GAILLARD Marcel, Pierre, Marie

Par Alain Prigent

Né le 5 juillet 1914 à Plouguernével (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), mort le 3 décembre 1993 à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) ; instituteur ; militant communiste, syndicaliste, membre du bureau de la section des Côtes-du-Nord du SNI (1949-1954).

Marcel Gaillard naquit dans une famille très modeste, d’un père ouvrier agricole et d’une mère qui tint, plus tard, une petite épicerie de campagne. À l’âge de trois ans, ses parents décidèrent de le confier à ses grands-parents qui tenaient une petite ferme non loin de Rostrenen, à la Croix Julou. Il vécut dans ce milieu bretonnant tiraillé entre l’anticléricalisme de son grand-père mécréant et la foi de sa grand-mère. Il fit sa scolarité à l’école primaire, entrant tardivement au cours préparatoire à neuf ans. En trois ans, il rattrapa le temps perdu et passa le certificat d’études primaires. Au cours complémentaire de Rostrenen, il passa avec succès les concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Saint-Brieuc et celui de maistrance. Il fit le choix de l’enseignement, faisant partie de la promotion « Les Lilas » (1932-1935).

Marcel Gaillard donna son adhésion au Parti communiste en 1936 alors qu’il accomplissait son service militaire à Meknès (Maroc) d’octobre 1935 à janvier 1938. Sous les drapeaux il se heurta à l’autorité militaire « qui faisait la guerre aux instituteurs » et remit ses galons de maréchal des logis pour redevenir soldat de 2e classe. Il retrouva au Maroc son ami Pierre Feutren, un copain d’enfance, engagé volontaire qui, après s’être évadé, devint chef de maquis au maquis de Kerfot sous le surnom de « Tonton Pierre », et fut tué sur le front de Lorient en décembre 1944.

À son retour en métropole, Marcel Gaillard fut nommé instituteur à Lézardrieux (Côtes-du-Nord). Quelques semaines plus tard, il épousa exclusivement civilement, le 26 novembre 1938 à Kergrist-Moelou (Côtes-du Nord), Marie Le Vraux, également institutrice, fille d’une institutrice. Ils obtinrent leur mutation pour le centre de la Bretagne, à Lescouët-Gouarec (Côtes-du-Nord), pour la rentrée 1939. Mais, mobilisé en septembre 1939, Marcel gaillard rejoignit le 48e régiment d’Infanterie à Guingamp où il fit la connaissance de Pierre Mahé*, originaire de Saint-Nazaire, instituteur comme lui, militant communiste et syndicaliste. Fait prisonnier à Armentières avec son camarade en mai 1940, il fut transféré en Poméranie non loin de Stettin au stalag 2B à Hammerstein.

Le 10 mai 1941, avec Pierre Mahé* et un autre camarade, ils s’évadèrent du camp, traversèrent l’Allemagne en train mais furent arrétés à 500 mètres de la frontière suisse. La seconde tentative fut la bonne en octobre 1941. Il rejoignit alors Châteauroux (Indre) et se rendit à l’inspection académique qui lui procura un emploi de bureau. Sa femme, qui avait pu être prévenue, s’arrangea pour passer la ligne de démarcation le 25 décembre 1941. Elle obtint rapidement un poste pour terminer l’année scolaire. À la rentrée 1942, ils furent nommés ensemble à Ceaulmont-les-Granges (Indre), près d’Argenton-sur-Creuse. Marcel Gaillard prit contact avec le réseau de Résistance local et fut chargé de la surveillance des voies ferrées sur cette partie du Paris-Limoges-Toulouse. Capitaine FFI-FTP de la région Indre-Sud, il prit une part active à des déraillements, en particulier sur la commune de Celon (Indre). En août 1944, regagnant la Bretagne avec son épouse, ils retrouvèrent leurs postes à Lescouët-Gouarec.

S’appuyant sur son expérience de résistant, dans une région particulièrement marquée par l’occupation nazie, Marcel Gaillard occupa rapidement des responsabilités politiques au sein de la section du Parti communiste français de Gouarec. Il intervint lors de la première conférence régionale du PCF de mars 1945 à Saint-Brieuc qui réunit plus de 400 délégués sur les questions de l’école. À la rentrée de septembre 1945, il fut nommé directeur de l’école publique au Merzer, à une dizaine de kilomètres de Guingamp, poste qu’il occupa jusqu’en 1963. À la demande de la direction fédérale, il anima des réunions publiques dans le cadre des élections cantonales en mars 1949 dans le canton de Chatelaudren pour soutenir la candidature d’Albert Ellien*, ancien déporté, qui obtint plus de 30 % des suffrages au 1er tour de scrutin.

Militant syndical, Marcel Gaillard fut le seul élu de la liste « majorité confédérale » alors minoritaire au conseil syndical de la section du Syndicat national des instituteurs (SNI) des Côtes-du-Nord en 1947 lors d’une élection complémentaire, faisant passer le conseil de 12 à 20 membres ; il fut réélu en 1949. Après la scission et le passage à l’autonomie, Sylvestre Guilloux* et ses camarades de la liste « Indépendance du syndicalisme » perdirent la majorité en 1949. Il fit désormais partie du nouveau bureau syndical « cégétiste » dirigé par Jean Geffroy où il occupa la responsabilité des affaires pédagogiques. Délégué du personnel, il fut élu suppléant à la Commission administrative paritaire départementale en 1948 avant de représenter la section départementale au Comité technique paritaire en 1949-1950. Il fit partie de la délégation de la section au congrès du SNI à Nancy en juillet 1949 avec Treussard*, Le Verge* et Guilloux*. Réélu au conseil syndical en 1951 en 7e position, il ne fit plus partie du bureau. Cependant, la grave crise qui affecta la majorité ex-cégétiste à la suite de la démission de la secrétaire départementale Alice Merrien* en septembre 1953, à la suite d’une entorse à la déontologie syndicale lors de sa propre mutation, le conduisit à revenir au sein du bureau provisoire en charge des affaires laïques. Le courant cégétiste rappela les cadres pour tenter de colmater les brèches d’une situation non prévue. Lorsque la situation se stabilisa en janvier 1954, il ne fit plus partie de la liste « cégétiste » menée par Georges Helloco*.

Marcel Gaillard n’eut désormais aucune responsabilité politique et syndicale. Il termina sa carrière à l’école de La Madeleine à Guingamp en 1969, année de sa retraite. Fidèle à ses engagements pendant toute sa vie, il fut un lecteur assidu à de l’Humanité et du Canard enchaîné.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23925, notice GAILLARD Marcel, Pierre, Marie par Alain Prigent, version mise en ligne le 16 décembre 2008, dernière modification le 29 juillet 2021.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. de la FSU Côtes-d’Armor. — L’Aube nouvelle. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Entretiens et courrier avec ses fils Denis et Ollivier en janvier 2008.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable