GALLOUIN Maurice, Léon [docteur GALLOUËN]

Par André Delestre

Né le 26 août 1879 à Lorient (Morbihan), mort en juin 1945 à Bergen-Belsen (Allemagne) ; médecin à Rouen, médecin cheminot ; Militant du Front Populaire ; militant de la LDH, Franc-Maçon ; mort en déportation.

Originaire de Lorient (Morbihan), le 14 octobre 1899 il contracta un engagement militaire pour entrer à l’École de santé de Lyon. Le 25 juin 1901, il passa avec succès son examen d’aptitude. Le 25 octobre 1902 il entra à l’École d’aptitude du service de santé comme médecin stagiaire, puis fut nommé médecin aide-major de 2e classe à l’Hôpital militaire de Lille (Nord). Il démissionna en 1909 pour venir s’installer à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), en partie avec l’aide du peintre Paul Beaudouin (oncle de son épouse). Il changea son nom de Gallouin en Gallouën. Musicien, il jouait du violon et de l’alto.

Installé à Rouen, il habitait au 105 rue de la république et avait son cabinet au n°53, rue Louis Ricard. Le 11 aout 1911, il fut embauché comme médecin de section des chemins de fer de l’Ouest à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime).

Mobilisé, il fut affecté médecin aide major le 8 août 1914 à Noisy-le-Sec jusqu’en septembre 1915. Nommé nommé médecin chef au 28e RI il fut cité à l’ordre du corps d’armée à la date du 8 octobre 1915 (28ème RI) lors des combats du 25 septembre au 1er octobre. Par la suite il connut des affectations dans des hôpitaux, comme Moulins — où il fut chirurgien quinze jours en 1916 — Houlgate (avril 1917), Caen (octobre 1917), Région nord (octobre 1917). Il fut démobilisé le 11 février 1919 et se retira à Rouen, où il reprit ses activités d’avant guerre.

De retour à Rouen, il eut bientôt la réputation d’être le médecin des pauvres, en se faisant pas payer quand ses clients n’en avait pas les moyens. Il donna des cours gratuits sur la prévention et la santé aux jeunes filles, femmes et mères de famille. II s’occupa du Secours aux indigents et du dispensaire, impasse de Carville à Rouen. Franc-maçon, il fonda la loge « La fidélité Normande ».

Pendant la guerre d’Espagne, il organisa la solidarité avec les républicains espagnols. II accueillit des fillettes espagnoles réfugiées. A partir du 5 main 1939, il donna des cours, salle Pupin, 50 rue Saint Nicolas à Rouen, aux « Volontaires d’assistance et de santé » du Comité rouennais du Mouvement mondial des femmes pour la paix et contre le fascisme.

Président du comité du Front populaire de Rouen, il présida le 21 janvier 1938 sous la Halle aux blés, un meeting de lutte et de rassemblement qui réunit 7000 personnes. A cette époque il était vice-président du comité de section rouennais de la Ligue des droits de l’Homme. Le 12 mai 1939, il signa une tribune, dans le journal communiste l’Avenir Normand, sur l’imposture des accords de Munich dans laquelle il dénonçait la collusion des signataires avec Hitler. Dénonçant l’ignominie de l’article de Déat « les français ne veulent pas mourir pour Dantzig », il alertait de manière prémonitoire sur le risque d’« abandon de la Pologne, ensuite de la Roumanie, et l’attaque de l’URSS », estimant que « dans les pays démocratiques, la 5e colonne [était] au pouvoir ». Le 30 octobre 1939, à Maromme, lors du congrès départemental du mouvement Paix et liberté qui réunit 500 délégués, il fit voter une résolution contre les accords de Munich. En août 1939, il fut fait officier de la Légion d’honneur.

II avait soixante ans quand la guerre arriva. Très vite, il entra dans la résistance, où il ne fit pas de la figuration, aidant les cheminots, cachant des explosifs et des imprimés interdits chez lui, soignant et cachant des soldats français. Il fut dénoncé par un français.

Franc-maçon et président du comité du Front populaire, il était un client de choix pour la Gestapo. II fut arrêté à son cabinet le 23 juin 1941, incarcéré à Compiègne (Oise) et déporté par le convoi I 74 parti de Compiègne le 24 janvier 1943 vers le camp de concentration d’Oranienburg, près de Berlin (Allemagne). Il y fut enregistré sous le numéro de matricule 58881.

En février 1945, il fut déplacé au camp de Bergen-Belsen. Il utilisa ses compétences de médecin pour essayer de soulager les souffrances de ses compagnons. Libéré en mars 1945, il refusa de rentrer en France pour continuer de soigner ceux qui ne pouvaient être transportés.

Le 13 mai 1945, alors qu’il se trouvait toujours en Allemagne, il fut élu conseiller municipal aux Authieux-sur-le-Port-Saint-Ouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) sur une liste d’unité républicaine et antifasciste, avec comme maire, le communiste Ernest Dubois. Victime de son dévouement, il y mourut du typhus en juin 1945. Son corps ne fut pas retrouvé.

Marié, il eut 2 enfants. Une rue du Mont-Gargan à Rouen porte son nom ainsi qu’une autre sur la commune de Sotteville-Lès-Rouen. Il possédait un château aux Authieux-Port-Saint-Ouen. Au 53 rue Louis Ricard à Rouen, une plaque rappelle son souvenir.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239067, notice GALLOUIN Maurice, Léon [docteur GALLOUËN] par André Delestre, version mise en ligne le 27 avril 2021, dernière modification le 27 avril 2021.

Par André Delestre

SOURCES : Dominique Samson, Chroniques du Mont-Gargan ; Un quartier à l’Est de Rouen — Annie Vimont-Le Brozec Biographie du Docteur Gallouen — Centre Arch. Historiques SNCF, Le Mans (en ligne) cote CXXV.2 118LM108/1 — Arc. dép. de Seine-Maritime, Liste électorale de Rouen (2e canton) pour 1913 cote 3 M 73. — Arc. dép. du Morbihan, fiche matricule, classe 1899 N°1234, cote R 1071 — Avenir Normand, journal régional du PCF (Seine-Maritime et Eure), 18 février1938, 14 octobre 1938, 28 avril 1939, 12 mai 1939, 16 mai 1945. — Le Petit-Journal, 12 août 1939— Notes de Gilles Pichavant.

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