LOURTADON [Ariège]

Par André Balent

Militant ou sympathisant anarchiste du Couserans (Ariège), a survécu à la tuerie de la Casace (commune de la Castelnau-Durban, Ariège) le 15 juillet 1944 par des guérilleros de l’Agrupación de guerrilleros españoles (AGE) ; sans doute militant ou sympathisant anarchiste

Le patronyme de « Lourtadon » n’est pas référencé parmi ceux recencés en France par l’INSEE. Il est possible qu’il s’agisse d’une mauvaise transcription de « Courtadon », nom issu d’Auvergne.
On sait peu de choses de lui. Il était âgé de cinquante-cinq ans environ. Sans doute d’origine française — mais peut-être de nationalité espagnole, descendant des migrants du Massif Central vers la péninsule ibérique du XVIe jusqu’au XIXe siècles — et ami de la famille Roy, réfugiée de la Retirada de 1939. Il était sans doute aussi sympathisant des idées libertaires et /ou affilié à une organisation anarchiste clandestine, Lourtadon (Courtadon ?) faisait partie des invités à la maison « Estaque » du hameau de la Casace (commune de Castelnau-Durban) où résidait la famille Roy depuis au moins 1943 (Voir Tomàs i Pérez Palmira. D’après la personne témoin du massacre qui résidait sans la maison voisine de celle de la famille Roy et qui le connaissait bien, Lourtadon habitait alors à Castelnau-Durban.
Le 15 juillet 1944 une fête était organisée au domicile familial de la Casace pour célébrer la naissance, le 8 juillet, de la deuxième fille de Ricardo Roy et Palmira Tomàs, Isabelle. Étaient présents : l’épouse, la mère et les deux filles de Roy ainsi que des amis de la famille. Ricardo Roy qui s’était peut-être attardé au travail, n’était pas encore rentré lorsque fut perpétré le massacre au cours duquel périrent quatre membres de la famille et deux de ses amis.
En début de soirée des communistes espagnols armés demandèrent à entrer dans la maison. Ils furent invités à participer aux réjouissances. Ils purent certes constater l’absence de Ricardo Roy qu’ils venaient « liquider » car considéré comme un « traitre » pour son refus d’intégrer les organisations de résistance de la mouvance communiste. Pourquoi décidèrent-ils d’exercer leur vengeance sur la famille et les amis de Ricardo Roy ? Vers 22 heures et demie, après avoir éteint brusquement la lumière, ils tirèrent à l’aveuglette dans la pièce des rafales d’armes automatiques. Ils mirent ensuite le feu à la maison.
La réalité du massacre a été établie par divers témoignages, dont celui d’une voisine, recueilli dans les années 2010 par Ángel Carballeira. Elle est confirmée par le jugement dur tibunal civil de Foix du 9 septembre 1954 concernant Evaristo Soler Crivellé.
Lourtadon fut l’un des hommes deux présents ans la pièce où eut lieu le mitraillage qui échappa à la mort et réussit à s’enfuir par une fenêtre restée ouverte par une belle soirée d’été. Si Garcia parvint sur le toit, Lourtadon se réfugia dans la maison voisine où avait lieu une veillée funèbre. Les tueurs qui le poursuivaient hésitèrent à entrer dans une maison habitée dar des Français accompagnés par des personnes qui veillaient une défunte. Lourtadon a pu raconter ce qui s’était passé ce soir-là à la maison Estrade de la Casace. Mais il quitta les lieux pour ne plus y revenir, craignant sans doute un retour des auteurs de la tuerie.

Voir Castelnau-Durban (Ariège), La Casace [Casasse], massacre d’Espagnols adultes de la mouvance anarchiste et d’enfants par des « guérilleros » (15 juillet 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article238113, notice LOURTADON [Ariège] par André Balent, version mise en ligne le 7 février 2021, dernière modification le 7 mai 2022.

Par André Balent

SOURCES : Ángel Carballeira, « La tuerie de Lacazace en juillet 1944 », Les cahiers du CTDEE, Centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol, 14, décembre 2020, p. 25-39. — Divers auteurs, Une histoire d’imposture, les habits neufs du stalinisme, s. l., Recherche et documentation d’Histoire contemporaine, 2012, 319 p. [Annexe 2 : « Précisions sur la tuerie du 15 juillet 1944 à Castelnau-Durban », p. 247-248].

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