GAILLARD Louise [née JOLY Louise, Suzanne].

Par Jacques Girault, Julien Veyret

Née le 3 mars 1886 à Douai (Nord), morte le 14 août 1974 à Evreux (Eure) ; professeure, directrice d’école normale ; militante pédagogique ; maire de Saint-Cyr-sur-Loire (1945-1953).

Louise Joly était la fille naturelle de Louise Joly, employée de commerce à Lille. Elle effectua sa scolarité à Hautmont (Nord) puis à l’École normale d’institutrices de Douai à partir de 1901. Après avoir été institutrice à Jeumont (Nord) en 1904-1905, elle fut admise en quatrième année de l’École normale d’institutrices de Nancy (Meurthe-et-Moselle) en 1906-1907, pour préparer le concours d’entrée à l’École normale supérieure (lettres) de Fontenay-aux-Roses, qu’elle réussit en 1907. Selon le rapport de l’inspection générale, « petite et menue », elle était « une des meilleurs élèves qu’ait formé l’ENS ». Nommée professeure à l’École normale d’institutrices d’Evreux (Eure) en 1910, elle fut mutée à l’ENI d’Epinal (Vosges) en 1913.

Louise Joly épousa le 12 septembre 1912 à Evreux (Eure) Antoine Gaillard, futur professeur agrégé d’anglais (1926). Le couple eut trois enfants dont deux fils vécurent. Pendant la guerre, son mari étant prisonnier, les locaux de l’école normale étant réquisitionnés , elle effectua de 1915 à 1917 une partie de son service dans une salle d’hôpital et une partie à Vittel, tout en étant infirmière bénévole.

En 1919, elle devint directrice de son école normale. Spécialisée dans l’étude de la petite enfance, elle demanda une inspection des écoles maternelles qu’elle n’obtint pas, mais fut nommée directrice de l’École normale d’institutrices de Tours (Indre-et-Loire) en 1931, où elle enseigna la pédagogie et la psychologie.

En 1921, la Ligue internationale de l’éducation nouvelle naissait avec, en France, la formation du Groupe français d’éducation nouvelle de R. Cousinet*. Onze ans plus tard, à Tours, se tint l’assemblée du congrès national de la Nouvelle éducation, bénéficiant du concours des syndicats d’instituteurs, des organisations laïques et de la municipalité qui vota une subvention de 300 francs pour l’organisation de ce congrès. Sa présidente, Mme Hui, publia dans le Bulletin vert (bulletin de la section du SNI) en juin 1932 un compte rendu des conférences du 23 au 26 mars 1932, qui attirèrent chacune « plus de 200 personnes venues de l’Est, de l’Ouest, de Paris, de Bruxelles et de Londres ». Les sujets évoqués permettaient de juger les aspects novateurs prônés par le mouvement.

Dans sa conférence sur l’« introduction de la méthode active à l’école traditionnelle », Louise Gaillard, après avoir critiqué les programmes « uniformes et autoritaires » qui ne tenaient compte ni des goûts des écoliers, ni de leurs aptitudes, estimait que la méthode active devait porter sur l’emploi du temps qui devait faire sa place à la « recherche libre », afin de respecter les goûts et les aptitudes de chacun. Dans les programmes, devaient être multipliées les occasions de libre recherche (« L’action doit servir de voie pour toute acquisition »). Le matériel d’enseignement devait permettre un travail libre, personnel et sur la discipline qui se devait d’être le résultat d’une confiance réciproque. Selon elle, apparaissaient trois exigences au sein de l’école : celle des parents qui veulent « armer leur enfant pour la vie », celle du groupe social qui veut transmettre les connaissances morales, littéraire et scientifiques puis celle de l’enfant. Si l’école traditionnelle se préoccupait surtout des deux premières, il ne faisait aucun doute pour elle que l’école active devait accorder plus de place « qu’on ne le fit jamais » à la troisième, aux besoins et aux goûts de l’enfant.

Pendant la période du Front populaire, soucieuse de la libération des femmes, pacifiste et d’opinions socialistes, elle se montrait prudente et conseillait à ses élèves d’adhérer à l’Autonome de solidarité dès leur nomination, afin d’être mieux protégées.

En mai-juin 1940, Louise Gaillard organisa, avec ses élèves et les militaires du service de santé, les secours aux réfugiés transitant par la gare de Tours. Mise à la retraite en octobre 1941 en application de la loi du 11 octobre 1940 sur le statut féminin, elle demanda l’annulation de cette mesure et, dans sa lettre au ministre, elle indiquait : « Par un sentiment d’honneur professionnel, il me serait dur d’avoir été et de rester, dans la vie de l’école de Tours, la directrice de la débâcle, alors qu’en 1919, j’ai commencé ma carrière en réinstallant l’École normale d’Épinal profondément désorganisée par l’autre guerre ». Elle fut réintégrée le 18 avril 1945 dans ses fonctions et mise à la disposition de l’inspection académique pour assurer des missions d’inspection primaire jusqu’à sa retraite en 1947.

Les Gaillard (Antoine Gaillard ayant pris sa retraite de façon anticipée en 1946) habitaient à Saint-Cyr-sur-Loire depuis 1941, où ils possédaient une maison.

En mai 1945, Louise Gaillard devint maire de Saint-Cyr-sur-Loire. Réélue en octobre 1947, elle ne fut pas réélue en mai 1953. Après son inhumation au cimetière de Saint-Cyr-sur-Loire, son nom fut donné à une rue de cette commune.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23924, notice GAILLARD Louise [née JOLY Louise, Suzanne]. par Jacques Girault, Julien Veyret, version mise en ligne le 16 décembre 2008, dernière modification le 2 avril 2022.

Par Jacques Girault, Julien Veyret

SOURCES : Arch. Nat. F17 24879, 25211. --- Julien Veyret, Les instituteurs publics d’Indre-et-Loire dans le mouvement syndical de l’entre-deux-guerres, mémoire de maîtrise d’histoire, Tours, 2001, 277 p. — Bulletin de la section départementale du SNI de l’Indre-et-Loire. — Notes d’André et Suzanne Lainé.

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