FERRÉ Lucienne, née PROUX

Par Jean-Pierre Besse

Née le 31 octobre 1922 à Ville-d’Avray (Seine, Hauts-de-Seine), morte en déportation le 5 mars 1943 à Auschwitz ; coiffeuse ; militante de l’UJFF ; résistante dans la région bordelaise.

Fille d’un cheminot qui fut communiste, Lucienne Ferré passa sa jeunesse à Rochefort (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) et obtint son certificat d’études primaires avant d’apprendre le métier de coiffeuse.

Lucienne Proux se maria jeune. En 1942, son époux, Ferré, était prisonnier de guerre. Lucienne Ferré milita avant-guerre à l’Union des jeunes filles de France. Elle fut recrutée par Renée Michaux malgré les réticences de Gilberte Tamisé qui la trouvait « jeune et peu solide ».

Lucienne Ferré devint, sous le pseudonyme d’Annie, responsable des comités féminins dans la région bordelaise. Elle fut arrêtée le 25 juillet 1942 à Bordeaux en même temps qu’André Arlas avec qui elle vivait rue de Venise à Bordeaux chez les époux Lapeyrade. Elle avait rencontré la veille Pierre Giret qui devait livrer aux Allemands toute la direction de l’interrégion.

Transférée du Fort du Hâ à Romainville le 14 octobre 1942, elle fut déportée le 24 janvier 1943 vers Auschwitz.

Lucienne Ferré est souvent accusée d’avoir parlé sans qu’un document de police le confirme en l’étt des connaissances. Elle aurait, selon Charlotte Delbo, déclaré avant de mourir : « Moi je n’ai que ce que je mérite. »

Dans les papiers saisis sur Pierre Brossard, il y a un document qui contient le texte suivant : « Lucienne Ferré Proust dite Annie est au fort de Romainville, 17 décembre 1942. Elle a en effet donné les époux Giret car elle ignorait certainement qu’ils étaient des flics. Ils furent arrêtés pour la frime puis relâchés. La camarade Valsa qui les hébergeait fut elle internée pour de bon. " Signé Gabriel". La dénoncer à Romainville et faire mettre à l’index. » Ce qui fut le cas, mais rien ne prouve sa responsabilité.

Ces informations sont à resituer dans le contexte de l’époque : les manipulations toujours possibles des forces de répression et les craintes du Parti communiste de voir ses forces décimées par la trahison.

Son mari, prisonnier de guerre, fut après sa libération résistant FTP. Il fut arrêté et déporté. Il mourut en 2000.

Reconnue comme Déportée internée de la Résistance (DIR), Lucienne Ferré obtint la médaille de la Résistance à titre posthume par décret du 18 mars 1970, publié au Journal officiel le 12 mai 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23838, notice FERRÉ Lucienne, née PROUX par Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 7 décembre 2008, dernière modification le 17 mai 2022.

Par Jean-Pierre Besse

SOURCES : Mémoire des hommes, base des médaillés de la Résistance. — Arch. PPo, carton 3, activités communistes pendant l’Occupation— Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éditions de Minuit, 2002.— La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Le Livre mémorial…, op. cit. — René Terrisse, Bordeaux 1940-1944, Perrin, 1993. — Message de Danièle Pinon, sa nièce,

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