BOITON Marcel, Étienne, Clément

Par Jean-Luc Marquer

Né le 11 novembre 1914 à Heyrieux (Isère), tué le 27 août 1944 à Heyrieux ; charcutier ; résistant de l’Armée secrète, homologué Forces françaises de l’Intérieur

Marcel BOITON
Marcel BOITON
Photo : Collection privée, famille Boiton

Marcel, Étienne, Clément Boiton était le fils d’Étienne Boiton, cultivateur, et de Clémence, Marie Serve-Martin, son épouse.
Quatrième enfant d’une famille de six, sa scolarité à l’école communale d’Heyrieux (Isère) s’acheva par l’obtention du certificat d’études primaires. Il devint alors apprenti charcutier et réalisa un "Tour de France" pour apprendre le métier.
Reconnu apte au service militaire, il fut appelé sous les drapeaux le 22 octobre 1935 et affecté comme cuisinier à la 3ème compagnie du 71e Bataillon alpin de forteresse, stationnée à Modane (Savoie). Il passa à la deuxième compagnie le 1er juin 1936 et devint éclaireur-skieur le 23 novembre de la même année.
Rendu à la vie civile le 15 octobre 1937, il reprit son métier de charcutier, à Neuilly-Plaisance (Seine-et-Oise, aujourd’hui Seine-Saint-Denis) puis à Firminy (Loire).
Il revint à Heyrieux en avril 1939.
Mobilisé le 24 août 1939, il rejoignit le centre de mobilisation de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) où il fut affecté au 21e B.I. (Bataillon d’instruction ?).
Le 21 mars 1940, il passa au 44e Bataillon de chasseurs à pied qui faisait partie de la 23e Demi-brigade de chasseurs à pied, stationnée dans l’est de la France, en arrière de la ligne Maginot.
Lors de la Bataille de France, la 47ème division d’Infanterie, dont faisait le 44ème B.C.P. combattit d’abord dans la Somme, puis après des combats dans l’Oise, se replia sur la Loire, Jargeau (Loiret), avant que la plupart de ses unités ne soit capturée à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), le 19 juin 1944.
Selon l’histoire familiale, Marcel Boiton aurait été fait prisonnier et aurait réussi à s’échapper avec un alsacien avant leur transfert vers l’Allemagne.
Son livret militaire porte la mention d’une réforme définitive prononcée par la commission de réforme de Lons-le-Saunier (Jura), le 13 mai 1940. Cette indication n’est pas portée sur le registre matricule militaire.
Il est probable que cette mention ait été un subterfuge pour justifier ses déplacements sans courir le risque d’une arrestation.
Le 8 août 1940, il fut rendu à la vie civile par le centre de démobilisation de Lyon.
Revenu à Heyrieux, il reprit son travail de charcutier, quand celui-ci était possible, complétant son activité avec des travaux agricoles.
Le 11 octobre 1941, il épousa Joséphine, Marie Louvier à Toussieu (Isère, aujourd’hui Rhône).
Le mariage fut considéré comme une mésalliance par le père de Marcel Boiton. La jeune femme habitait en ville, était ouvrière dans une usine de masques à gaz et ignorait tout ou presque des usages de la vie rurale.
Une fille, Michelle, naquit le 24 octobre 1942, puis arriva Renée le 8 avril 1944.
La famille habitait rue du Colombier à Heyrieux dans une maison propriété de la famille Boiton pour laquelle Marcel Boiton payait un loyer.
Il s’engagea dans la Résistance et rejoignit les rangs du secteur 7 de l’Armée Secrète de l’Isère, secteur de Bourgoin (aujourd’hui Bourgoin-Jallieu, Isère).
Ses services sont homologués à partir du 15 juin 1944 mais son engagement était plus ancien.
Un document, reproduit dans l’ouvrage de Julien Guillon cité dans les sources, signé par le Chef d’État-Major des secteurs 6 et 7, le Commandant Lécrivain-Servoz, indique qu’il entra dans la Résistance dès son retour à Heyrieux.
Le 27 août 1944 à 9 heures, il fut tué au bord de la route nationale à la sortie Ouest d’Heyrieux dans des circonstances imprécises. Sa mort fut provoquée par un tir "ami" et non par une balle allemande, alors qu’il était en train de préparer à manger pour le groupe de résistants qui se trouvait posté là.
Preuve de l’embarras des autorités, deux listes de morts se trouvant dans le dossier d’homologation du secteur 7 comme unité FFI, indiquent, sur l’une, que Marcel Boiton est mort le 23 août 1944 lors des combats pour la libération de Bourgoin, sur l’autre le 28 août 1944, au combat de Saint-Laurent-de-Mure (Isère, aujourd’hui Rhône)
Marcel Boiton fut enterré à Heyrieux le 29 août 1944 dans l’après-midi.
Il obtint la mention "Mort pour la France" et fut homologué résistant, membre des Forces françaises de l’Intérieur.
Son nom figure sur le monument aux morts d’Heyrieux et sur celui de Bourgoin-Jallieu (Les Résistants du secteur 7 à leurs camarades...).
Joséphine Boiton, confrontée aux mesquineries de sa belle-famille et bien qu’aidée par le voisinage, vécut trois années terriblement difficiles jusqu’à ce que ses filles soient scolarisées et qu’elle obtienne un emploi de femme de service à l’école maternelle d’Heyrieux en 1947.


Notice provisoire

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article238901, notice BOITON Marcel, Étienne, Clément par Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 1er mai 2021, dernière modification le 3 août 2021.

Par Jean-Luc Marquer

Marcel BOITON
Marcel BOITON
Photo : Collection privée, famille Boiton

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 38/14. — GR 16 P 68602 (à consulter). — AVCC Caen, AC 21 P 25822 (à consulter) — Guillon Julien, Résistances : Histoire du Secteur 7 - "Rhône-Isère" - 1940-1944, 1er trimestre 2015. — Documents, notes et témoignages recueillis par Jean Bojarski, Heyrieux — État civil.

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