GEELEN Pierre, [Pseudonymes dans la Résistance : en France, Pierre Gardin, Pierre Jamart, Monsieur Ambroise, Grand Pierre ; en Angleterre, lieutenant Garde-Geelen]

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 24 juin 1916 à Rotem (Dilsen-Stokkem, Belgique), exécuté le 14 septembre 1944 au camp de Buchenwald (Allemagne) ; résistant de nationalité belge ; réseau Jean-Marie/Buckmaster, réseau Carte, réseau Physician/Prosper, réseau d’évasion Possum, réseau Labourer/Buckmaster.

Pierre Geelen
Pierre Geelen
SOURCE :
Archives notariales au ministère de la Défense
à Bruxelles

Pierre Geelen était le fils d’Henri Geelen. Il était domicilié avant-guerre à Bocholt dans le Limbourg belge, où il exerçait la profession de peintre-décorateur-monteur. En février 1944, il a épousé en Angleterre une jeune française, Giselle Andrée Berthe Saillard, originaire de Pontarlier, qui a mis au monde le 23 août 1944 à Nottingham une petite fille, Ghislaine.

Le 19 juillet 1942, Pierre Geelen quitta la Belgique et se rendit à Marseille avec l’espoir de rejoindre les Forces belges en Grande-Bretagne. Recruté au sein du réseau SOE (Special Operations Executive) Jean-Marie/Buckmaster par son compatriote André Heyermans, il reçut une instruction durant trois semaines pour la réception des parachutages. Il participa à des débarquements d’armes et à une mission à Bordeaux, ainsi qu’à des missions de liaison et de courrier entre Arles et Paris au service du réseau Carte créé par André Girard, franchissant avec succès à plusieurs reprises le ligne de démarcation.

Passé au service du réseau SOE Physician-Prosper, Pierre Geelen reçut pour mission en mars 1943 de prendre la direction du groupe d’Origny-en-Thiérache et d’organiser des opérations de parachutages dans le département de l’Aisne.
De mars à juin 1943, il réceptionna 25 containers sur le territoire de la commune de Buire.
Lorsqu’à la mi-juillet 1943, Dominique Potier, capitaine de l’Armée de l’Air belge et chef de la Mission Martin, fut parachuté avec l’opérateur-radio Conrad Lafleur à Suxy en Belgique, Pierre Geelen prit rapidement contact avec lui. Recherché par la Gestapo en tant qu’agent de liaison entre l’état-major parisien du réseau SOE Physician-Prosper et le groupe d’Origny-en-Thiérache, Geelen s’était réfugié en Belgique et avait participé aux côtés d’un autre agent SOE, Walthère Marly, à des réceptions de containers dans le secteur de Muno.
Tous les deux se mirent à la disposition de Dominique Potier. Ce dernier ne parvenant pas à obtenir de couverture pour sa mission en France où il devait implanter un réseau d’évasion dans la Marne, Pierre Geelen lui fournit, ainsi qu’à Conrad Lafleur, des papiers d’identité, des certificats de travail et des cartes de ravitaillement français.
Le 17 août 1943, Pierre Geelen rejoignit Dominique Potier à Fismes (Marne) et s’installa chez Raymond Gallet quelques jours, avant de trouver une chambre dans un hôtel. Interpellé dans la rue par deux Feldgendarmes, il réussit à leur échapper. Il continua cependant à participer à la recherche de terrains d’atterrissage susceptibles d’être homologués par la RAF et à effectuer des missions de liaison à Paris et à Reims.
Conscient que Geelen était complètement brûlé et que sa présence à Fismes mettait en danger son équipe, Dominique Potier décida de l’exfiltrer par avion Lysander vers l’Angleterre au cours de la nuit du 12 au 13 septembre 1943.

Après avoir reçu un entraînement en Écosse, Pierre Geelen fut intégré à l’équipe du capitaine Marcel Leccia et du lieutenant Élisée Allard, agents du réseau Labourer/Buckmaster. Parachutés sur le territoire de la commune de Néret (Indre) dans la nuit du 5 au 6 avril 1944, leur mission était de faire sauter un bâtiment occupé par l’état-major allemand près d’Angers (Maine-et-Loire), puis d’organiser un groupe de sabotage dont l’objectif était de détruire les voies ferrées de la gare de triage de Saint-Pierre-des-Corps, dans la banlieue de Tours (Indre-et-Loire).
Le 27 avril 1944, alors qu’ils cherchaient à entrer en contact avec la résistance locale, ils tombèrent sur un agent double, furent arrêtés par la Gestapo dans l’école de Briantes (Indre) où ils étaient hébergés depuis leur parachutage en France. Transférés dans la région parisienne, ils furent internés à la prison de Fresnes.

Selon le Livre-mémorial des déportés de France, Pierre Geelen et ses deux camarades ont été déportés en Allemagne par le convoi 260 parti de la gare de l’Est le 8 août 1944 et arrivé le lendemain au camp de Sarrebruck-Neue-Bremm. Ils ont été transférés le 17 août à Buchenwald, où Pierre Geelen a reçu le matricule 14 185 (matricule déjà attribué à un autre déporté décédé).
Tous les trois ont été pendus à Buchenwald en même temps qu’une quinzaine d’agents du SOE le 14 septembre 1944, date retenue pour Pierre Geelen par le JO du 14 août 2018. Le Livre-mémorial des déportés de France retient la date du 10 septembre 1944.

En France, Pierre Geelen a été homologué FFC au titre du réseau Jean-Marie/Buckmaster et le titre d’Interné-résistant lui a été décerné.
En Belgique, il a été admis lieutenant ARA (Agent de Renseignement et d’Action) en 1950.

Dans l’Indre, une stèle a été érigée en 1946 à Néret par les parents du capitaine Marcel Leccia, sur laquelle est gravé un parachute surmontant l’inscription :
« Parachutés à Néret le 6 avril 1944. Exécutés à Buchenwald le 14 septembre 1944 - À la mémoire de notre fils le capitaine Marcel Leccia et de ses camarades les lieutenants Allard et Geelen fusillés à Buchenwald le 14 septembre 1944 - Dignes descendants de nos héros ».
À Briantes, une plaque a été apposée après la guerre sur la façade de la maison des isntituteurs où ils ont été arrêtés, qui porte l’inscription :
« La Résistance aux officiers martyrs
LECCIA Marcel
ALLART Elisée (ALLARD Élisée)
GEELEN Pierre
parachutés à Néret arrêtés ici par la Gestapo le 27 avril 1944
exécutés à Buchenwald »
À Valençay, le nom de Pierre Geelen est inscrit sur la plaque commémorative érigée au pied du Mémorial de la section française du SOE.
En Allemagne, il figure sur la liste des agents SOE dont la mémoire est honorée par une plaque apposée en 2010 à l’intérieur de l’ancien camp de concentration de Buchenwald à Weimar.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239521, notice GEELEN Pierre, [Pseudonymes dans la Résistance : en France, Pierre Gardin, Pierre Jamart, Monsieur Ambroise, Grand Pierre ; en Angleterre, lieutenant Garde-Geelen] par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 23 mars 2021, dernière modification le 29 avril 2021.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Pierre Geelen
Pierre Geelen
SOURCE :
Archives notariales au ministère de la Défense
à Bruxelles
À Néret
À Néret
À Briantes
À Briantes
À Valençay
À Valençay
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 249 238. – Informations et photo communiquées par le commandant Philippe Connart, Service des Archives notariales au ministère de la Défense à Bruxelles. – Livre-Mémorial des déportés de France, Tirésias, 2004. – Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance-Le service secret britannique d’action SOE en France 1940-1944, Tallandier, 2008. – Jean-Pierre Husson, " Le réseau d’évasion Possum, une histoire douloureuse, une mémoire partagée ", dossier en ligne sur le site Histoire et mémoires, CRDP de Champagne-Ardenne, 2000-2009. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013.

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