FISCHER Paulette [née AMOUDRUZ Paulette]

Par Françoise Olivier-Utard

Née le 18 mars 1922 à Albertville (Savoie), morte le 25 juin 1991 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; professeure à Strasbourg ; militante communiste, membre du bureau fédéral (1948) et du comité fédéral (1949-1970) du PCF du Bas-Rhin, membre du Secours populaire et du Mouvement de la paix.

Espace Paulette Fischer
Espace Paulette Fischer

Le père de Paulette Fischer, Pierre Amoudruz, était directeur départemental des contributions directes et du cadastre ; sa mère, Élise née Thonon, était professeure. La famille, catholique d’origine, était patriote, laïque et républicaine. Paulette Amoudruz était la deuxième de trois enfants. Sa sœur aînée Madeleine (voir Madeleine Rebérioux*) et elle ne fréquentèrent jamais l’école primaire, leur mère ayant demandé dix ans de congé pour leur donner elle-même les bases de l’instruction. Paulette entra en 6e à Lyon (Rhône), puis suivit ses parents à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en 1934. Très bonne élève, elle passa les deux bacs en 1940 et s’inscrivit en philosophie, obtint une licence et un diplôme d’études supérieures, à la faculté de Clermont-Ferrand. L’université de Strasbourg venait d’y être repliée, et c’est ainsi qu’elle rencontra Serge Fischer*, bibliothécaire, qui la fit adhérer au PCF en septembre 1941 et qu’elle épousa le 19 avril 1943. Résistant, pourvoyeur de faux papiers, responsable du Front national, il fut dénoncé, arrêté le 4 novembre 1943 et déporté à Buckenwald. Son frère François fut arrêté dans un rafle à l’Université de Clermont-Ferrand le 23 novembre 1943 et, bine qu’il ne soit par résistant, la police allemande le garda et parla de le libérer si Paulette se livrait. Il fut également déporté comme otage à Buckenwald.

Responsable de la cellule des étudiants communistes sous les pseudonymes de Juliette puis d’Irène, de novembre 1941 à novembre 1943, Paulette Fischer fut, à partir d’avril 1943, membre du triangle de la direction de la Jeunesse communiste. Recherchée elle-même, Paulette Fischer entra en novembre 1943 dans la clandestinité et se cacha près d’Issoire (Puy-de-Dôme), chez des paysans, puis, après l’arrestation de son frère, François, lors de la rafle de l’université du 25 novembre 1943, elle gagna Lyon où il était plus facile de passer inaperçue. Elle devint responsable du Front uni de la Jeunesse patriotique à Lyon puis à Toulouse. Faute de contacts, après le débarquement de Normandie, elle repartit pour Paris où elle participa aux luttes pour la libération et fut la déléguée du FUJP au Comité local de Libération du XVIe arrondissement et participa à la commission d’épuration. Elle retourna en Auvergne en octobre 1944.

Serge Fischer rentra de Buchenwald à bout de forces le 11 avril 1945, mais fit la rentrée universitaire à Strasbourg. Professeure de philosophie, Paulette Fischer enseigna au collège moderne de Jeunes filles – devenu par la suite lycée Marie-Curie – jusqu’à sa retraite en 1984. Elle fut décorée des Palmes académiques.

Paulette Fischer entreprit en 1946 de remettre sur pied les cours de l’Université nouvelle qu’elle avait déjà organisés à Clermont-Ferrand en 1944-1945 et qu’elle allait assurer pendant des années. Son charisme pédagogique marqua, selon leurs témoignages unanimes, les militants ouvriers qui découvraient la philosophie. Elle s’occupa aussi du Secours populaire dès 1945 comme secrétaire du comité local puis à partir de 1948 comme secrétaire départementale, ainsi que du Mouvement de la paix (elle était en 1947 présidente des Amis de la paix de Strasbourg). Elle était aussi membre du bureau départemental de l’Union des femmes françaises jusqu’au milieu des années 1960. Le 4 décembre 1947, elle fut convoquée avec Suzanne Fath par la police pour expliquer l’origine des tracts de l’UFF distribués au marché. Elle fut élue au bureau fédéral du Bas-Rhin en 1948, puis au comité fédéral de 1949 à 1976, en tant que représentante de l’Université nouvelle et chargée de la culture populaire. Elle occupa ces fonctions en dépit de tous les remaniements du comité, traversant toutes les crises. Pour ceux qui l’ont connue, elle incarnait l’image du militant indéfectiblement fidèle à la Révolution d’Octobre et à la ligne du parti. En parallèle elle militait dans un groupement, Union des arts populaires.

Elle avait été candidate aux élections municipales de Strasbourg en 1953, en 19e position, mais il n’y eut que cinq élus sur la liste communiste. Elle fut candidate aux élections suivantes jusqu’en 1965. Elle fut aussi régulièrement candidate aux élections cantonales dans le 4eme canton de Strasbourg jusque dans les années 1970.

Paulette Fischer mourut à soixante-neuf ans, affaiblie par une très longue maladie et très marquée par la disparition de Serge, son mari. Lors de ses obsèques, le 2 juillet 1991, furent diffusés les enregistrements musicaux qu’elle avait choisis : chant de la révolution russe de 1905 (« Vous êtes tombés en martyrs dans la lutte finale »), Le Chant des Marais (dans le texte allemand), la Marseillaise, l’Internationale, le Chant des Forêts, oratorio de Chostakovitch (« Promenade dans les forêts de l’avenir »).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23814, notice FISCHER Paulette [née AMOUDRUZ Paulette] par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 2 décembre 2008, dernière modification le 9 septembre 2012.

Par Françoise Olivier-Utard

Espace Paulette Fischer
Espace Paulette Fischer

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 544 D 40, 41. — Arch. comité national du PCF. — L’Humanité d’Alsace et de Lorraine, 5 décembre 1947, 18 avril 1953. — Entretien avec son frère François Amoudruz, le 1er octobre 1998. — Notes de J. Girault.

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