MARTIN Auguste, Eugène [dit MARTIN-COUPAYE] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 17 novembre 1866 à Fumay (Ardennes) ; mort le 26 février 1925 ; ouvrier boulanger puis ouvrier ardoisier ; anarchiste, syndicaliste puis communiste de Fumay.

Martin-Coupaye travailla à l’ardoisière Sainte-Anne du 9 juillet 1882 au 1er février 1883, qu’il quitta volontairement. En 1883, il fit son apprentissage à la boulangerie Justine, rue des Capucines à Charleville, il y resta un an.

En 1884, il se faisait embaucher par le boulanger Boistay 6 rue du Baty à Fumay, il y resta pendant 8 mois jusqu’à être licencié parce qu’il demandait de l’augmentation. Il revint à Charleville chez M. Collignon, rue Saint-Paul. Il travailla ensuite à Mesmont (Ardennes) chez M. Dapremont, le remplaçant pendant qu’il était malade.

En 1885, il se fit embaucher à Fumay pendant deux mois à la boulangerie Laurent. Comme il ne gagnait pas assez, il travailla quelques mois à l’ardoisière Sainte-Anne du 1er janvier à Pâques 1886. Il se fit embaucher ensuite chez M. Liégeois, meunier et boulanger à Poix-Terron (Ardennes).

De la classe 1886, il fut affecté dans les services auxiliaires pour faiblesse et passa dans la réserve le 1er novembre 1890.

En novembre 1886, il entra comme boulanger chez M. Coupaye, 26 place d’Armes à Fumay, jusqu’au 26 juillet 1891.

Le 20 octobre 1888, il se maria à Fumay avec Catherine, Mathilde Coupaye, journalière. Ils eurent deux enfants.

A la demande d’Emile Léonard, Martin-Coupaye rentra au Cercle d’études sociales l’Emancipation, ayant une certaine instruction, il pouvait leur rendre service pour s’occuper de la correspondance, il fut ensuite élu le secrétaire du groupe. Léonard lui conseilla un peu plus tard de correspondre avec Paul Rousseau de Paris qui lui envoya les premiers numéros du Père Peinard. Ce fut en lisant ce journal et la Révolte qu’il s’initia à l’anarchisme. Il devint le correspondant du journal socialiste L’Emancipation et le dépositaire à Fumay de La Révolte et du Père Peinard.

Un jour, à la gare, Lambert-Hamaide, le secrétaire du syndicat des ardoisiers, lui montra Druard en lui disant que c’était un anarchiste et qu’il avait été en discussion avec lui lors des grèves de Revin.

Martin-Coupaye fit la connaissance de Druard, le 22 mars 1891, jour où l’on célébrait à Fumay l’anniversaire du 18 mars. Après la réunion ayant eu Jean-Baptiste Clément pour orateur, Martin-Coupaye et Druard se promenèrent dans les rues de Fumay et Druard lui demanda s’il pouvait lui procurer de la dynamite. Il y avait avec eux Louis Raguet, un carrier. Il lui expliqua que Raguet pourrait leur en fournir. Raguet, après avoir hésité accepta, Druard disant qu’il en prenait toute la responsabilité.

Martin-Coupaye porta à Revin quatre cartouches données par Raguet et les remit à Druard dans son atelier. La veille de l’explosion, Durbecq lui avait dit : « Ca va péter à Revin », tenant l’information de Chuillot.

Mais Druard avait enterré les premières cartouches dans son jardin et elles furent attaquées par les taupes et rendues inutilisables, il en réclama d’autres. Raguet lui remit une autre fois des cartouches de dynamite, Martin-Coupaye écrivit à Druard qui était venu les chercher. Chuillot ayant demandé une nouvelle livraison, il revint en chercher le lendemain. Au total, Martin-Coupaye avait livré 20 cartouches de dynamite (9 à Druart et 11 à Chuillot).

Le 1er mai 1891, dans les rues de Fumay, il proclama que « le jour était proche où il n’y aurait plus ni gendarmes, ni magistrature, ni fonctionnaires, que nous les anarchistes, serions bientôt les maîtres. »

C’était Martin-Coupaye qui avait envoyé la note au Père Peinard la convocation afin de créer un groupe anarchiste à Fumay. Il recevait chaque semaine 15 numéros du Père Peinard et 10 de La Révolte. Il n’en vendait que 18 ou 20. Il avait reçu également cinq exemplaires de l’Antipatriote, Louis Perrault l’administrateur du journal, le priant de les distribuer et de faire savoir combien il pourrait en vendre, mais Martin-Coupaye n’avait pas répondu.

Le 26 juillet 1891, se tenait à Fumay une réunion anarchiste à laquelle assistaient plusieurs jeunes gens de la ville : Emile Martin et trois carriers Louis Raguet, Alphonse Raguet, Hornstein, Allard et Jason de Couvin, un ami de Druard. La réunion fut interrompue par l’arrivée des gendarmes.

Le 28 juillet 1891, suite aux attentats à la dynamite commis à Revin et Charleville, Martin-Coupaye était arrêté rue du Moulin à Fumay,

Le 29 juillet, une perquisition eut lieu chez lui, 33 place d’Armes, en présence de sa femme Catherine Coupaye qui permit de découvrir 28 numéros de la Révolte, une lettre du 16 juillet 1891, signée L. Perrault, relative à l’envoi de journaux, 3 exemplaires de l’Antipatriote, 5 numéros d’une chanson Ce que nous voulons, un exemplaire d’une chanson Le Père Peinard au populo , une brochure Prise de possession de Louise Michel, 3 brochures de J. B. Clément (Le Péril social, L’action révolutionnaire, La conquête des pouvoirs publics), plusieurs brochures de Pierre Kropotkine Aux jeunes gens, Les prisons, La morale anarchiste, Le salariat, trois publications de la Révolte ayant pour titre Richesse et misère, trois brochures Dialogue entre un anarchiste et un autoritaire (première publication), neuf brochures Dialogue entre un anarchiste et un autoritaire (2e publication La Révolution), trois brochures Réponse au citoyen Jules Guesde.

Traduit le 11 novembre devant la cour d’assises des Ardennes, il fut toutefois acquitté.

La chambre syndicale des ardoisiers avait été dissoute en 1891, Martin-Coupaye la reconstitua en novembre 1901, il en était le secrétaire, elle comprenait 232 adhérents. Elle adhérait à la Fédération des syndicats des Ardennes (CGT).

Martin-Coupaye collabora au journal L’Affamé ardennais (Nouzon) animé par Gustave Poncin, Nicolas Fays et Emile Roger, qui semble-t-il n’eut qu’un seul numéro daté du 3 décembre 1905. Martin-Coupaye fit sans doute circuler des listes de souscription au sein des ardoisiers de Fumay.

Martin-Coupaye unifia le syndicalisme ardoisier de Fumay fragmenté en trois syndicats catégoriels (ardoisiers, fendeurs, mineurs) : le 1er novembre 1907, il organisa un congrès commun à Fumay qui donna naissance à l’Union des syndicats d’ouvriers ardoisiers du département des Ardennes.

Il fut élu conseiller prud’homal de Fumay, après la création du conseil le 1er février 1907.

Puis il s’engagea dans la création d’une Fédération forte au niveau national. En accord avec Ludovic Ménard des ardoisiers d’Anjou, il soutint au congrès d’Albi (1910) la fusion de la Fédération des mineurs et celle des ardoisiers, dans la fédération du sous-sol, afin que les ardoisiers soient assimilés au régime des mineurs, spécialement pour la retraite. Martin-Coupaye fut membre du Conseil national de la Fédération du sous-sol, mineurs et ardoisiers réunis.

Mais il fallait qu’une loi fût votée et Martin-Coupaye participa à de multiples interventions auprès des parlementaires, des ministres. Les ardoisiers de Fumay firent grève le 11 mars 1912, afin d’appuyer la proposition de loi qui ne fut votée qu’en 1920.

En 1912, Martin-Coupaye figurait encore sur l’état récapitulatif des anarchistes, sur la révision de 1922, il n’était plus considéré comme anarchiste.

En 1922, il était candidat communiste au siège de conseiller général du canton de Fumay. Il ne fut pas élu.

La Révolution Prolétarienne (n°3, février 1925) annonça son décès. Un buste commémoratif fut inauguré à Fumay le 9 juin 1963.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239233, notice MARTIN Auguste, Eugène [dit MARTIN-COUPAYE] [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 9 mars 2021, dernière modification le 24 janvier 2022.

Par Dominique Petit

SOURCES :
Archives Nationales F7 13599, rapport du 12 janvier 1914 (sur la situation de l’industrie ardoisière dans les Ardennes) et F7 12749 — Archives Départementales des Ardennes, 3 U 2095, 1 R 067 Registre matricule 724. Registre du syndicat ardoisier de Fumay, 1904-1906 , 1M143 — Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, Aix-Marseille, 1987 par R. Bianco — Le Père Peinard, 2 août 1891 — La Révolution Prolétarienne, n°3, février 1925 — Notice Martin-Coupaye du Dictionnaire des militants anarchistes — Notice Wikipédia de Martin-Coupaye — Des luttes ardennaises par Henri Manceau, Editions sociales 1969, p. 115 et 116. — Note d’Annette Godefroy.

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