SIMONNET Joseph, Abraham

Par Jean-Marie Guillon

Né le 15 février 1882 à Sète (Hérault) ; docker ; socialiste SFIO ; militant syndicaliste des Bouches-du-Rhône.

Fils de Jean Simonnet, tonnelier, et de Anne Guilliomard, sans profession, marié avec Marguerite Richard, Joseph Simonnet travaillait comme docker à à Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône) où il habitait faubourg de Venise. Il était secrétaire adjoint du syndicat des dockers et il remplaça Marcel Baudin qui était mobilisé au début guerre. La police avait du mal à le classer en politique. Il avait été candidat aux élections municipales de 1935 sur la liste communiste du Bloc ouvrier et paysan en tant que « syndiqué » et il fut verbalisé le 31 août 1939 pour vente et distribution gratuite d’un numéro de la VO contenant des articles signés par des communistes. Mais, pour la Police spéciale en février 1940, il serait socialiste avancé et les Renseignements généraux en mars 1942 le dirent pivertiste. Syndicaliste avant tout, il était considéré comme ayant une indiscutable influence sur les ouvriers, mais « calme et posé », il aurait été souvent en désaccord avec Baudin en particulier sur l’intrusion de la politique dans le syndicat. C’est ce que concluait une première enquête de la police spéciale le 24 février 1940. Il fut dénoncé ainsi que son fils, François, et Marcel Baudin par l’ingénieur des Ponts et Chaussées, responsable du port de la localité, le 21 septembre 1940, à cause de leur rôle dans le syndicat des dockers et de leur influence sur les ouvriers. Le vice-amiral Moreau, commandant la circonscription maritime, à qui cette lettre avait été adressée, la transmit au préfet des Bouches-du-Rhône afin que les mis en cause soient internés. Baudin le fut le premier le 20 septembre. Une nouvelle enquête de la police spéciale revenait 16 octobre 1940 sur l’influence que Joseph Simonnet exerçait, mais aussi sur son sérieux. Elle signalait qu’il demandait depuis quelques jours un franc par jour de travail aux dockers pour pour Marcel Baudin et Marius Paulet, alors internés au camp de Chibron (commune de Signes, Var). Les relations entretenues avec les milieux communistes suffirent pour qu’un arrêté d’internement administratif soit pris à son encontre le 9 décembre 1940, un mois après son fils. Il fut envoyé à son tour à Chibron. Il écrivit aux autorités, le 20 janvier 1941 que ni lui, ni son fils n’étaient membres d’un parti politique et que sa vie était un « modèle de travail et d’honnêteté ». Le 16 juin 1941, le commissaire Seignard, chef de la police spéciale, estimait que la sanction était suffisante et donna un avis favorable à une libération conditionnelle avec « un long délai probatoir  », mais le préfet refusa le 3 juillet « pour le moment ». Il était toujours interné le 5 mars 1942.
Son fils, François, Léon, né le 7 mai 1911 à Sète, père de trois enfants, était docker à Port-Saint-Louis comme son père. Alors que celui-ci était socialiste « avancé », lui était catalogué comme communiste par la police qui considérait qu’il avait été membre du PC entre 1934 et 1938. Syndicaliste, il aurait participé à de « nombreux » piquets de grève lors des occupations d’usines, mais aurait cessé toute activité depuis la grève du 30 novembre 1938. Dénoncé comme son père par l’ingénieur des Ponts et Chaussées, responsable du port, il fut envoyé au camp d’internement de Chibron par un arrêté signé le 9 novembre 1940. Le commissaire Gaubert, de la Police spéciale estimait, le 11 février 1941, qu’il n’avait jamais été membre du PC, mais avait été un sympathisant en relation avec les élus communistes de Port-Saint-Louis ; il confirmait qu’il avait cessé son activité syndicale après la grève du 30 novembre 1938 et ajoutait qu’il n’y avait rien à signaler sur son attitude politique. Le 6 juin 1941, son successeur, le commissaire Seignard jugeait la sanction suffisante et donnait un avis favorable à une libération conditionnelle, tout comme pour son père, mais, le 3 juillet, le préfet se refusa à l’envisager « pour le moment ». Un arrêté de libération pour trois mois fut signé finalement le 15 décembre 1941. Les gendarmes donnèrent, le 5 mars 1942, un avis favorable pour sa libération définitive, ce qui fut fait le 12 mars.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article238816, notice SIMONNET Joseph, Abraham par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 24 février 2021, dernière modification le 24 février 2021.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 5 W 215 (dossier internement). — Arch. Dép. Var, 4 M 292. — Rouge Midi, organe régional du Parti communiste, 27 avril 1935 (BNF Gallica). — Notes de Louis Botella. — État civil.

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