FABRE Maurice [Paris]

Par Paul Berger, Jean Reynaud

Né le 1er juin 1920 au Vigan (Gard), mort le 7 décembre 2007 à Paris ; employé des PTT (de commis à chef de division) ; syndicaliste CGT et militant communiste des Bouches-du-Rhône ; résistant à Paris.

Après une enfance passée dans la petite ville industrielle de Ganges (Hérault), Maurice Fabre entra en 1939 dans l’administration des Postes comme commis des PTT à la Poste centrale de Paris (Recette Principale). Il se maria en 1943 à Ganges avec Jacqueline Gasc, institutrice ; le couple eut trois enfants. Pendant que Maurice Fabre entrait dans la Résistance à Paris, le frère de Jacqueline résistait dans les maquis de Haute Ardèche. Jacqueline Fabre milita par la suite au Parti communiste.

Maurice Fabre fit carrière comme employé des PTT de 1939 à 1980 : commis à Paris (Recette Principale) jusqu’en 1954, inspecteur à Limours (Seine-et-Oise, Essonne), puis receveur intérimaire dans le même bureau de poste jusqu’en 1956, inspecteur à Paris (64 rue de Lourmel) jusqu’en 1957, inspecteur central à Marseille (Corderie) jusqu’en 1979, chef de division à Marseille (Recette Principale) jusqu’à son départ à la retraite en 1980.

Maurice Fabre entra dans la Résistance dès septembre 1940, par l’intermédiaire d’Achille Bériault, responsable OS (Organisation Spéciale) de son établissement. Son activité consistait à distribuer tracts et journaux clandestins (La Recette, La Vigie, l’Humanité), à introduire dans le courrier destiné aux officiers et soldats allemands des tracts démobilisateurs rédigés en allemand, à saboter le courrier ennemi : détournement des correspondances adressées aux officiers et personnalités allemandes, interception du courrier destiné au lieutenant Weber (chef de la propagande allemande à Paris Soir), et au journal de Jacques Doriot Le Cri du peuple. Maurice Fabre adhéra en 1940 à la CGT clandestine. À partir de 1941, il fut responsable d’un dépôt de presse clandestin. Après un « cadrage » rigoureux, il fut accepté comme membre du Parti Communiste clandestin en mai 1942 (triangle avec Ensergueix et Bériault). Il « couvrit » la prise de parole publique de Madeleine Marzin* dans la rue de Buci, organisateur et participant de la manifestation patriotique du 22 septembre 1942, place de la République, commémorant le 150e anniversaire de la victoire de Valmy et de celles des 1er et 14 juillet 1943 au Faubourg Saint-Denis et au Faubourg du Temple. Sous les pseudonymes de « Floquet » et du « Marseillais », Maurice Fabre fut agent de liaison « cycliste » pour la diffusion de La Voix ouvrière et l’Humanité clandestines dans les Ier, IIe et IXe arrondissements de Paris, agent recruteur pour les FTPF, en liaison avec Prévost (responsable régional du Front National) et le commandant Beaudouin, puis responsable de secteur du Front national pour les Ier, IIe et IXe arrondissements. Le 16 août 1944, avec Jean Abbadie et Piccot*, Maurice Fabre déclencha la grève insurrectionnelle à Paris-Recette-Principale. Avec Fleury*, Larbalestier*, Marceau et Reynal*, il participa au déclenchement de l’action dans d’autres centres importants des PTT et dans les Halles de Paris. Il prit part à l’attaque des mairies des Ier et IIe arrondissements, et à l’attaque, suivie de la reddition, de la Kommandantur Place de l’Opéra. Membre du Comité local de Libération du IIe arrondissement, il fut désigné maire adjoint de cet arrondissement (J. Domerego étant maire). Avec le grade de capitaine FFI, il fut nommé commandant des Milices Patriotiques de l’arrondissement jusqu’en octobre 1944.

Maurice Fabre réintégra ensuite les PTT et la Recette principale de Paris, où il poursuivit désormais au grand jour son activité politique et syndicale. Il fut candidat du PCF aux élections municipales du 29 avril 1945 à Paris. De 1945 à 1954, il fut secrétaire de la section du PCF du Ier arrondissement de Paris et membre du comité fédéral de la Seine. Il participa activement à l’organisation dans cet arrondissement de toutes les luttes politiques du PCF de l’après-guerre.

Inspecteur des PTT en 1954, puis receveur intérimaire à Limours, Maurice Fabre fut à nouveau inspecteur à Paris (XVe arr.). En 1957, il fut promu inspecteur central et muté à Marseille-Corderie (bureau de poste du VIIe arrondissement). Il y poursuivit, jusqu’à sa retraite, sa carrière professionnelle, syndicale et politique. Il fut entre-temps, en 1979, nommé chef de division à la poste centrale de Marseille.

De 1957 à 1990, Maurice Fabre fut secrétaire de la section du PCF du VIIe arrondissement de Marseille. Dès son arrivée dans cette ville, homme de terrain, il coordonna les luttes dans ce secteur : création de la cellule du Lycée-du-Rempart, animation de la très vivante « Maison du Peuple » d’Endoume, batailles contre la guerre d’Algérie (notamment distribution ou lancer de tracts dans les deux casernes du quartier), puis contre l’OAS particulièrement active à Marseille (garde de nuit du siège du journal La Marseillaise et du siège départemental de la fédération du PCF, rue Haxo, puis rue Saint-Bazile). Maurice Fabre organisa et anima dans cet arrondissement, fief de Gaston Defferre, toutes les batailles électorales des années 1960 et 1970 : il fut candidat de la liste d’Union des forces de gauche aux municipales du 14 mars 1965 (liste Blanc du Collet), candidat suppléant du PCF aux législatives des 23 et 30 juin 1968 et des 4 et 11 mars 1973 (le candidat titulaire pour ces deux élections étant Louis Calisti), candidat du PCF aux cantonales des 8 et 15 mars 1970, et aux municipales du 14 mars 1971 (liste Georges Lazzarino*), et candidat sur la liste d’Union de la gauche aux municipales des 13 et 20 mars 1977. En tant que militant CGT aux PTT, il fut membre de la commission paritaire à la Direction départementale des Bouches-du-Rhône.

L’une des particularités de Maurice Fabre aura été d’avoir toujours réussi à concilier ses obligations de cadre dans les PTT avec ses responsabilités syndicales à la CGT et ses activités politiques.

Maurice Fabre était titulaire de la carte de combattant volontaire de la Résistance et fut décoré de la médaille de la Libération de Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23873, notice FABRE Maurice [Paris] par Paul Berger, Jean Reynaud, version mise en ligne le 9 décembre 2008, dernière modification le 3 juillet 2009.

Par Paul Berger, Jean Reynaud

SOURCES : Bulletin de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône. — Presse de Marseille : La Marseillaise, Le Provençal. — Témoignage et documents fournis par l’intéressé. — Renseignements fournis par la famille.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable