CHALENCON Jean

Par Jean-Michel Steiner

Né le 6 janvier 1855 à Outrefurens (Loire), mort le 6 janvier 1922 à Saint-Étienne (Loire) ; ouvrier mineur puis cafetier ; délégué mineur, membre du syndicat des mineurs de la Loire et de la Caisse de Secours ; conseiller municipal de Saint-Étienne.

Fils de Jean Chalencon, passementier et d’Antoinette Chovet, il habitait au petit Treuil, lorsque le 22 mai 1880, il épousa à Saint-Étienne, Élise Bonhomme, une dévideuse, fille de Pierre Bonhomme, qui fut terrassier puis « houilleur », et d’Annette Cottier, dévideuse. Ils eurent trois enfants : Pierre, né le 22 juin 1881 ; Jean-Marie, né le 27 août 1882 ; Antoinette, née le 31 décembre 1883

Jean Chalencon fut avec Michel Rondet, un des fondateurs du Syndicat des Mineurs de la Loire puis de la Société de secours et de la Caisse autonome dont il fut le secrétaire. Élu délégué mineur dès la création de la fonction, il fut réélu pendant 30 ans au puits Mars et au puits Verpilleux.

Défendant, dans la lignée de Rondet, une vision réformiste du syndicalisme, il se heurta entre 1899 et 1903 aux éléments révolutionnaires de la Fédération des mineurs, en particulier sur la question de la grève générale. Le 30 décembre 1901, alors qu’Escalier rendait compte de sa tournée dans les centres miniers du Nord, Chalencon l’accusa d’avoir outrepassé son mandat et « de créer de l’agitation dans un but d’ambition et de haines à assouvir ». Le 31 mars 1902, au cours d’une réunion corporative à la Bourse du Travail de Saint-Étienne, les délégués de la Fédération de la Loire devaient rendre compte de leur mandat au congrès d’Alais. Le réformiste Jean Bouchard et le révolutionnaire Jean Escalier s’affrontèrent si durement que la salle toute entière en vint aux mains. Chalencon monta à la tribune et déclara aux mineurs : « qu’ils se laissaient mettre la corde au cou par Escalier que ce dernier était un vendu ainsi que ses acolytes ». Il ne put continuer. « Un mineur s’avança pour le traiter de cochon, de mouchard de la Préfecture, de traître et lui annonça qu’au renouvellement du Conseil Municipal on saura le démasquer ».

Car Jean Chalencon fut aussi totalement engagé dans la vie municipale stéphanoise agitée des années 1898-1910. Sur ce terrain, c’est lui qui joua les trouble fêtes. Candidat le 15 mai 1896, dans la section du Soleil, il arriva en 3e position obtenant 924 voix pour 1 789 votants et 3 379 inscrits. Démissionnaire en décembre 1897, puis réélu lors du scrutin du 6 février 1898, il se retrouva minoritaire face au maire libéral Louis Chavanon. Réélu dans les municipalités socialistes de Jules Ledin le 6 mai 1900 et le 8 mai 1904, et d’Auguste Plantevin (1906-1908), réélu le 10 mai 1908 il compta parmi les conseillers qui démissionnèrent immédiatement pour empêcher – sans y parvenir – l’élection du libéral Jean Neyret. Élu le 14 juin, Chalencon siégea dans la minorité qui s’opposa à Neyret jusqu’en 1910.

Né dans la commune d’Outrefurens, partagée entre le quartier du Soleil et celui du Marais après son rattachement à Saint-Étienne en 1856, Jean Chalencon était apprécié par les habitants d’un quartier fort maltraité par les industries qui s’y étaient installées : mauvais état de la voirie, insuffisante desserte par les transports en commun, pollution des sols et de l’air fournissaient de nombreuses occasions d’intervention en conseil municipal. Le 4 janvier 1907 Jean Chalencon déclara : « Il semble que le Marais ne fasse pas partie de la ville de Saint-Étienne tant on néglige ses intérêts ».

Il habita longtemps rue du Soleil puis place Garibaldi, où en 1908 il tenait un café, siège des réunions syndicales et des discussions politiques. Mais au début des années 1910, il se retrouva seul, après le mariage de sa fille – Antoinette - le 1er avril 1905 ; après la mort de son fils cadet – Jean Marie - le 27 décembre 1906, puis celle de son épouse – Élise – le 8 juillet 1909. Il se remaria le 16 décembre 1916 avec Marie Sicarie Jauzier, une couturière originaire de Dordogne et le couple s’installa dans le quartier Jacquard où Jean Chalencon mourut.

« Socialiste et républicain, Chalencon fut un mandataire consciencieux et probe de la classe ouvrière. Il eut au Soleil une grande popularité par ses services », écrivit La Tribune Républicaine au moment de sa mort. Le dimanche 8 janvier 1922, à onze heures – heure de la grand messe – ses funérailles civiles se déroulèrent entre le 13 de la rue de Montaud et le cimetière du Soleil.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239412, notice CHALENCON Jean par Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 23 mars 2021, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Jean-Michel Steiner

SOURCES : Arch. Dép. Loire : 10 M 465 — Arch. Mun. Saint-Étienne : 2 E 37 OF, naissances, mariages, décès, 1855 ; 2 E 69, naissances, 1861 ; 3 E 87, mariages, 1880 ; 4 E 116, décès, 1909 ; 3 E 140, mariages, 1916 ; 1 K 5, liste électorale, 1895 ; 1 F 37, recensement canton nord-est, 1911 ; 1 F 42, recensement canton nord-ouest, 1921 — Tribune Républicaine du 7 janvier 1922. — Yves Lequin, Les ouvriers de la région lyonnaise (1848-1914), vol 1 : La formation de la classe ouvrière régionale, 573 p vol 2 : Les intérêts de classe et la République, 500 p, 1977. — Claude Cherrier, Michel Rondet : biographie, Action graphique, 1993.

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