NAULET Lucien, Jean

Par Jean-Louis Franceries

Né le 5 septembre 1917 à la Grande-Verrière (Saône-et-Loire), mort le 14 avril 1987 à Toulouse (Haute-Garonne) ; résistant communiste, commandant FTPF dans le Tarn-et-Garonne  ; syndicaliste, secrétaire de l’UD CGT du Lot-et-Garonne.

Lucien Naulet est né dans une famille de paysans pauvres de la commune de la Grande-Verrière (Saône-et-Loire), le dernier des sept enfants. Il entra au travail dès l’âge de onze ans. À dix-huit ans, il partit pour Paris où il connut les grandes grèves de 1936.
Lors de la débâcle militaire de 1940, il échappa à l’encerclement  ; démobilisé dans la région lyonnaise le 4 août 1940, il regagna son village natal, non loin du Creusot. Il travailla en usine. En 1941, pour éviter les réquisitions pour le travail en Allemagne, il partit à bicyclette pour la zone non occupée, franchit la ligne de démarcation et rejoignit sa sœur à Casteljaloux (Lot-et-Garonne).
Il fut embauché dans l’entreprise locale Tamboury d’exploitation de bois, comme chauffeur de camion. Il devint membre du parti communiste et le resta tout au long de sa vie. Il adhéra aussi à la CGT clandestine.
En février 1943, il fut à l’initiative d’une manifestation de plusieurs centaines de travailleurs de Casteljaloux contre les départs forcés en Allemagne organisés par les patrons et les autorités de Vichy. Menacé à son tour de départ dans le cadre du STO, il fut dirigé vers une planque à Boussès puis à Feugarolles pour constituer un groupe FTPF.
En avril 1943, Lucien Naulet fit partie du coup de main tenté par les FTPF pour s’emparer des fiches individuelles de réquisition pour le STO centralisées à la mairie d’Agen. L’expédition nocturne tourne au désastre, un agent de la Gestapo ayant réussi à s’infiltrer dans les rangs des FTPF ; la police était sur les lieux et tira. Lucien parvint à s’échapper mais les informations recueillies par l’agent de la Gestapo conduisirent à l’arrestation de 52 FTPF et militants communistes.
En juillet 1943, il fut désigné par André Delacourtie, le commandant des FTPF pour le Gers, le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne, pour prendre la direction militaire du maquis de Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne) : pseudos « René »puis « Maurice ». Attaqué à deux reprises par les Gardes Mobiles de Réserve, le maquis, alors dénommé « Guy Môquet », peu armé et insuffisamment approvisionné, fut dispersé provisoirement. Lucien Naulet et quelques autres maquisards se réfugièrent dans les environs de Frespech (Lot-et-Garonne).
Lors d’une opération de sabotage sur la voie ferrée Bordeaux-Toulouse le 8 octobre 1943, les FTPF furent trahis ; la police française apprit alors qu’un rendez-vous avec André Delacourtie devait avoir lieu le lendemain 9 octobre à l’église Saint-Hilaire à Agen. Il y fut assassiné par un inspecteur de police. Deux maquisards furent arrêtés ainsi que les cinq paysans qui hébergeaient les groupes FTP. Leur procès eut lieu le 11 décembre 1943 : les deux FTPF furent condamnés à sept ans de prison et les paysans à six mois. Lucien Naulet, recherché vainement par la police et la gendarmerie, est condamné à mort par contumace.
En décembre 1943, Lucien Naulet reconstitua le maquis FTPF, toujours dans les causses de Saint-Antonin, auquel était adjoint un groupe FTP-MOI ; dans la même zone géographique, les guérilleros espagnols formèrent un détachement de la UNE. Ces trois détachements furent placés sous la tutelle de la 35e brigade FTP-MOI Marcel Langer. Lucien Naulet fut répertorié sous le matricule 35.238.
De janvier 1944 à la libération du Tarn-et-Garonne le 20 août 1944, le maquis FTPF, renommé « Louis Sabatié » en février 1944, multiplia sans relâche les sabotages sur les voies ferrées et les pylônes des lignes à haute-tension, participa dans la nuit du 11 au 12 juin 1944 à l’attaque réussie de la prison de Gaillac qui libéra 42 résistants.
Début juillet, un État-Major départemental des FTPF du Tarn-et-Garonne est constitué : Robert Pélissier est le responsable aux effectifs, Lucien Naulet le commandant militaire, Georges Estival le responsable technique. En mission à Toulouse, Lucien Naulet fut arrêté par la police française. Il s’échapae du commissariat avec l’aide complice du commissaire de police et rejoignit son maquis.
Le 18 août, un détachement de 12 FTPF commandé par L. Naulet et par G. Estival attaqua en gare de Lavilledieu un train de l’organisation Todt, fit 21 prisonniers allemands et s’empara de 1,5 tonne d’armes. Sur le chemin du retour, le convoi des maquisards fut accroché à Réalville par une colonne allemande faisant mouvement vers Montauban. Dans le combat inégal, deux jeunes maquisards furent tués.
Après la Libération, Lucien Naulet, homologué capitaine FFI, intègra le bataillon de marche du Tarn-et-Garonne, formé par la fusion du bataillon « Louis Sabatié » et d’un bataillon de l’Armée Secrète. De décembre 1944 à la fin avril 1945, la bataillon de marche participa aux durs combats de la Pointe de Grave contre une poche allemande forte de 4500 hommes. Devenu le 2e bataillon du 38e régiment d’infanterie, dans lequel Lucien Naulet commanda une compagnie, il opéra ensuite sur le front de Lorient et en Alsace.
Démobilisé en mai 1945, Lucien Naulet retourna à Casteljaloux où il travailla à nouveau dans l’entreprise Tamboury. Il fut élu secrétaire de l’Union locale des syndicats CGT et en 1950 devint le secrétaire général de l’Union départementale CGT du Lot-et-Garonne. Il assuma cette responsabilité jusqu’en 1980.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239269, notice NAULET Lucien, Jean par Jean-Louis Franceries, version mise en ligne le 10 mars 2021, dernière modification le 10 mars 2021.

Par Jean-Louis Franceries

SOURCES : La revue de l’Institut CGT d’Histoire Sociale d’Aquitaine : N° 8 mars 1988. — Les communistes du Lot-et-Garonne dans la Résistance, ouvrage collectif, 1984. — Les cahiers de la Résistance en Lot-et-Garonne, comité départemental de l’ANACR, 2001. — Le Parti Communiste Français dans la Résistance en Tarn-et-Garonne, ouvrage collectif sous la direction de M. Maurières, 1985.

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