BURSZTYN Szmul (ou Szmuel), Josef [écrit souvent BURSZTYN Josef]

Par Lynda Khayat

Né le 1er octobre 1912 à Piaski (Pologne), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; docteur en médecine de l’Université de Paris ; militant communiste, membre sous l’Occupation du Comité parmi les intellectuels, lié à l’organisation Solidarité, rédacteur de la presse clandestine de la sous-section juive de la MOI du PCF.

[APPP, Id. Jud.]

Fils d’une famille juive aisée de Lublin, très jeune, Szmul Burstyn rejoignit le groupement des Jeunesses communistes de sa ville natale. Élève brillant, il passa avec succès son baccalauréat avant de gagner la France, pour y poursuivre ses études de médecine. Pendant trois ans, inscrit à la Faculté de Reims, il y mena une intense propagande révolutionnaire, responsable alors de l’organisation Combat regroupant des étudiants juifs étrangers. Il rejoignit ensuite Paris pour y finir ses études. En 1938, il s’installa avec sa femme rue Jean-de-Beauvais (Ve arr.) ; de leur union naquit la même année, une fille, Claire. Durant la guerre d’Espagne, membre du Comité d’accueil des volontaires installé avenue Mathurin-Moreau, il examinait les candidats à l’engagement dans ce centre de recrutement parisien. Étudiant jusqu’aux hostilités, il vivait des subsides que ses parents lui envoyaient de Pologne. Engagé volontaire le 2 septembre 1939, il devint docteur en médecine de l’Université de Paris en octobre de la même année, car il ne fut mobilisé qu’en juin 1940 au camp de Saint-Loup dans les Deux-Sèvres, où on l’affecta dans un hôpital militaire.
Après sa démobilisation, de retour à Paris, il prit part à la création en 1941 d’un Comité parmi les intellectuels lié à l’organisation clandestine Solidarité dépendant de la sous-section juive de la MOI du PCF, aux côtés entre autres de l’avocat Michel Rolnikas, de l’ingénieur chimiste Natan Dyskin, de l’ancien journaliste à Naïe Presse Samuel Nadler. Leurs réunions se tenaient rue Manin (XIXe arr.), au domicile de Vovek Czyrzyk, militant de la presse clandestine juive, avec lequel il rédigeait Notre Voix, Notre Parole, de nombreux appels et tracts destinés aux intellectuels. Dès le 12 juillet 1941, recherché par les inspecteurs de la 3e section des Renseignements généraux, suite à l’arrestation d’Abraham Erlich, médecin communiste, avec qui il était en contact, il quitta pendant quelque temps son domicile.
Au cours d’une vague d’arrestations opérée parmi les militants de la MOI, il fut interpellé par des inspecteurs de la brigade spéciale de la préfecture de police le 26 avril 1942, tombant dans une souricière au moment où il se présentait au domicile de la militante communiste, Masja Lew, chargée du TA (travail allemand). Lors de son interrogatoire, la police établit ses liens avec le docteur Aimé Albert, médecin de l’Organisation spéciale, groupe armé clandestin du Parti communiste. Accusé d’être en relation avec les membres du deuxième détachement des FTP-MOI, Hersch Zimmermann, ancien volontaire d’Espagne et Salek Bot, originaire de Lublin, décédés tous deux la veille de son arrestation dans l’explosion de la bombe qu’ils mettaient au point, il fut incarcéré sur ordre des autorités allemandes à la prison de la Santé, puis transféré au camp d’internement de Compiègne. Lui et six autres de ses camarades arrêtés dans la même affaire, inscrits le 7 août 1942 sur une liste d’otages établie par l’occupant, furent emmenés par la police allemande dans la nuit du 10 au 11 août au fort de Romainville, sans qu’ils fussent prévenus de leur prochaine exécution, puis transférés par la police française au fort du Mont-Valérien aux premières heures du matin. Szmul Bursztyn fit partie des 88 communistes fusillés par les Allemands le 11 août 1942 à Suresnes ; attachés aux poteaux d’exécution, aucun d’entre eux ne se laissa bander les yeux. Dans la nuit du 11 au 12 août 1942, son cercueil fut transféré par la police allemande au crématoire du cimetière du Père-Lachaise, où son corps fut incinéré. Le 14 août, le préfet de police fut chargé par les autorités allemandes de disséminer les urnes contenant les cendres des fusillés dans divers cimetières du département de la Seine, posées à même la terre sans signes extérieurs visibles, afin qu’elles ne puissent pas être rapidement identifiées. L’urne de Szmul Burstyn fut enterrée au cimetière parisien de Pantin, division 141, tombe 64.
Sa femme, internée au camp de Beaune-la-Rolande le 19 juin 1942, fut déportée le 7 août de la même année à Auschwitz, où elle trouva la mort. Leur fille Claire, née en 1938, qui échappa à ce sort, s’installa après la guerre quelque temps chez un frère de son père à Londres, puis chez sa grand-mère maternelle en Israël, avant de revenir vivre définitivement en France en 1956. Elle avait été adoptée par la Nation le 21 octobre 1955.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23903, notice BURSZTYN Szmul (ou Szmuel), Josef [écrit souvent BURSZTYN Josef] par Lynda Khayat, version mise en ligne le 12 décembre 2008, dernière modification le 13 novembre 2020.

Par Lynda Khayat

[APPP, Id. Jud.]
Cliché communiqué par sa fille.
Caveau au Père Lachaise.
il y a une légère erreur sur la date à laquelle il a été fusillé : c’était le 11 août 1942, et non le 10 août.
Il est dans le même caveau que Samuel Mounié Nadler.

SOURCES : Arch. Nat., F 9 art. 5 752 Fichier du camp de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. – Arch. PPo. BS2 GB 100 Affaire Lew, explosion 49 rue Geoffroy Saint Hilaire (25 avril 1942), BS2 Fonds photo. de l’identité judiciaire ; BA 2116 Condamnations et exécutions par les autorités allemandes (1941-1944). – DAVCC, Caen (Notes Delphine Leneveu). – CDJC XVL 85 Ensemble de 87 fiches indiv. d’otages émanant du service IV-B du chef de la Sipo-SD France à Paris (7 août 1942) ; Notre Voix, Éd. Zone non occupée, no 10, octobre 1942. – David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la résistance, Paris, Éd. Renouveau, 1984, p. 83-84. – David Diamant, Combattants juifs dans l’armée républicaine espagnole, 1936-1939, Éd. Renouveau, 1979, p. 323. — Courriers de sa fille, décembre 2015. — Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Perrin, 2018.

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