RODAMILANS Francesco alias Luc dans la résistance

Par Eric Panthou

Républicain espagnol, membre de l’Union Nationale Espagnole, résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP), cadre du camp Wodli en Haute-Loire ; membre des FTP MOI.

Membres du camp FTP Wodli, photo sans doute prise en septembre 44 à Saint-Etienne. Les soldats portant un pompon sur le calot auraient fait la guerre d’Espagne

Francesco Rodamilans était un républicain espagnol réfugié en France sans doute après la défaite de 1939. Il était vraisemblablement membre du parti communiste espagnol (PCE). On ignore ses dates et lieux de naissance et décès.
Il rejoignit la Résistance et prit le commandement d’un groupe de l’Union Nationale Espagnole, structure initiée en 1941 par le Parti communiste espagnol (PCE) et formellement créée en 1942, ayant l’objectif de rassembler toutes les forces antifranquistes en vue du rétablissement de la démocratie en Espagne. Le bras armée de l’UNE donna naissance à des maquis à l’automne 1944 dans les Pyrénées ibériques.
Ce groupe en Haute-Loire, fort de 70 hommes entre juillet et août 1944, était commandé par Francesco Rodamilans alias capitaine Luc mais aussi par Rufino Bastian-Azcano, alias Rémy. Il était très mobile, s’installant à Saint-Pal-de-Senouire, Vals-le-Chastel et Saint-Privat-du-Dragon dans le Cantal. Il procéda à quelques sabotages en 1943 en liaison directe avec Julien Lhomenède, responsable des MUR dans le secteur avant son arrestation le 10 février 1944.
Avec d’autres résistants, pas seulement espagnols, il fut arrêté le 31 octobre 1943. Il put ensuite s’évader, comme Marcel Rivier, Henri Bonnefoy, Maurice Cartier, et Pascal Lhermet.
Le groupe se forma véritablement fin juin 1944 et vint alors renforcer le camp FTP Wodli en Haute-Loire. Sous le nom de Luc, Rodamilans est présenté au printemps 1944 comme le commandant du camp, notamment au moment où les Mouvements Unis de la Résistance (MUR) vinrent solliciter l’appui des FTP pour rejoindre la concentration du Mont-Mouchet appelée par le Colonel Gaspard. Non présent lors de ces tractations, il approuva la décision de ses représentants, Camille Pradet et Roger Boncia qui refusèrent de rejoindre cette concentration au nom du danger qu’elle faisait peser sur ses participants.
Les Espagnols qui étaient plusieurs avec des postes à responsabilité au sein du camp Wodli, Luc mais aussi Francisco Béjar Toro alias Frédéric ont perdu leurs responsabilités fin mai 1944 et regroupés dans les FTP MOI.
Le groupe prit son autonomie en juillet août 1944, devenant le groupe des "guérilleros espagnols" de l’UNE, unité combattante relevant des Mouvements unis de la Résistance (MUR), sous le commandement du responsable de la zone 7 ; Jean Maurin alias Cobra. Celui-ci établit en 1947 le dossier de demande d’homologation pour cette formation, précisant que le commandant Luc s’était toujours refusé à fournir un état nominatif de ses hommes.
Au moment de la Libération de l’Auvergne, Rufino Bastian-Azcano, alias Commandant Rémy, et son chef d’état-major, le capitaine Rodamilans, alias Luc, furent invités à siéger au sein de la Cour chargée de l’Épuration siégeant à Riom (Puy-de-Dôme). Sur ordre de son chef, le capitaine Luc déclara que les deux hommes acceptaient de siéger comme observateurs mais sans droit de vote ni de délibération, estimant que le rôle des antifascistes espagnols s’arrêtait à lutter militairement contre la domination hitlérienne et fasciste.

On ignore ce qu’est devenu Rodmilans après-guerre. Le dossier de demande d’homologation de l’unité UNE indique que le groupe agissait en septembre 1944 dans les Pyrénées espagnoles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article238524, notice RODAMILANS Francesco alias Luc dans la résistance par Eric Panthou, version mise en ligne le 18 février 2021, dernière modification le 29 juin 2022.

Par Eric Panthou

Membres du camp FTP Wodli, photo sans doute prise en septembre 44 à Saint-Etienne. Les soldats portant un pompon sur le calot auraient fait la guerre d’Espagne

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 43/18 : MUR : Compagnie Espagnole UNE. — Entretien de Lucien Bastet et Roger Maurin le 16 mai 2006 à Saint-Paulien avec Théodore Vial et Camille Pradet (communiqué par Roger Maurin). — Mail de Roger Maurin, le 17 février 2021. — https://maitron.fr/spip.php?article238514, notice Brioude (Haute-Loire), 21 juin 1944 par Henry Destour, version mise en ligne le 17 février 2021, dernière modification le 18 février 2021. — Entretien de Théodore Vial et Camille Pradet avec Roger Maurin et Lucien Bastet le 16 mai 2006 à Saint-Paulien en Haute-Loire (archives privées Roger Maurin). — Rufino Bastian-Azcano, "La présence des guérilleros espagnols dans un conseil de guerre..", Bulletin d’information intérieur de l’Amicale des anciens guérilleros espagnols en France (FFI), n°12 et 13, 3° et 4° trimestres 1980. — Paulette Gervais et René Chany, La Résistance à Brioude et dans la région, Impr. Robert, 1986. — Mail de Julien Ouguergouz le 4 janvier 2022 concernant l’arrestation du 31 octobre 1943.

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