FABRE Edmond

Par Laurent Doussin, Pascale Quincy-Lefebvre

Né le 24 juin 1932, à La Combelle, Auzat-sur-Allier (Puy-de-Dôme) ; mineur, métallurgiste, puis permanent syndical ; militant communiste et syndicaliste CGT, membre du bureau fédéral du Puy-de-Dôme (1969-1974), secrétaire général de l’UD-CGT du Puy-de-Dôme (1967-1976).

Portrait d’Edmond Fabre

Edmond Fabre naquit dans une famille de mineurs auvergnats. Son père, Maurice Fabre, était ouvrier mineur. Sa mère, Andrée Adam, était sans profession au moment de sa naissance. Orphelin de père en 1939, Edmond Fabre fut élevé par sa mère qui triait les bois de mine à la surface avant de travailler à la cantine du Puits des Graves (mines de La Combelle, bassin Minier de Brassac-les-Mines/Sainte-Florine). Elevé dans une famille qui avait peu de moyens, Edmond Fabre fut loué, comme d’autres jeunes de son âge, du 1er mai au 15 novembre dans des fermes du Cantal. Après une formation d’ajusteur acquise dans le collège d’enseignement technique de Sainte-Florine, en 1948, il devint ouvrier chez Ducellier, un équipementier automobile dans le Puy-de-Dôme. Ce fut à cette date qu’il adhéra pour la première fois à la CGT. Edmond Fabre suivit le mouvement des mineurs de 1948 avec passion. Il fut vivement impressionné par l’âpreté des luttes et l’esprit de solidarité entre les hommes. Après vingt mois passés chez l’équipementier automobile et un an à travailler dans le bâtiment, en janvier 1950, il entra à la mine de Brassac comme rouleur de bennes. A dix-huit ans, Edmond Fabre découvrit un monde rude, fait de solidarités mais où la question du rendement était omniprésente. Son combat syndical prit tout son sens. Il se maria à Charbonnier-les-Mines en juillet 1950 avec Suzanne Binet.

Edmond Fabre rencontra très jeune le militantisme ouvrier. Pendant la guerre, la maison familiale avait été une plaque tournante de la résistance locale. L’adolescent fut profondément marqué par l’exemple de son grand-père qui, socialiste jusqu’à la Libération, devint communiste après cette date. Militant actif du mouvement ouvrier, mineur, ce dernier amenait le jeune garçon à diverses réunions et le faisait participer à certaines actions. C’est ainsi qu’Edmond Fabre assista à des conseils d’administration de coopératives ouvrières. À Brassac, le mouvement était particulièrement puissant, allant jusqu’à rassembler 17 coopératives de consommation sur le seul bassin. Accompagnant son grand-père, il collait les affiches du PC la nuit lors des premières élections municipales qui suivirent la Libération.

De 1950 à 1956, Edmond Fabre participa activement à la vie syndicale du bassin. Séduit par les idées communistes et par le charisme de Maurice Thorez*, il garda néanmoins ses distances avec le PCF par hostilité au stalinisme. En août 1956, alors que toute évolution de carrière lui semblait impossible en raison de son engagement syndical, Edmond Fabre quitta la mine et devint métallurgiste à Cégédur, une usine de La Combelle. Il y gagnait moitié moins qu’à la mine mais ses premières responsabilités syndicales l’attendaient. En 1958, il devint secrétaire adjoint du syndicat CGT de l’entreprise. L’année suivante, Edmond Fabre fut premier secrétaire de l’Union locale d’Issoire. Cette même année, il adhéra au PCF dans le contexte de retour au pouvoir du général de Gaulle. Occupant les fonctions de secrétaire adjoint du parti à Issoire, il relança l’union de la gauche dont il fut le candidat pour sa commune aux cantonales de 1961. Edmond Fabre représenta le PCF aux législatives de 1962 et de 1967 pour l’arrondissement d’Issoire. Il resta membre du bureau de la fédération du PC du Puy-de-Dôme de 1969 à 1974.

C’est au plan syndical qu’Edmond Fabre exerça les responsabilités les plus élevées de sa carrière de militant. Il devient secrétaire de l’Union départementale en 1967, succédant à Franck Martinet. Permanent de 1967 à 1976, il dirigea le bureau de l’UD-CGT du Puy-de-Dôme. Depuis Robert Marchadier, obligé de démissionner en 1955, et après les différentes exclusions qui jalonnèrent l’histoire de l’UD, il fut le premier à rester aussi longtemps à cette fonction et à la quitter dans des conditions normales. Edmond Fabre dirigea l’UD lors des événements de 1968. La pression était alors particulièrement forte. À ce poste, il estimait avoir défendu l’indépendance de la CGT par rapport au PCF et se présentait volontiers comme un homme de terrain.

Après avoir abandonné ses fonctions de secrétaire de l’UD en 1976, remplacé par Jean-Pierre Chauvel, n’étant plus permanent, Edmond Fabre dut retrouver une place sur le marché du travail. En 1978, il suivit un stage d’aide-comptable à Beaumont (Puy-de-Dôme), puis travailla, de 1979 à 1981, pour le comité d’établissement chez Ducellier. De 1981 à 1987, il fut employé par les ASSEDIC de la région Auvergne. En 1988, il fut mis en pré-retraite.

Tout en gardant des liens avec le milieu syndical et politique, Edmond Fabre poursuivit un engagement associatif. Il faisait partie, depuis sa création en 1978, de l’Association de sauvegarde des Chevalements Les Graves-Bayard, qui s’occupait de la valorisation du patrimoine minier du Bassin de Brassac.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23849, notice FABRE Edmond par Laurent Doussin, Pascale Quincy-Lefebvre, version mise en ligne le 8 décembre 2008, dernière modification le 1er décembre 2020.

Par Laurent Doussin, Pascale Quincy-Lefebvre

Portrait d’Edmond Fabre

SOURCES : Arch. CGT Puy-de-Dôme. — Entretiens avec Edmond Fabre en 1998 et 1999. — État civil de La Combelle.

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