EDELINE Hélène [née KLEINHANS Lucienne, Hélène]

Par Madeleine Fernandez, Claude Pennetier

Née le 2 décembre 1919 à Paris (Xe arr.), morte le 27 juin 2004 à Agen (Lot-et-Garonne) ; sténodactylographe ; maire communiste de Gentilly (Seine, Val-de-Marne) de 1962 à 1977 ; sénatrice (1975-1977).

Hélène Édeline
Hélène Édeline

Fille de Germaine Blanchard, couturière, Hélène fut reconnue par son père, Lucien Kleinhans, deux mois après sa naissance. Celui-ci, ancien ajusteur, était inspecteur de police judiciaire, poste qu’il abandonna à quarante-quatre ans lorsqu’on lui demanda de participer à l’arrestation de militants.

Employée de banque à seize ans, Hélène Kleinhans fut militante de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) puis de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) avant de se rapprocher du Parti communiste et d’y adhérer en 1938. Elle se maria le 4 juin 1938 à Paris (Ve arr.) avec Albert, Louis, Antoine Édeline, un professeur de mathématiques avec qui elle eut deux enfants. Dès leur union, le couple s’installa à Gentilly, dont le maire était alors Georges Beaugrand, où la jeune femme était employée municipale depuis novembre 1937. En 1938, elle débuta un cycle de formation à l’École d’administration municipale.

Elle fut révoquée de son emploi en avril 1940 pour son appartenance au Parti communiste, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à tirer des tracts pour le mouvement clandestin. Sitôt la nuit tombée, elle escaladait les grilles et s’introduisait discrètement dans les bureaux. Un homme la guida dans son travail clandestin et lui en apprit les ficelles. Il lui enseigna notamment à repérer ceux qui pourraient la suivre, à les semer. C’est lui qui, le plus souvent, rédigeait les tracts « Front Rouge » qu’elle allait tirer la nuit à la mairie. Cet homme s’appellait Gustave Chauviré.

Après l’arrestation de Gustave Chauviré, Hélène Édeline continua la lutte clandestine avec d’autres militants dont, pour la majorité d’entre eux, elle ignorait le nom. « On évitait de se dire nos noms. Comme ça, si l’on était arrêté, on ne pouvait pas dire ce que l’on ne savait pas », dit-elle. Elle loua une petite chambre à Denfert-Rochereau où elle tapa les tracts, tirant sans arrêt la chasse d’eau afin que les voisins n’entendent pas le bruit de la machine à écrire. Une fois tapés, les tracts étaient ronéotypés chez un militant qui lui avait une véritable « planque ». Il habitait une de ces baraques, sur la zone, entre Gentilly et la porte d’Italie. Les machines étaient cachées chez lui. Dénoncé, il fut arrêté et décapité à la prison de la Santé. Cette arrestation mit le groupe en danger. Hélène Édeline se cacha avec trois autres personnes dans un petit logement à Gentilly. Ils y furent tous arrêtés. Le commissaire de police en place, Goujon, qui refusa la collaboration, réussit à les faire libérer et, tous les quatre s’empressèrent de faire leurs valises et quittèrent la ville.

Elle entra alors aux usines Renault de Billancourt, puis à la Marine marchande. À partir de 1943, elle partit, sur les ordres du PCF, à Vichy, puis dans le Nord, à l’état-major des FTP avec Charles Tillon. Hélène Édeline fit la liaison entre ce dernier et Rol-Tanguy. Simultanément, elle fournissait des renseignements aux résistants gentilléens comme, par exemple, l’endroit où se trouvaient rangés les tickets d’alimentation à la mairie et dont les résistants avaient tant besoin. Elle reçut la médaille de la Résistance, puis la Légion d’honneur pour son action civique et résistante, en 1987, des mains de Marie-Claude Vaillant-Couturier.

À la Libération, Hélène Édeline fut réintégrée à la mairie de Gentilly où elle fut élue conseillère municipale le 29 avril 1945 sous l’étiquette du FN. Elle suivit une école centrale du PCF réservée aux femmes, en 1948, et devint secrétaire de la section de Gentilly en 1950. Par la suite, elle suivit une école centrale de quatre mois. Vice-présidente, puis présidente de l’Office Public Intercommunal d’HLM d’Arcueil-Gentilly (créé en 1949), elle resta à l’initiative de nombreuses actions menées à Gentilly pour résorber le logement insalubre. Elle fut successivement réélue comme conseillère municipale communiste le 19 octobre 1947, le 26 avril 1953, le 19 juin 1955, le 8 mars 1959 et le 14 mars 1965 (où elle obtint le plus grand nombre de voix). Elle conserva son siège aux élections municipales du 14 mars 1971.

Au 1er tour du scrutin des élections municipales du 29 avril 1945, elle obtint 4 053 suffrages (la majorité absolue étant de 3 913). Le 19 octobre 1947, elle recueillit un total de 5 174 voix sur 8 024 suffrages exprimés. Aux élections municipales du 26 avril 1953, elle l’emporta avec 6 319 (voix et signes préférentiels) sur 8 660 suffrages exprimés. Le 19 juin 1955, elle rassembla sur son nom 5 437 voix sur les 7 506 suffrages exprimés. Aux élections municipales du 8 mars 1959, elle obtint un total de 5 134 suffrages. Elle fut élue avec 4 376 voix (majorité absolue : 3 402 voix) aux élections de 1971.

Membre du comité fédéral communiste de la Seine en 1945, elle appartint à partir de 1953 au bureau fédéral de Seine-Sud et y resta jusqu’en mai 1961, date à laquelle elle fut réélue seulement au comité fédéral. Elle y siégea jusqu’en 1966, puis au comité fédéral du Val-de-Marne jusqu’en 1968. Collaboratrice du maire Charles Frérot, elle occupa auprès de lui les fonctions de deuxième adjointe à partir du 12 mai 1945 (27 voix sur 27). En 1953, elle obtint 15 voix sur 27. Elle fut désignée deuxième adjointe (avec 16 voix sur 25) en 1955 et devint première adjointe le 20 mars 1959, avec 27 voix sur 27. Poussée par le maire, elle fut élue conseillère générale de la Seine en 1953, puis du Val-de-Marne jusqu’en 1976 en tant que vice-présidente. À la mort de Charles Frérot, elle lui succéda aux fonctions de maire le 7 avril 1962 et demeura la première magistrate de la ville jusqu’en 1977.

Candidate sur la liste PCF du Val-de-Marne aux élections sénatoriales de 1968, elle devint sénatrice le 1er mai 1975, remplaçant Louis Talamoni. Elle fut inscrite au groupe communiste où elle siégea à la commission des affaires culturelles. Elle conserva ces fonctions jusqu’en 1977.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23869, notice EDELINE Hélène [née KLEINHANS Lucienne, Hélène] par Madeleine Fernandez, Claude Pennetier, version mise en ligne le 9 décembre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Madeleine Fernandez, Claude Pennetier

Hélène Édeline
Hélène Édeline

SOURCES : Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. — Arch. comité national du PCF. — G. Blanc-Césan, Les maires du Val-de-Marne, 1988. — Arch. Com. Gentilly, séries : K1 172 CB (liste électorale 1950), 174 AE (élections municipales 1945). — Arch. Fédération communiste du Val-de-Marne. — État civil de Paris Xe arr. — P.M. Dioudonnat, S. Bragadir, Dictionnaire des 10000 dirigeants politiques français, Sedopols, 1977. — Vivre à Gentilly, n° 103, septembre 1999 ; n° 184, septembre 2004. – Extrait d’un entretien de Madeleine Fernandez avec Hélène Édeline, 1985. — Notes de Jacques Girault et de Jean-Pierre Besse. — Paul Boulland, Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations PCF de banlieue parisienne (1944-1974), thèse de doctorat d’histoire, Paris 1, 2011.

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