ROUCHVARGER Maurice, Israël

Par Eric Panthou

Né le 17 janvier 1894 à Odessa (Russie, aujourd’hui Ukraine), exécuté sommairement par la Résistance le 1er juin 1944 à Fridefont (Cantal), au bois du Viallard ; mécanicien ; victime civile.

Fils d’Abraham et de Liba Herschensohn, Maurice Rouchvarger -souvent orthographié Rouchevarger- était d’origine juive. Immigré en France avec ses parents, au Perreux, aujourd’hui Le Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne), Maurice Rouchvarger fut engagé volontaire durant la 1ère guerre mondiale, combattant pendant un an avant d’être réformé en août 1915 pour raison médicale. Il reçut une citation à l’ordre du Bataillon du 1er régiment de marche de la Légion étrangère. Une source indique qu’il aurait reçu la Légion d’Honneur mais son nom ne figure pas sur la base Léonore qui recense les récipiendaires.
Ayant quitté l’école à 12 ans, il avait un niveau d’instruction rudimentaire, parlant un peu russe et allemand et correctement l’hébreu et le français. Il devint mécanicien ajusteur. Son père était un ancien tailleur et sa mère vendait sur les marchés.
Il se maria une première fois le 30 septembre 1913 avec Yvonne Dubois, jeune fille d’origine juive née le 21 août 1908 à Villetaneuse, avec qui il eut une fille née en 1914. Son épouse prétendit qu’il l’aurait abandonnée avec son enfant alors qu’il était absence pour cause de convalescence pendant la guerre. Il divorça en 1925 et se maria en juillet 1927 avec Suzanne Sauvard avec qui il eut un fils et une fille. Il aurait de nouveau divorcé en 1942 pour se remarier avec Suzanne Genty.
Il fut naturalisé français par décret du 6 juillet 1931 - comme son père, mort au Perreux en 1935.
Il occupa différents emplois. De 1917 à 1918, il était chauffeur particulier pour un industriel à la Courneuve. En 1932 alors qu’il habitait 91 avenue de Paris à Noisy-le-Grand, il postula pour un poste d’inspecteur provisoire ou de chauffeur à la police des chemins de fer, soutenu par le député Ballu, mais ne fut pas retenu faute de places vacantes répondit le Ministre de l’intérieur. Son dossier de candidature démontre que le Police considéra que les renseignements recueillis contre lui n’étaient pas favorables, en particulier en raison d’un soi-disant vol. L’accusation de vol portée par son employeur en 1918 était infondée, Maurice Rouchvarger ayant simplement gardé le vêtement qu’on lui avait acheté pour assurer son rôle de chauffeur. L’employeur consentit à retirer sa plainte vieille de 14 ans.

Lors de la rafle du Vél’d’Hiv le 16 juillet 1942, une de ses épouses et leur fille furent arrêtées, la première étant déportée à Auschwitz. Il s’agit peut-être d’Yvonne Dubois mais son nom n’apparaît pas sur la base de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Il vint se réfugier à Chaudes-Aigues (Cantal) sous l’Occupation, sans qu’on sache à quelle date. Là, il travailla comme mécanicien tandis que sa femme était couturière. Le couple logeait à l’Hôtel Notre-Dame, sur la Place du Marché.
Il fut arrêté sur ordre de la Résistance entre le 15 et 20 mai 1944 par le gendarme Verrières à Saint-Urcize (Cantal). Rouchvarger avait été appelé pour dépanner une voiture et fut alors arrêté. Il fut ramené aux Deux-Verges (Cantal), où il fut interrogé brutalement par le maquis. Rouchvarger était accusé d’avoir dénoncé des Juifs. Niant les faits, il fallut attendre l’arrestation de l’avocat parisien Marcel Menesclou, qu’il accusait d’être l’auteur des faits, pour confronter les deux hommes.
Le 1er juin 1944, un tribunal érigé par le maquis Revanche siégeant à Fridefont (Cantal) et présidé par le colonel Mondange, condamna à mort Maurice Rouchvarger et Marcel Menesclou.
Ils furent exécutés le même jour au bois du Viallard à Fridefont.

Après guerre, Albert Mencarelli alias Marius, fut le seul résistant traduit devant un tribunal pour ces faits, accusé d’avoir émasculé Menescou. Il fut acquitté le 20 mai 1954.
Maurice Rouchvarger n’a pas de dossier de victime civile mais il a été réhabilité par jugement du tribunal civil de Saint-Flour en date du 14 décembre 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239187, notice ROUCHVARGER Maurice, Israël par Eric Panthou, version mise en ligne le 7 mars 2021, dernière modification le 23 février 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : Jean Favier, Mémorial du réduit de la Truyère, Aurillac, Union des ACVG - CVR du Cantal, Musée de la Résistance d’Anterrieux, 2008. — Généanet. — Archives nationales de Pierrefitte, dossier d’instruction d’une demande d’emploi dans la police mbile pour Maurice Rochvarger. — État civil Fridefont. — Mail de Lydia Rouchvarger, sa petite-fille, le 11 mars 2021.

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