LAGNEAU Bernard, Marie

Par François Honoré

Né le 20 avril 1945 à Heuilley-Cotton (Haute-Marne) ; chaudronnier puis agent municipal ; militant jociste, permanent de la JOC (1967-1971) ; syndicaliste CFDT ; militant associatif.

Bernard Lagneau en 2010
Bernard Lagneau en 2010

Premier enfant d’une famille de six garçons et d’une fille, Bernard Lagneau fut le fils de Jacques Lagneau né à Beaune (Côte-d’Or) le 29 octobre 1919, habitant Heuilley-Le-Grand (Haute-Marne). Engagé au Liban dans les spahis en 1939, Jacques Laigneau fut rapatrié en 1942 suite à une blessure, puis, pour échapper au STO, il travailla successivement comme bûcheron, livreur de charbon, participa à la reconstruction du dépôt SNCF de Culmont-Chalindrey (Haute-Marne). À partir de 1950, il occupa divers emplois dans des entreprises différentes : artisan bourrelier de 1950 à 1955, manœuvre chez Terrot à Dijon (Côte-d’Or) jusqu’en 1957, puis fabriquant de sommiers au Centre Est lainier de Dijon, garçon de laboratoire à l’école de pharmacie de Dijon, enfin ouvrier professionnel au service des sports et espaces verts à la ville de Dijon. Il prit sa retraite en 1980 et retourna à Heuilley-Cotton quitté en 1957, se consacrant à sa passion, l’apiculture. Méfiant vis-à-vis des institutions laïques ou religieuses, il fut cependant très attentif et sensible aux problèmes sociaux. C’est à Heuilley-Cotton qu’il connut Marie-Jeanne Sellier, née le 14 janvier 1924 et l’épousa le 1er juillet 1944. Mère de sept enfants, elle ne travailla que tardivement pour percevoir le minimum vieillesse. De confession catholique, elle fut croyante et pratiquante, éleva ses enfants religieusement et participa à l’Action catholique générale des femmes. Elle adhéra et milita à la Fédération des familles de France, puis à l’Association syndicale des familles et la Confédération syndicale des familles. Elle mourut à Heuilley-Cotton le 24 janvier 2009.

Bernard Lagneau effectua ses études primaires de 1951 à 1957 à Heuilley-Cotton. Il obtint son certificat d’étude à l’école du Drapeau à Dijon qu’il fréquenta de 1957 à 1959, année au cours de laquelle il intégra la section « métaux en feuille » du centre d’apprentissage du lycée Hippolyte Fontaine à Dijon et réussit son CAP de chaudronnier en 1962.

Son éducation religieuse l’amena à animer, entre 1960 et 1962, le mouvement des Cœurs vaillants de la Paroisse Saint-Joseph de Dijon, dont il fut le responsable local. Il fut également moniteur à la colonie de vacances de Saint-Lupicien (Jura). Dès qu’il entra au travail, et suite à la proposition du père Pinston de la paroisse Saint-Joseph, il adhéra à la JOC. Il fut responsable de l’équipe locale de 1962 à 1963 puis intégra le secteur Nord de Dijon jusqu’en 1964. À la demande de la responsable de la JOCF, Annie Tenaille, et de l’aumônier diocésain Raymond Gros, seul prêtre qui avait grâce aux yeux de son père, il intégra de 1965 à 1967 l’équipe fédérale JOC composée de Georges Bourhis, Gérard Dufour, Jean Millet et Jean-Marie Millot. La JOC de Côte-d’or ayant en charge l’animation du jeu scénique du rassemblement national de la JOC- JOCF « Paris 67 », Bernard Lagneau y participa activement avec un grand nombre de militants et militantes de la JOC-JOCF. C’est à la suite de « Paris 67 » que Marc Lelong le sollicita pour intégrer l’équipe des permanents de la JOC Avenue Sœur Rosalie à Paris (XIIIe arr.), jusqu’en 1969. Il y côtoya notamment Guy Léger, Michel Bouteille, Pierre Brulé, André Jondeau et Jean Limonet. Dans ses missions, il dût, notamment, assurer le suivi de la JOC en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et faire le lien avec l’Action catholique de l’enfance (ACE). En 1968, au cours de ses vacances d’été, il effectua un voyage au Togo, dans le cadre de l’association de Cogestion pour les déplacements à but éducatif des jeunes (COGEDEP). En 1969, dans le cadre de la préparation du congrès de la Jeunesse ouvrière chrétienne internationale (JOCI) de novembre 1969 à Paris, il fut volontaire avec deux autres permanents pour partir en Espagne, à Burgos, apprendre l’espagnol. Cela préfigura le fait qu’il rejoignit le centre international de la JOC-JOCF de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) de 1969 à 1971.

Son CAP en poche, Bernard Lagneau fut embauché, en septembre 1962, aux Ateliers Mécaniques de Bourgogne, regroupant une quarantaine de personnes rue d’Auxonne à Dijon. Encore mineur, il partit en déplacement avec quatre autres salariés à l’usine Dunlop d’Amiens (Somme), travailler sur une installation de ventilation. Il constitua une petite section syndicale composée de quatre à cinq adhérents CFTC. Payé 1,80 F de l’heure, il quitta l’entreprise en 1963 pour se faire embaucher au tarif de 2,50 F chez Sodifalux qui fabriquait des enseignes lumineuses. Bernard Lagneau y soudait des caissons à l’étain.

Il partit faire son service militaire le 1er juillet 1964. Incorporé dans un premier temps à Auxonne au 511e groupe de transport du train, il fut envoyé au camp de Sathonay-Camp (Rhône) pour six mois, revint comme brigadier-chef à Auxonne pour être libéré en octobre 1965.

De novembre 1965 à septembre 1967, il fut embauché à la serrurerie de l’entreprise LCC. Il y côtoya Daniel Amiot, militant CFDT, et fut délégué du personnel avec Jean-Louis Pitavy.

En 1971, à l’issue de son mandat de permanent à la JOC, Bernard Lagneau rechercha du travail, comme chaudronnier-soudeur. De 1971 à 1974, il fut embauché successivement chez Roger Martin, puis comme intérimaire chez LATAC qui l’envoya en Allemagne comme chef d’équipe, ensuite aux entreprises Stop-Indus (Chaudronnerie industrielle à Dijon), Eiffel (Matériel électrique), Dupic (Fabricant de four à pain).

Fatigué par des semaines de travail de plus de soixante-dix heures, imposées pour sauver les entreprises et soucieux de préserver sa qualité de vie, Bernard Lagneau postula, en septembre 1974 à la Ville de Dijon comme Aide ouvrier professionnel à la voirie, ce qui étonna l’ingénieur qui le recruta car cet emploi procurait des conditions de rémunérations plus faibles. De 1983 à 1990, il travailla au vivarium du muséum de Dijon puis, jusqu’en 1996, monta des expositions au musée archéologique de Dijon. De 1996 à 2001, il travailla aux archives municipales de la ville. Il termina sa carrière en mars 2002 au centre multimédia, et partit en préretraite à l’âge de 57 ans.

En lien avec son parcours à la JOC, Bernard Lagneau adhéra à la CFTC puis en 1964 à la CFDT et resta fidèle à cette organisation toute sa vie bien qu’il regrettât qu’elle ait abandonné son projet autogestionnaire. À la voirie, il fut très vite le porte parole des salariés. Il obtint le maintien de « l’ heure de paye » qui permettait aux salariés de se rendre au service paye pour y retirer leur salaire en espèces. En effet, avec le versement des salaires sur les comptes bancaires, la direction souhaitait supprimer cette heure de paye. Mais pour les salariés, elle devait être maintenue car elle leur permettait de faire leurs démarches. En 1975-1976, disparut un système de rémunération qui faisait que les femmes de ménage soient moins payées que les hommes. Le groupe II de rémunération fut supprimé et les femmes de ménage furent positionnées comme les hommes au groupe III. À partir de 1978, les salariés de la voirie obtinrent la mise en place de cabanes de chantier, ce qui leur évita de se changer au pied de leur véhicule.

Dans le cadre des commissions paritaires, Bernard Lagneau, succédant en 1975 à François Jeannelle comme représentant CFDT, négocia pour les agents la progression de carrière à l’ancienneté et œuvra pour permettre aux agents de préparer les concours à travers la formation dispensée par le Centre national de la Fonction publique territoriale.

Du fait de son implication syndicale à la ville de Dijon, Bernard Lagneau participa à la vie du syndicat CFDT des communaux de Côte-d’Or qui regroupait les représentants CFDT des pompiers et ceux des HLM, avant d’intégrer et de participer à la mise en place du syndicat Interco-CFDT de Côte-d’Or. De 1978 à 1982, il participa, au niveau de la fédération, à des groupes de travail portant notamment sur les bas salaires et sur l’intégration des primes dans les salaires pour les agents des collectivités territoriales. Ses responsabilités locales l’amenèrent à participer à la création de la fédération Interco CFDT et à ses congrès.

Il fut également membre du bureau de l’Union départementale CFDT de Côte-d’Or de 1976 à 1980. À la retraite Bernard resta adhérent à la CFDT.

Sympathisant de longue date au Parti socialiste, Bernard n’adhéra à la section Jean Moulin de Dijon qu’en 2002. De 2002 à 2012, il participa à la commission de quartier de la Maladière, puis au conseil de quartiers regroupant les quartiers de la Maladière, Varenne Toison-d’Or et Grésilles, conseil présidé par Alain Millot, premier adjoint à la mairie de Dijon. Considérant que Laurent Grandguillaume, adjoint au maire en charge de la démocratie locale et pressenti par beaucoup comme pouvant être le futur successeur de François Rebsamen, avait été mis à l’écart, Bernard Lagneau quitta le Parti socialiste en 2012.

Bernard Lagneau se maria le 28 avril 1973 avec Françoise Noirot, née le 1er avril 1941 à Nuits-sur-Armançon (Yonne), qu’il avait connu lorsqu’elle intervenait en tant que travailleuse familiale auprès de sa mère. Ils résidèrent sur le quartier nord de Dijon et reprirent en 1980 la maison des parents de Bernard. Ils eurent deux enfants Antoine en 1974 et Céline en 1977. Ils participèrent tous deux au mouvement « Le cri » dont l’objectif est de venir en aide aux personnes souhaitant sortir de la prostitution. Ils rejoignirent la Fédération des conseils des parents d’élèves, furent élus parents d’élève et siégèrent dans les conseils de classe durant toute la scolarité de leurs enfants. Ils furent également membres de l’Action catholique ouvrière (ACO).

À la suite de son père, Bernard Lagneau poursuivit, de 1983 à 1996, l’entretien de la cinquantaine de ruches que son père avait démarré à la fin de la guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239267, notice LAGNEAU Bernard, Marie par François Honoré, version mise en ligne le 24 mars 2021, dernière modification le 24 mars 2021.

Par François Honoré

Bernard Lagneau en 2010
Bernard Lagneau en 2010

SOURCES : Arch. de l’Union départementale CFDT de Côte d’or. – Entretiens avec Bernard Lagneau le 10 septembre et 22 octobre 2020 et avec Bernadette Gros, ancienne fédérale JOCF le 10 novembre 2020. – Association bourguignonne des Amis du Maitron.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable