MULHEIM Auguste, René

Par Michel Thébault, Jean-Luc Marquer

Né le 19 février 1920 à Strasbourg (Bas-Rhin), mortellement blessé en action le 23 juillet 1944 à Villard-de-Lans (Isère), mort le même jour à Rencurel (Isère) ; militaire ; résistant AS de l’Isère, 6ème BCA.

Auguste MULHEIM
Auguste MULHEIM
Photo : Jean-Luc Marquer

Auguste, René Mulheim était le fils d’Émile et de Line Séramour.
D’origine alsacienne, il était militaire de l’armée d’armistice, affecté en 1941 au Groupement de la Jeunesse à la caserne Bayard à Grenoble (Isère) puis, en 1942, au 159ème Régiment d’infanterie alpine de Grenoble. Il fut démobilisé fin novembre 1942 lors de la dissolution de l’armée d’armistice, consécutive à l’invasion de la zone libre par l’armée allemande. Il s’engagea dans la résistance rejoignant au début de l’année 1944, en Isère, au sein du maquis du Vercors, le camp C1 et la compagnie Chabal.
Ses services sont homologués à partir du 7 juillet 1944.
A la mi-juillet, près de 4 000 Résistants étaient dans le Vercors, soit la plus importante concentration de la région. Face au besoin d’encadrement, le commandement local décida le 14 juillet la militarisation du maquis. Tous les Résistants furent enrégimentés dans d’anciennes unités de l’armée française reconstituées : 6e, 12e, 14e bataillons de chasseurs alpins, 11e Cuirassiers. La compagnie Chabal devint ainsi une compagnie du 6ème BCA reconstitué et Auguste Mulheim en devint l’un des chasseurs.

Le commandement allemand lança le 21 juillet 1944 une vaste opération contre le maquis du Vercors. Des unités allemandes furent chargées d’encercler et d’investir le massif. La compagnie Chabal était alors positionnée sur le flanc est du massif avec pour consigne de tenir les accès. Le 23 juillet, au lever du jour, le lieutenant Chabal renforça un avant-poste en aval de la Croix de Valchevrière, commune de Villard-de-Lans (Isère), sur la route venant de Bois-Barbu. Auguste Mulheim fit partie de cet avant-poste. A l’approche des soldats allemands, Auguste Mulheim, alsacien d’origine et donc germanophone, interpella en allemand les soldats de la Wehrmacht, leur annonçant la mort du Führer (suite à l’attentat du 20 juillet 1944) et descendant même sur la route à leur rencontre pour les convaincre de se rendre.
Selon un témoignage (rapporté par le journal Libération op. cit.) « Mulheim, un Alsacien, est descendu au milieu de la route et a crié : "Zoldaten Kamaraden !" Et soudain plus un tir : les Allemands écoutaient.. Comme on avait récupéré des stocks d’uniformes français à Grenoble, Mulheim a montré le sien en disant : "Regardez, nous avons des uniformes, nous ne sommes pas des terroristes. On est des troupes régulières, on a été parachutés, on est nombreux, très nombreux." Je l’entends encore dire en allemand : "Viele, viele..." En fait, on était trente. C’était Passy, un lieutenant, qui lui soufflait ce qu’il fallait dire depuis le talus. Mulheim a continué en affirmant que Hitler avait été tué la veille (on avait appris l’attentat du 20 juillet) et que la flotte du Reich s’était sabordée. Les Allemands disaient : "Ja, ja." Ils étaient assez vieux, c’étaient sûrement des pères de famille, prêts à accepter la fin de la guerre. Mulheim leur disait qu’en vertu de la convention de Genève ils devaient déposer les armes et avancer un par un les mains sur la tête. ça a duré quatre à cinq minutes. C’était irréel. Je me suis dit : "Merde, si ça marche, comment est-ce qu’on va faire ?" Puis un sergent allemand est arrivé, a lancé une fusée et aussitôt les armes automatiques ont recommencé à crépiter. Mulheim a reçu une rafale dans le ventre. »
Transporté au hameau du Béchat à Rencurel (Isère), il y décéda le jour même des suites de ses blessures. Il fut dans un premier temps inhumé à Rencurel avant d’être transféré après la guerre dans la nécropole nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère), tombe n° 44.
Il obtint la mention « Mort pour la France » et son nom est inscrit à Villard-de-Lans (Isère) sur la plaque commémorative (station 12 du chemin de croix de Valchevrière), au niveau du belvédère de Valchevrière, sous l’inscription : « Passant souviens-toi, ici sont tombés pour ta liberté, le 23 juillet 1944, les Chasseurs du 6ème B.C.A ».


Voir : Valchevrière, commune de Villard-de-Lans
Voir : Rencurel


Voir : Nécropole nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article238546, notice MULHEIM Auguste, René par Michel Thébault, Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 18 février 2021, dernière modification le 29 septembre 2021.

Par Michel Thébault, Jean-Luc Marquer

Auguste MULHEIM
Auguste MULHEIM
Photo : Jean-Luc Marquer
Tombe 44, Nécropole nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère), lieu de mémoire
Tombe 44, Nécropole nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère), lieu de mémoire
Photo : Thierry Pinel, Geneanet, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 38/16 — Site de Saint-Nizier-du Moucherotte, dossier en ligne rédigé par Thierry Pinel — ONAC. Les Nécropoles nationales du Vercors, les panneaux de Vassieux — Mémoire des hommes — Journal Libération, article d’Eric Aeschimann, Grand angle du 17 mai 2004  Héros du plateau  — Mémorial GenWeb. — État civil

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