VERMEYLEN August.

Par Hans Vandevoorde. Notice traduite du néerlandais par Catherine Gobert

Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 12 mai 1872 – Uccle (Bruxelles), 10 janvier 1945. Écrivain flamand, historien de l’art, professeur d’université, sénateur coopté socialiste, père de Pierre Vermeylen*. Pseudonymes : entre autres Kees Droes, A. V. De Meere, Victor Lieber, Halieus.

August Vermeylen naît dans une famille flamande de la classe moyenne inférieure (« la plus modeste bourgeoisie » d’après l’un de ses premiers biographes, Paul De Smaele), de parents tous deux natifs de Bruxelles. D’abord serrurier, son père, Guillaume (Guilielmus) Vermeylen, gravit les échelons pour devenir entrepreneur. Après avoir fréquenté l’école primaire des Sœurs de Notre-Dame au Cantersteen, August fait ses études secondaires à l’Impasse du Parc, puis à l’Athénée royal de Bruxelles. La famille Vermeylen parle un dialecte flamand, sauf le dimanche : ce jour-là, le père – un libéral modéré – s’exprime en français avec ses six enfants, idiome que la mère, la pieuse Elisabeth Van den Brande, ne maîtrise pas. Ce milieu familial explique trois tendances qui marqueront la carrière de Vermeylen : sa tolérance envers toute opinion divergente, sa défense de l’émancipation sociale des classes inférieures et son combat pour la place du néerlandais à Bruxelles et en Belgique.

Le français étant prédominant en Belgique, August Vermeylen fait toutes ses études dans cette langue et devient parfaitement bilingue, comme bien d’autres intellectuels de sa génération. Son initiation à la culture française, il la doit notamment à Jacques Dwelshauvers, jeune homme issu de la bourgeoisie bruxelloise francophone, qu’Auguste fréquente à l’Athénée et qui se fera un nom comme critique d’art ainsi que dans les milieux libertaires sous le nom de Jacques Mesnil. Les contacts qu’il noue dans ce même établissement avec le professeur flamingant Jan Kleyntjes et avec Lodewijk De Raet, un condisciple aîné et futur célèbre sociologue, l’amènent toutefois à choisir le néerlandais. Même après son mariage en 1897 avec la wallonne Gabrielle Brouhon – qui mourra prématurément en 1932 –, leurs deux enfants, Pierre et sa sœur Jo, seront éduqués partiellement en néerlandais.

À l’Athénée, Vermeylen fonde avec De Raet et Hubert Langeronck sa première revue, Jong Vlaanderen (Jeune Flandre, 1889-1890), suivie en 1890 de l’hebdomadaire Ons Tooneel (Notre Théâtre), créé notamment avec l’écrivain et bibliothécaire anversois Emmanuel De Bom. La même année, le précoce Vermeylen est admis en filière d’histoire à l’Université libre de Bruxelles (ULB), où il rencontre Sofia Ioteiko, étudiante russe en sciences naturelles, qui fait de la propagande socialiste. Il y prend part aux manifestations contre le rejet de la thèse à tendance positiviste du philosophe Georges Dwelshauvers, frère de Jacques Dwelshauvers. Toujours en 1890, Vermeylen fonde l’Union des étudiants en philosophie, dont il devient le premier président, et rejoint le Cercle des étudiants socialistes. Dès octobre 1892, il se qualifie de « rood-zwart anarsjist » (anarchiste rouge et noir) même si, à l’époque, ses idées sur l’anarchisme manquent encore de maturité. Ses lectures, qu’il s’agisse d’une revue d’inspiration socialiste comme La Société nouvelle ou de La Conquête du pain de Pierre Kropotkine, contribuent à le convertir à la cause. Mais c’est au cours de sa participation, en janvier 1894, aux manifestations de soutien au géographe anarchiste Élisée Reclus* – frappé d’une interdiction d’enseigner à l’ULB – que les convictions anarchistes de Vermeylen se confirment vraiment.

August Vermeylen plonge dans l’effervescence « fin de siècle » qui règne à Bruxelles. Début 1892, il s’allie ainsi aux frères Dwelshauvers et à Léon Leclère, professeur d’histoire à l’ULB, pour organiser chaque mois une sorte de « dîner Magny », auquel sont conviés le poète Émile Verhaeren, le peintre Fernand Khnopff, ainsi que d’autres membres de la fine fleur artistique et scientifique bruxelloise. En août de la même année, Vermeylen crée la revue Van Nu en Straks (De maintenant et tout à l’heure) et en devient l’animateur. Cette fondation constitue un événement majeur dans l’histoire des lettres flamandes, car la revue se rattache autant à « l’art pour l’art » qu’aux nouveaux mouvements sociaux comme l’anarchisme. Elle marque aussi l’émergence du symbolisme et du naturalisme dans la littérature de Flandre, restée longtemps à la traîne par rapport aux courants internationaux.

La Première Série de la revue (1893-94), qui se distingue par les illustrations du peintre – et futur architecte renommé – Henry van de Velde, profite de la collaboration de célèbres écrivains néerlandais du Mouvement de Quatre-vingts (Albert Verwey, Frederik van Eeden, etc.) et d’artistes tout aussi novateurs des Pays-Bas (Jan Toorop, R.N. Roland Holst…) ou d’ailleurs (Lucien Pissarro, Charles Rickett). Côté belge, les contributeurs appartiennent surtout au mouvement artistique d’avant-garde des Vingt (James Ensor, Theo van Rysselberghe, etc.). Vermeylen y publie notamment l’essai De kunst in de vrije gemeenschap (L’art dans la communauté libre), où il tente une première synthèse entre individu et communauté. Il estime que l’expression de l’individu tout entier fera naître un art communautaire. L’art communautaire qu’il se figure depuis quelque temps déjà touche donc pour lui à l’« anarchie ». Dans l’essai précité, il cherche à concilier cette communauté avec l’individu en déclarant que « elk mensch is solidair tot al de andere » (chaque homme est solidaire envers tout autre).

Tout en travaillant à la revue, August Vermeylen soutient en 1894 sa thèse de doctorat en histoire, portant sur la Trêve de douze ans (1609-1621) entre les Espagnols et les Provinces-Unies du Nord. De novembre 1894 à février 1896, il étudie les lettres, d’abord à Berlin (Allemagne), puis à Vienne (Autriche), puis à nouveau à Berlin. Dans le train pour Vienne, ses lectures lui font découvrir l’anarchiste individualiste Max Stirner, qu’il estime supérieur à Nietzsche. Fin 1895, Vermeylen rédige sa Kritiek der Vlaamsche Beweging. Expression la plus claire de son anarchisme, cette critique du Mouvement flamand paraîtra dans le premier numéro de la Seconde Série de Van Nu en Straks, publiée de 1896 à 1901 dans une édition moins luxueuse que la précédente. La série, qui marque un véritable renouveau littéraire grâce aux débutants – pensons au poète Karel van de Woestijne et aux prosateurs Herman Teirlinck et Stijn Streuvels –, se veut d’inspiration anarchiste grâce, notamment, à la coopération de son ami Jacques Mesnil (pseudonyme de Jacques Dwelshauvers). À l’époque, les intellectuels adhèrent nombreux à l’anarchisme, sans pour autant sympathiser avec sa forme violente qui se manifeste partout en Europe. Avec sa « Critique », Vermeylen signe un pamphlet acerbe, dirigé contre le militarisme, la politique coloniale et le parlementarisme. La façon dont il reproche au Mouvement flamand sa focalisation excessive sur la langue et l’appelle à s’enrichir d’une dimension sociale suscite un tollé. Ce point de vue sera néanmoins largement diffusé par l’aile gauche du mouvement. Quant à la critique antibelge, elle inspirera une jeune garde radicale à la veille de la Première Guerre mondiale – mais à ce moment, Vermeylen aura depuis longtemps renoncé à cette position.

En effet, peu après la rédaction de la « Critique », le drapeau rouge et noir commence déjà à se déchirer. En novembre 1895, August Vermeylen se confie à Mesnil : il est revenu sur ses idées et accepte l’autorité. « Je commence à sentir que je me perds parmi les anarchistes », écrit-il en mars 1896 à son ami, le poète et dramaturge Alfred Hegenscheidt. Dans Anarchie geen leer (L’anarchie n’est pas une doctrine, 1896), il s’oppose à la superficialité de nombreux livres et revues anarchistes, ainsi qu’au faux anarchisme des doctrines, et renouvelle son plaidoyer en faveur d’une « indépendance » de la pensée, déjà formulé dans sa « Critique ». Ce faisant, il vise surtout le dogmatisme des figures de proue du mouvement, en exceptant Kropotkine, Edward Carpenter et Mesnil. Les essais qu’il publie en 1896 plaident tous pour cette autonomie intellectuelle des individus et pour l’indépendance de la communauté constituée par ces individus.

Le mariage d’August Vermeylen en 1897 et son rejet de l’amour libre prôné par les anarchistes provoquent une tension dans son amitié avec Mesnil, qui conduira à la rupture. Il refuse par ailleurs de publier la nouvelle Wellust (Volupté) de son ami pour des motifs d’ordre moral, une décision qui sonne le glas de la revue Van Nu en Straks. Son évolution tant personnelle que politico-philosophique, Vermeylen la traduit dans son roman le plus célèbre, De wandelende jood (Le juif errant, 1906), dont le style flaubertien rappelle celui de Salammbô (1862). Condamné à l’errance, le cordonnier Ahasvérus finit par trouver l’amour et découvre la solidarité avec les travailleurs. Vermeylen a projeté dans cette vieille légende du juif immortel son propre itinéraire spirituel de l’individualiste à l’humaniste animé par une sensibilité sociale.

La Seconde Série de la revue Van Nu en Straks compte un autre essai célèbre, intitulé Vlaamsche en Europeesche beweging (Mouvement flamand et européen, 1900), qui se conclut sur ces mots : « Nous voulons être Flamands pour devenir Européens ». August Vermeylen y reprend l’idée, défendue avec fougue, que l’émancipation culturelle de la Flandre est nécessaire à son intégration dans la culture européenne. Le slogan exprime sa reconnaissance du principe d’autodétermination culturelle, tout autant qu’il préfigure son futur positionnement pro-européen. À l’instar de la « Critique », ce texte exercera une influence considérable grâce à sa réédition dans le premier volume des Verzamelde opstellen (Articles recueillis, 1904, rééd. 1922).

En 1899, August Vermeylen obtient son « doctorat spécial » (agrégation de l’enseignement supérieur) à la Faculté de philosophie et lettres de l’ULB avec la première thèse rédigée en néerlandais, intitulée Leven en Werken van Jonker Jan Van der Noot (Vie et Œuvre de Jonker Jan Van der Noot). En 1901, soit un an avant de se voir confier le cours d’histoire de la littérature néerlandaise, il y devient titulaire de la nouvelle chaire d’histoire de l’art. Pendant toute sa carrière scientifique, il empruntera cette double voie historique, tant artistique que littéraire. Ce parcours donnera lieu à des ouvrages généralistes, parus pour la première fois dans les années 1920 et qu’il remaniera par la suite : en histoire de l’art, il publie Geschiedenis der Europeesche Plastiek en Schilderkunst (Histoire de la plastique et de l’art pictural européen, 1921-1925) ; en histoire littéraire, Van Gezelle tot Timmermans (De Gezelle à Timmermans, 1923), revu et corrigé en 1938 sous le titre Van Gezelle tot heden (De Gezelle à aujourd’hui). À l’ULB, Vermeylen œuvre pour la création d’une section de philologie germanique, au sein de laquelle il prend en charge le cours « Explication d’auteurs néerlandais » dès 1910. À la même époque, il fait partie des initiateurs d’une Vlaamse Vereeniging voor Letterkundigen, qui voit le jour en 1907, pour défendre les intérêts des auteurs. Il est nommé président de cette association cinq ans plus tard, fonction qu’il exercera jusqu’en 1919.

Resté à Bruxelles pendant la guerre, August Vermeylen est l’un des principaux signataires d’un manifeste contre la collaboration avec l’occupant allemand (activisme), ce que les Flamands radicaux lui reprocheront jusqu’après sa mort. Après la Première Guerre mondiale, il accomplit des activités au niveau tant régional que national et international. Sur le plan régional, il poursuit son engagement en faveur de la culture néerlandaise en Flandre. Au lendemain du conflit mondial, il devient membre de la Koninklijke Vlaamsche Academie voor Taal- en Letterkunde, dont il prend la direction en 1927 pour quelques années. En 1923, il fait partie des fondateurs du Vlaamse Club voor Kunsten, Wetenschappen en Letteren à Bruxelles et intègre le club Misjol, plus ludique, de son ami écrivain Herman Teirlinck, qui rassemble les intellectuels flamands de Bruxelles. La même année, il démissionne de l’ULB – sans doute en partie suite à des incidents impliquant des étudiants francophones qui vont jusqu’à l’assaillir physiquement pour ses prises de position pro-flamandes – et prend un poste à la Rijksuniversiteit Gent (Gand, pr. Flandre orientale, arr. Gand). Il n’y enseigne d’abord que les lettres néerlandaises, mais, à partir de 1925, cette charge de travail s’étend progressivement à l’histoire de l’art. Avec la néerlandisation intégrale de l’université gantoise en 1930, Vermeylen – qui a œuvré en faveur de cette néerlandisation en paroles (brochures) et en actes (Sénat) – en devient le premier recteur de 1930 à 1933.

Au niveau national, August Vermeylen siège à partir de fin 1921, jusqu’à sa mort, comme sénateur coopté socialiste au Sénat, dont il assumera la vice-présidence en 1938. Ici, il s’occupe surtout des questions linguistiques (enseignement, justice) et parfois du budget des arts, quoique ses interventions restent ponctuelles. En politique, il maintient la vieille ligne du Mouvement flamand, qui ne voit pas d’incompatibilité entre belgicanisme et attachement à la cause flamande. Mais il s’arme systématiquement de faits et de chiffres pour convaincre les francophones d’accéder aux revendications flamandes sur le plan éducatif, scientifique et culturel. Vermeylen accorde une grande importance à l’enseignement en langue vernaculaire, susceptible, selon lui, de contribuer à l’émancipation sociale et culturelle des classes inférieures. Notons qu’il s’investit dans l’université populaire dès le début du siècle, au moment où le mouvement de l’Extension universitaire s’implante aussi en Belgique. Dans les années 1930, il collaborera à la radio socialiste SAROV (Socialistische Arbeiders Radio-Omroep voor Vlaanderen - Association ouvrière socialiste pour la radio diffusion) et donnera des conférences sur l’art dans le cadre du programme d’été de l’université populaire.

Son esprit cosmopolite et ses activités tournées vers l’étranger, développées dans les années 1920, lui inspirent un intérêt pour la politique internationale qui atteindra son paroxysme une décennie plus tard. Grâce à cet internationalisme, à sa renommée académique et à ses bons contacts avec des écrivains francophones, August Vermeylen fait partie de ceux qui, dès sa fondation en 1922, donnent le cap à la section belge du PEN Club International, une association littéraire qui défend la liberté d’expression et promeut le partage des idées et des cultures par-delà les frontières. En 1928, il accède à la présidence du PEN belge, dont il sera l’un des derniers présidents unitaires ; à la scission de l’aile néerlandophone en 1930, il intégrera le conseil d’administration du PEN flamand. Au milieu des années 1920, Vermeylen est en contact avec plusieurs revues et mouvements européens, dont Paneuropa, fondé par son ami, le docteur Irénée van der Ghinst. Il devient l’un des membres belges de la Commission internationale de coopération intellectuelle, ancêtre de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), en 1926. Au sein de cet organe de la Société des nations (SDN), chargé des relations intellectuelles entre les pays, il témoigne d’un vif intérêt pour la problématique des traductions. Dix ans plus tard, en 1936, il prend la présidence de la Commission nationale belge à la suite du socialiste wallon, Jules Destrée*. Son attachement à la Coopération intellectuelle, ses travaux d’historien et son mandat de recteur assoient sa réputation à l’étranger. Conférencier bienvenu aux Pays-Bas, il est nommé membre de la Koninklijke Academie voor Wetenschappen d’Amsterdam en 1932 et docteur ès lettres et philosophie honoris causa de la Gemeentelijke Universiteit d’Amsterdam en 1937.

L’orientation internationale d’August Vermeylen se reflète dans deux autres centres d’intérêts particuliers : sa curiosité pour la Russie et sa judéophilie. Son fils Pierre Vermeylen – qui, après la Seconde Guerre mondiale, sera ministre sous plusieurs gouvernements – était déjà communiste pendant ses études de droit, après le premier conflit mondial. Malgré sa rupture avec le Parti communiste belge en 1930, il reste fasciné par les évolutions en Russie. Dans son sillage, Auguste Vermeylen se rend en URSS en 1932. À son retour, il y consacre des conférences et publie ses Impressions de Russie (1932) à partir d’entrées de son journal intime et d’articles de presse. Se posant en admirateur modérément critique de l’expérience soviétique, il écrit en 1935 : « Quelles que soient les critiques que l’on puisse faire, personne ne peut s’empêcher d’admirer le prodigieux travail de défrichement et d’ensemencement qui s’est accompli dans ce territoire immense ».

À l’instar d’Émile Vandervelde* – « patron » du Parti ouvrier belge (POB) –, August Vermeylen devient un ami de la cause juive, qu’il soutient de manière tant formelle qu’informelle. Il fréquente volontiers les milieux mondains tels que le salon de la famille juive Errera, réputé « de gauche » et dont la plupart des habitués sont recrutés à l’ULB. Vermeylen s’y lie d’amitié avec Gabrielle Oppenheim-Errera qui, dans les années 1920, avait eu des contacts avec le philosophe Adorno à Francfort ; après avoir émigré en Amérique en 1939, elle tiendra un salon à Princeton où Albert Einstein sera un hôte apprécié. Membre de la section flamande du Nederlandse Comité voor Waakzaamheid tegen het fascisme (Comité néerlandais de vigilance contre le fascisme), Vermeylen prononce des discours lors de rassemblements antifascistes (1935) et antinazis (1938). Sur le plan politique, il œuvre pour l’octroi de la nationalité belge à des citoyens juifs. Il aide des auteurs et intellectuels juifs en exil, avant et pendant la guerre, un rôle que son fils Pierre endossera après sa mort. Au début du conflit, August Vermeylen est relevé de toutes ses fonctions publiques. D’après son collègue écrivain Ernest Claes, son discours contre l’antisémitisme, prononcé en 1938, aurait contribué à cette suspension ; selon la version officielle, Vermeylen est destitué parce qu’il fait partie du groupe de parlementaires qui ont fui à Limoges en 1940 et ont signé la déclaration fustigeant la capitulation du roi Léopold III. La presse d’extrême-droite l’associe en outre à la franc-maçonnerie, dont il n’a pourtant jamais été membre.

Pendant l’Occupation, August Vermeylen profite de ses loisirs forcés pour publier son recueil de Beschouwingen (Considérations, 1942), adapter son panorama de l’histoire de l’art en Van de catacomben tot Greco (Des catacombes à Greco, 1946) et rédiger un second roman, Twee vrienden (Deux amis, 1943), qu’il dit avoir ébauché plus de quarante ans plus tôt et où il se remet de sa rupture avec son ami Jacques Mesnil. Selon les jeunes critiques de l’époque, toutefois, le roman est déjà une œuvre du passé. C’est un homme épuisé, notamment par son intense travail d’écriture et par une douloureuse affection oculaire, qui reprend ses fonctions après la guerre. August Vermeylen meurt d’un infarctus, peu après avoir achevé un article programmatique pour la création d’une nouvelle revue flamande de culture générale. Son influence sera considérable (notamment grâce au « fonds Vermeylen », un fonds culturel socialiste créé par ses amis en 1945), même si de nos jours, sa pensée survit surtout dans quelques citations célèbres, telles que son appel à « More brains ! » lancé jadis aux lettres flamandes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article238789, notice VERMEYLEN August. par Hans Vandevoorde. Notice traduite du néerlandais par Catherine Gobert, version mise en ligne le 23 février 2021, dernière modification le 11 septembre 2022.

Par Hans Vandevoorde. Notice traduite du néerlandais par Catherine Gobert

ŒUVRE : « De Kunst in de vrije Gemeenschap », dans Van Nu en Straks, Première Série, n° 6-7, 1894, p. 52-56 & n° 7-8, p. 2-9 – « Kritiek der Vlaamsche Beweging », dans Van Nu en Straks, Seconde Série, n° 1, 1896, p. 1-34 – « Vlaamsche en Europeesche Beweging », dans Van Nu en Straks, Seconde Série, vol. 4, n° 4, p. 299-310 – Verzamelde opstellen, 2 vol., Bussum, C.A.J. van Dishoeck, 1904 & 1905 – De wandelende Jood, Bussum, C.A.J. van Dishoeck, 1906 – Quelques aspects de la Question des Langues en Belgique, Bruxelles, Le Peuple, 1918 – De Vervlaamsching der Gentsche Hoogeschool. Propaganda-Brochuur uitgegeven door de Kommissie ter Vervlaamsching der Gentsche Hoogeschool, Antwerpen, 1920 – La Flamandisation de l’Université de Gand. Brochure de Propagande, éditée par la Commission pour la Flamandisation de l’Université de Gand, Anvers, 1920 – Geschiedenis der Europeesche Plastiek en Schilderkunst, 3 vol., Amsterdam, Elsevier, 1921-1923 – Van Gezelle tot Timmermans, Amsterdam, Elsevier, 1923 – Impressions de Russie, Bruxelles, L’Églantine, 1932 – Indrukken uit Rusland, Brussel, De Wilde Roos, 1932 – De Vlaamsche letteren van Gezelle tot heden, Amsterdam, Elsevier, 1938 – Beschouwingen Brussel, Manteau, 1942 – Twee vrienden, Brussel, Manteau, 1943 – « De taak », dans Nieuw Vlaams Tijdschrift, vol. 1, n° 1, 1946, p. 8-13 – Van de catacomben tot Greco, Amsterdam, Wereldbibliotheek, 1946 – Verzameld Werk, 6 vol., s.l., 1951-1955 [En ligne] – De wandelende jood. Opstellen over literatuur, kunst en politiek samengesteld en ingeleid door Raymond Vervliet, Antwerpen/Amsterdam, Houtekiet, 2006 – Hoe Vlaming te zijn ? Zes teksten van August Vermeylen en Jozef Deleu. Samengesteld en ingeleid door Hans Vandevoorde, Antwerpen, Polis, 2017 – VERMEYLEN A., « Ik denk nog het best met een pen in de hand ». Het dagboek 1939-1944 van August Vermeylen. Bezorgd door Ruben Mantels en Hans Vandevoorde met medewerking van Janna Aerts, Gent/Leuven, KANTL/University Press Leuven, 2019.
On trouvera une bibliographie exhaustive de l’oeuvre d’August Vermeylen dans ROEMANS R., Het werk van Prof. Dr A. Vermeylen. Analytische bibliografie, Wereldbibliotheek, Amsterdam/Antwerpen, 1953 [En ligne].
Un documentaire, intitulé August Vermeylen, a été réalisé en 1963 par Frans Buyens et est sorti en DVD sous le titre Vercors & Vermeylen.

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