairie de Clichy-la-Garenne ̏Frisé˝ pseudonyme de Faterman. Ce dernier apporta à plusieurs reprises dans sa remorque des ramettes de papier et des tubes d’encre. Malade plusieurs semaines durant l’hiver, Faterman tira les tracts à son domicile. Georges Munier précisa qu’après le tirage Faterman « triait, emballait, étiquetait et portait » les paquets. Au cours du mois de mai 1942, il lui présenta un homme : « âgé de 26-27 ans, 1,70 m, forte corpulence, brun, sans lunettes, avec un vélo violet, guidon Trial, porte bagages avant, parfois en costume bleu marine, parfois marron, parfois en blouson à fermeture éclair, casquette grise ». Le rendez-vous eut lieu à l’angle de la rue du Ménil à Asnières.
Dorénavant Georges Munier éditait les tracts, portait les paquets et les remettait au cycliste, soit rue des Bas, soit rue du Ménil derrière le cimetière d’Asnières. Faterman lui présenta le responsable technique. Georges Munier se souvenait « d’un homme paraissant 1,65 m, mince, 35 ans, châtain foncé, yeux rouges comme souffrant de conjonctivite, vêtu en marron, venu en cycle gris, routier, guidon Trial. » Il le rencontra une seconde fois, trois jours plus tard « à Courbevoie ou Levallois, près de l’usine à gaz. »
Il accompagna une fois Maurice Faterman à Courbevoie ou Puteaux, chercher des ramettes de papier blanc dans un dépôt. Le 12 septembre des policiers perquisitionnèrent son domicile, une maison en bois de deux pièces qui était située au 40 rue Henri Poincaré à Asnières. Ils saisissaient : 300 exemplaires de La Vie ouvrière du 5 septembre 1942, 250 tracts intitulés « Contre les tortionnaires de femmes et d’enfants », 750 exemplaires titrés « Pensez à nous », 7 brochures où il était rendu hommage à Gabriel Péri, 25 « Manuel du Légionnaire » et 5 autres titrés Le vol de l’Aigle (Mémoires de Napoléon), une brochure qui en réalité était un numéro des Cahiers du Bolchevisme, ainsi qu’une ronéo à main de marque Gestetner.
Le 19 septembre, huit jours après son interpellation il a été à nouveau interrogé. Les policiers voulaient savoir s’il avait été en relation avec d’autres militants. Il leur rappela qu’il n’avait jamais été rétribué pour son travail « du fait probablement des nombreux changements de responsables qui ont eu lieu depuis l’hiver dernier. »
Deuxième question des policiers pourquoi avait-il sur lui des tracts qui dataient. L’un lui avait été donné par Marcel Couvri interné à Voves, et ceux qui étaient sous enveloppes dans la poche de son veston étaient destinés à Le Pen. Quant aux autres tracts, des reliquats de plusieurs tirages quand il avait été malade et que Faterman était venu éditer les tracts.
Aux termes de l’enquête policière, Georges Munier a été inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Il comparut le 5 juin 1943 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris. Le Tribunal le considéra comme un « Militant appointé de l’organisation communiste chargé plus particulièrement de la confection des tracts à la machine à ronéotyper pour la Seine-et-Marne. Hébergeait le nommé Villain Maurice. Était porteur de tracts et à son domicile il a été découvert une ronéo à main, 1 300 tracts et des brochures. (Affaire Faterman). » Il a été condamné à trois ans de prison et 1 200 francs d’amende.
Emprisonné, le 12 mai 1944, il était dans le convoi de 2073 hommes à destination de Buchenwald en Allemagne. Envoyé à Dora, les détenus étaient astreints à des travaux de terrassement. Entre mai et septembre 1944, des milliers de détenus dont Georges Munier, travaillèrent sur des chantiers à Ellrich : travaux de génie civil en surface ou à creuser des galeries souterraines. Matricule 51611, il y mourut le 7 novembre 1944 probablement d’épuisement.
Georges Munier a été homologué à titre posthume au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article238082, notice MUNIER Georges, François par Daniel Grason, version mise en ligne le 6 février 2021, dernière modification le 17 février 2021.

Par Daniel Grason

Georges Munier
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SOURCES : Arch. PPo. 77 W 1778-112614 (dossier Faterman, BA 2056. – Bureau Résistance GR 16 P 437501. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil numérisé V4E 10729 acte n° 4470.

Photographie : Arch. PPo. GB 162 (D.R.)

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