FISCHER Raymond [FISCHER Louis, Raymond, Robert]. Pseudonyme GIBOIN Élie

Par Gilles Morin

Né le 29 août 1898 à Paris (VIIIe arr.), mort en 1988 ; architecte ; militant socialiste de l’Aisne ; résistant ; maire (1947-1965) et conseiller général d’Hirson (1937-1940, 1945-1964).

Raymond Fischer est issu d’une famille juive alsacienne. Son père médecin avait parmi ses patients Michel Roux-Spitz, l’un des chefs de file de l’architecture française. Raymond Fischer, après être passé par l’atelier de Georges Redon à l’École des beaux-arts fit une série de voyages en Autriche, Allemagne et aux Etats-Unis notamment pour rencontrer les chefs de file de l’architecture moderne. De retour en France, il côtoya à Paris les grands architectes de son temps et de nombreux artistes (Delaunay, Breton, Masson, etc.), il devint l’un des grands architectes qui s’imposa au lendemain de la Grande guerre, au côté de Le Corbusier, Robert Mallet-Stevens, Emmanuel Ladmiral ou Jean Launnay. Parmi ses grandes réalisations, citons des maisons autour du Parc Montsouris à Paris ou à Boulogne-sur-Seine, où il réalisa l’hôtel Godfray, l’hôtel Dury et l’hôtel Dubin, dans le cadre d’une trilogie, avec la maison Cook signée Le Corbusier et l’hôtel Collinet dessiné par Mallet-Stevens.

Raymond Fischer, qui avait adhéré à la SFIO en 1918 et appartenait à la loge l’Éducation civique qui avait été crée par son père au début du siècle, se confond peut-être avec le militant parisien du même nom : militant socialiste, Raymond Fischer, de la 6e section de Paris, était un des 204 signataires de la motion du Comité pour la reconstruction de l’Internationale, publiée dans l’Humanité du 6 novembre 1920 sous le titre : Motion d’adhésion avec réserves à la IIIe Internationale. R. Fischer était démissionnaire du comité de la IIIe Internationale (démentis et mises au point dans l’Humanité des 18, 21 et 25 novembre). Il aurait participé au congrès de Tours et demeura à la SFIO.

En 1929, R. Fischer fut candidat SFIO aux élections municipales dans le XIXe arr. Il obtint 851 voix et se retira au second tour. Comme beaucoup de jeunes militants socialistes parisien, il chercha alors à s’implanter dans un département en province, mais moyennement éloigné de Paris. Le Parti socialiste SFIO le présenta tout d’abord aux élections législatives du 1er mai 1932 dans la circonscription de Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or) où il recueillit 1 035 voix sur 14 421 inscrits et 11 713 votants. Le député sortant, Vincent, « indépendant », était réélu dès le premier tour. Le candidat socialiste aux élections de 1928, Rochebourg, avait obtenu deux fois plus de suffrages.

C’est dans l’Aisne, que Raymond Fischer se présenta ensuite. Candidat tout d’abord dans la circonscription de Vervins, aux élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936, il rassembla 2 327 suffrages sur 27 070 inscrits et 23 568 votants. Le candidat communiste Depreux (3 070 voix) le devançait. Tous deux se retirèrent pour le radical-socialiste Albert Hauet qui fut élu. Fischer poursuivit ensuite son effort d’implantation et il réussit à se faire élire conseiller général socialiste du canton d’Hirson d’octobre 1937 à 1940.

Durant l’Occupation, Raymond Fischer, juif, socialiste, franc-maçon et ami des socialistes allemands (il louait une partie de ses locaux à Paris au Parti social démocrate allemand) se réfugia à Marseille lors de la débâcle. Il entra très tôt en Résistance, sous le pseudonyme d’Elie Giboin. Maurice Chevance-Bertin le décrivait ainsi : « Collaborateur de la première heure du groupe clandestin Combat, il a été chargé par mes soins de nombreuses missions importantes et délicates, qu’il a toujours menées à bonne fin, faisant preuve de courage tranquille et d’un complet mépris du danger. » Il ajoutait : « Il a en outre participé à la rédaction et à la diffusion du journal Combat. En novembre 1943, il a été affecté à l’Armée secrète-maquis du Vercors. » Il rejoint le 4e génie et prend part aux violents combats de l’été 1944 et fut capitaine FFI. Raymond Fischer fut décoré de la Légion d’honneur le 11 novembre 1951.

Après la Libération, il fut réélu conseiller général d’Hirson de 1945 à 1964 et il fut porté à la vice-présidence du Conseil général de novembre 1946 à 1953. Durant cette période il assura la présidence par intérim après la mort du président le 22 octobre 1951 jusqu’en février 1952. Il fut élu maire d’Hirson en octobre 1947, succédant à Henri Poulat, et réélu en 1953 et 1959. L’architecte Ainsi, mit en œuvre en 1947, le plan de reconstruction d’Hirson dont il voulait faire une « cité moderne, salubre, aérée et verte ». Il fit édifier le lycée Joliot-Curie.

Raymond Fischer fut candidat aux élections législatives de 1945 (4e de liste), novembre 1946 (3e), 1956 et 1962. Il fut encore candidat au Conseil de la République, le 7 novembre 1948.

Lors du congrès fédéral précédant le congrès national d’août 1945, il se prononça contre la réintégration de Georges Monnet. Mis en minorité, il défendit au congrès national le droit des exclus d’être entendus, tout en demeurant partisan de leur exclusion. Il intervint par ailleurs sur la politique extérieure en demandant le renouvellement de l’alliance avec la Grande-Bretagne. Il s’exprima encore sur les problèmes de reconstruction au congrès national extraordinaire le 29 mars 1946. Il était alors favorable à l’unité des partis de gauche Membre du bureau fédéral en 1956, il se prononça pour l’union de la gauche en mars 1956, contre le “danger fasciste” représenté par les poujadistes.

Raymond Fischer fut candidat, sans succès, au comité directeur de la SFIO au congrès de 1958. Il était délégué cantonal de l’éducation nationale en 1962.

Il fut battu aux élections municipales à Hirson en 1965, par Yves Hary, favorable à la majorité gaulliste, « en raison de l’usure » de son équipe, selon le préfet.

Il s’était marié le 2 août 1923 à Paris IVe arr., divorça puis se remaria à deux reprises, le 5 septembre 1939 à Paris VIIIe arr. et le 10 juillet 1973 à Paris XIIe arr. Son acte de naissance ne comportait pas de mention marginale de décès en juin 1984.

Raymond Fischer réalisa à la fin des années vingt au cimetière du Père Lachaise, la stèle funéraire des fondateurs du Parti ouvrier français : Jules Guesde et Paul Lafargue et de son épouse Laura, la fille de Karl Marx.

Ses mémoires sont consultables à Bibliothèque de l’IFA, rue de Tournon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23944, notice FISCHER Raymond [FISCHER Louis, Raymond, Robert]. Pseudonyme GIBOIN Élie par Gilles Morin, version mise en ligne le 19 décembre 2008, dernière modification le 22 juin 2020.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F7/12970 ; F/1a/3229 et 3228 ; F/1cII/108/A, 111/A, 114/C, 142, 255, 285, 286 ; F/1cIV/151. — Arch. Dép. Aisne, 2 M 742, 2 M 11479. — PS-SFIO, Rapports du XXXIIe congrès national, Libairie populaire, 1938. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 108. — Arch. OURS, correspondance Aisne. — La Liberté de l’Aisne, 8 septembre 1945. — Le Réveil du Nord, n° supplémentaire, s.d. (1936). — G. Lachapelle, Les Élections législatives, op. cit.L’Express, 24 février 2009, « Derrière l’empire Chanel, le roman d’Éliane ». — Notice DBMOF par Jean Maitron et Claude Pennetier.

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