REMÉRAND Marie, Victorine, épouse DAMIANI

Par Loïc Damiani

Née le 12 avril 1903 à Paris (XVIIIe arr.), morte le 3 mai 1988 à Villiers-Saint-Denis (Aisne) ; ajoureuse puis employée  ; militante socialiste d’Ermont (Seine-et-Oise, Val d’Oise) puis communiste de Fontenay-sous-Bois (Seine, Val-de-Marne).

Marie Damiani en 1953.

Fille de Louis Remérand journalier et de Charlotte Marie Dugeon journalière puis blanchisseuse. Après son certificat d’études elle travailla comme ajoureuse. Elle rencontra Joseph, Léonce Damiani et l’épousa en 1924. De cette union naquirent deux fils. Jacques né le 4 décembre 1924 puis Pierre né le 29 septembre 1928. Le couple résiae dans les années 1930 à Ermont (Seine-et-Oise) rue Nouvelle qui devint ensuite la rue du Sergent Desolneux. Marie travailla à la comptabilité et aux approvisionnements de l’entreprise de son époux Radio-Tour dans le IXe arrondissement.

Membre, avec son époux, de la SFIO de la section d’Ermont, elle milita au sein du comité Amsterdam-Pleyel contre la guerre et le fascisme. Elle en devint l’animatrice son antenne locale. Elle participa aussi à la solidarité avec l’Espagne républicaine à partir de 1936 et accueillit pour quelques mois chez elle l’année suivante deux enfants de Bilbao.

Durant l’Occupation elle prit soin de son fils aîné Jacques Damiani lorsqu’il était emprisonné à Fresnes en mai 1941. À partir de juillet 1942 et dans les mois qui suivirent, elle s’occupa de deux fillettes juives et leur grand-mère que son mari avait ramené chez eux au moment de la rafle du vélodrome d’hiver (les deux jeunes filles survécurent à la guerre). Installée fin 1942 à Remoulins dans le Gard dans la maison d’été de la famille, elle s’engagea dans la Résistance au sein du mouvement Libération Sud. À partir de 1943 et jusqu’à la Libération elle organisa le ravitaillement du maquis “Ardennes“ implanté à l’Est de Valliguières. Elle n’hésita pas à s’y rendre elle-même avec sa charrette à bras au moins une fois par semaine alors même que des soldats allemands occupaient une partie de la propriété, la villa des Roses.

Début juin 1944, elle ait déserter deux soldats allemands qui avaient été postés sur le toit de la villa. Ils avaient arrêté près de leur camp, la voiture de commandant Brin délégué départemental adjoint de la Croix Rouge Française du Gard et l’avaient obligé à les emmener voir Marie Damiani. Après les avoir désarmés, elle brûla leurs uniformes dans la cheminée et les conduit au maquis de Valliguères où ils sont intégrés.

Le 13 août 1944 au petit matin, Marie Damiani entendit qu’un train s’est arrêté à la gare de Remoulins et qu’il était sur la voie ferrée qui longeait la propriété. Il s’agssait d’un convoi qui transporaite 800 déportés entré dans l’histoire sous le nom de “train fantôme“. Elle fut très sensible à cette situation puisqu’elle savait déjà que son fils aîné, Jacques Damiani, résistant FTP avait été déporté le 2 juillet précédent depuis Compiègne. Elle se précipita et donc vers le train pour ravitailler les prisonniers mais fut repoussée par les gardes. Elle exigea de parler à l’officier qui commandait le convoi. Ce dernier lui précisa que seule la Croix rouge pouvait être autorisée. Marie se rendit chez le responsable de la Croix rouge de Remoulins, le capitaine Salles, pétainiste et collaborateur notoire qui refusa de la recevoir et la dénonça au commandant du train comme « mère de terroristes ». Elle décida de se rendre à Nîmes (à plus de 20 km), à pied, pour obtenir une autorisation de la Croix rouge du Gard. Connaissant le délégué départemental adjoint, le commandant Brin, elle reçut une autorisation signée du général Michel pour puiser dans le stock de Remoulins réservé aux prisonniers de guerre. De retour, les pieds gonflés par la chaleur et la distance, elle enfonça la porte de la Croix rouge de Remoulins. Elle organisa le ravitaillement du train (eau, fruits, légumes, pain…) avec des femmes du village. Ces distributions se firent sous la surveillance des gardiens du train qui tienaient Marie en joue. Elle organisa aussi l’enterrement de Léon Cigarroa, déporté mort dans le train, dans le cimetière communal. C’est elle qui annonça aux déportés le débarquement des Alliés en Provence. Jusqu’au 17 août au soir elle passa toutes ses journées, sous la menace des armes à s’occuper des déportés. Le lendemain de leur départ, elle récupéra un évadé du train et le fit monter au maquis ; il participa une quinzaine de jours plus tard à la libération de Remoulins.
En septembre, Marie Damiani fut désignée par le Comité local de libération et devint présidente du comité d’épuration de Remoulins qui siégea plusieurs semaines durant à la mairie.

Revenue à Ermont, elle fut élue conseillère municipale SFIO aux élections de 1945. Elle s’occupa particulièrement des questions d’hygiène, de ravitaillement, de soins aux orphelins et de la gestion du dispensaire. Ayant retrouvé ses deux fils (Jacques revenu de déportation et Pierre revenu blessé du maquis Bir-Hakeim) elle poursuivit son engagement au sein des Mouvements Unis de la Résistance et participa à l’aide aux ex-prisonniers et déportés soviétiques. Elle fut aussi vice-présidente l’Union de la Résistance et de la Renaissance Française d’Ermont. En 1946, elle fut "grand électeur" désignée par le Conseil municipal.

Séparée en 1947 de Joseph Damiani, elle s’installa au 41 rue de Lancry dans le Xe arrondissement de Paris. Elle n’obtint le divorce qu’en 1952 et reprit son nom de Marie Remérand. Elle travailla, à partir de 1950, dans les bureaux des Usines Chimiques des Laboratoires Français (UCLAF) à Romainville. Avec son amie et collègue la militante communiste Madeleine Mercier de Bobigny elle se rapprocha du PCF. Le 23 mai 1952 elle participa à la manifestation contre la venue à Paris du général Ridgway commandant en chef de l’OTAN en Europe. Elle y fut matraquée et fut extirpée des heurts par son fils Jacques Damiani et l’ami de celui-ci Georges Charpak.

Elle déménagea à Fontenay-sous-Bois fin 1983. Elle y adhéra au PCF et y milita dans la cellule Langevin. Elle décéda en mai 1988 et fut enterrée au cimetière municipal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239195, notice REMÉRAND Marie, Victorine, épouse DAMIANI par Loïc Damiani, version mise en ligne le 7 mars 2021, dernière modification le 7 mars 2021.

Par Loïc Damiani

Marie Damiani en 1942
Marie Damiani en 1953.

SOURCES  : Documentation familiale.

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