PLAUD Michel, Marie, Pierre

Par Bernard Geay

Né le 29 septembre 1936 à Couëron (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; ouvrier ajusteur-mécanicien ; militant CFTC puis CFDT aux Forges de Basse-Indre près de Nantes (Loire-Atlantique), puis à l’usine Carnaud de Nantes (1955-1992).

Michel Plaud en 1960
Michel Plaud en 1960

Son père, Eugène Plaud (1909-1951), né à Couëron (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fut ouvrier à l’usine Pontgibaud de Couëron puis travailla comme ouvrier puis agent de maîtrise chez Carnaud à Basse-Indre, à l’ouest de Nantes. Il décéda le 13 octobre 1951 à l’âge de 42 ans des suites de la tuberculose. Sa mère, Arsénine Gachignard (1907-1999), née à l’Hermenault (Vendée) dans une famille de petits agriculteurs, vint à l’âge de seize ans travailler comme employée de maison à Nantes, et ce jusqu’à son mariage le 1er juillet 1933. Elle était catholique pratiquante. Michel Plaud était le second des trois enfants (une fille et deux garçons). Son frère cadet, Alain Plaud, fut prêtre-ouvrier et travailla comme laveur de vitres. Il milita au syndicat CFDT des Services et dans l’interprofessionnel.

Michel Plaud grandit pendant l’Occupation et connut les privations de cette période. En 1943, sa sœur et lui furent envoyés chez leurs grands-parents maternels à l’Hermenault. Il fréquenta l’école privée Saint-Symphorien à Couëron et faisait à pied puis à vélo les quatre kilomètres séparant son village du bourg. Il obtint son certificat d’études en 1950, à l’âge de quatorze ans, en dépit des nombreuses absences dues à sa mauvaise santé. Il fit une année de plus à l’école pour préparer le concours d’entrée au centre d’apprentissage des Forges de Basse-Indre, concours qu’il réussit en juin 1951.

Après trois ans d’apprentissage, Michel Plaud obtint son CAP d’ajusteur-mécanicien en juin 1954. Il milita à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), participa aux activités sportives (course à pied et football) et musicales (cor de chasse). Après le CAP, il ne poursuivit pas jusqu’au brevet professionnel, pour des raisons financières, car, dépourvu de moyen de transport, il ne pouvait suivre les cours du soir à Nantes. Il fut embauché comme jeune ouvrier à l’atelier de laminage à froid des Forges de Basse-Indre, produisant du « fer blanc » pour les emballages métalliques. C’est là qu’il se syndiqua à la CFTC et participa à sa première grève en juillet 1955. Il passa ouvrier professionnel P1 au bout d’une année.

Le 4 janvier 1957, Michel Plaud fut appelé sous les drapeaux à Coëtquidan (Morbihan) où il fit ses classes avant d’être affecté comme secrétaire dans un bureau. Son goût pour le sport lui permit de postuler à un stage de moniteur sportif qu’il effectua à Antibes (Alpes-Maritimes) durant quatre mois. À l’issue de ce stage, il fut envoyé début 1958 en Algérie dans les Aurès puis en Kabylie. En tant que soutien de famille, il fut libéré en mars 1959, un mois plus tôt que son contingent. Il termina au grade de sergent après avoir effectué vingt-sept mois de service militaire.

En avril 1959, Michel Plaud réintégra les Forges de Basse-Indre, aussi appelées Carnaud Basse-Indre, mais désormais au service entretien central en mécanique. Il travailla à l’installation d’une nouvelle ligne d’étamage électrolytique puis à la construction du premier déchaîneur automatique sur les étuves à l’atelier d’imprimerie sur métal. À l’entretien, c’était un travail en « régulière » (journée normale). Il y passa ouvrier professionnel P2 puis P3. En 1965, il fut muté à l’atelier des fonds (de boites de conserve) comme régleur des cisailles de tôles. Le travail était organisé en équipes alternées.

En 1975, l’atelier des fonds de Carnaud Basse-Indre et ses salariés furent regroupés sur le site de l’autre usine Carnaud, située dans le bas du quartier de Chantenay à Nantes. Cette usine employait mille deux-cent personnes à l’époque, avec autant de femmes que d’hommes. Michel Plaud y travailla comme régleur sur les presses et les cisailles, en équipes alternées de deux fois ou trois fois huit heures, jusqu’au 1er décembre 1992, date où il fut licencié économique à cinquante-six ans, dans le cadre d’un plan de restructuration.

Sensibilisé très jeune à l’injustice sociale, Michel Plaud se syndiqua à la CFTC dès son embauche comme ouvrier en 1954. Au retour du service militaire, il accepta de devenir collecteur puis, plus tard, trésorier de la section CFTC. Il participa avec Pierre Mabit au congrès confédéral extraordinaire de novembre 1964 à Paris qui vit la naissance de la CFDT. Comme pour la très grande majorité des métallos, cette évolution lui parut allez de soi.

Il fut élu délégué du personnel, puis au comité d’établissement dont il fut secrétaire-adjoint. Il siégea à la commission « Vacances et fêtes » ainsi qu’à la commission « Formation » du CE. À ce dernier titre, il participa à la Commission nationale de l’Agence pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) pour la branche Métallurgie, succédant à Jean Chardron dans cette instance. Enfin, il siégea aussi au comité central d’entreprise de Carnaud à Paris.

Michel Plaud vécut mai-juin 68 à Basse-Indre où l’usine fut en grève à partir du 21 mai, avec occupation jour et nuit. Il fit partie du comité de grève et fut donc en permanence sur la brèche. Ce fut pour lui une période doublement mouvementée puisque son quatrième enfant naquit le 17 mai 1968. C’est aussi à ce moment-là qu’il devint secrétaire de la section CFDT avec, comme baptême du feu, sa première prise de parole publique devant les grévistes. Aux Forges, le conflit s’acheva au bout de quatre semaines le vendredi 14 juin 1968 et se conclut par un défilé, place du Marché à Basse-Indre, derrière une unique banderole inter-syndicale. Les avancées obtenues portaient sur les salaires, le droit syndical et les jours de congés supplémentaires au titre de l’ancienneté.

Après son affectation à l’usine de Nantes, Michel Plaud fut élu au comité d’établissement. Il fut aussi délégué syndical et secrétaire de la section CFDT et il siégea à l’AFPA. Durant ses mandats, il fut un militant syndical de terrain, correct dans les relations avec les patrons comme avec les militants des autres syndicats, sans autre ambition que de servir la cause des travailleurs. Après son départ en retraite, il continua de militer avec l’Union locale des Retraités CFDT.

Durant toute sa jeunesse et jusqu’à la trentaine, Michel Plaud fut un sportif accompli. Il pratiqua le football au club « La Concorde » de Couëron. Après avoir été joueur, il poursuivit comme encadrant puis comme dirigeant. En tant qu’entraîneur de l’équipe fanion, il gagna la coupe du District en 1989. En 1980, il devint président de la section football, succédant à Théo Bichon décédé brutalement, et il fut président de l’ensemble du club de 1989 à 1996.

Outre le sport, Michel Plaud a aussi pratiqué la musique, jouant du cor de chasse, activité qu’il relança une fois en retraite. Il a eu de nombreux autres engagements associatifs : à l’Action catholique ouvrière (ACO), avec son épouse, Il a siégé au Conseil des Sages de Couëron de 1997 à 2008. Ensuite, il s’est investi dans un collectif, appelé « Droit d’habiter », qui œuvre pour le logement social.

Michel Plaud se maria le 23 avril 1960 avec Marie-Anne Choblet née le 12 mai 1937 dans une famille d’agriculteurs à Bouaye (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Le couple eut quatre enfants : Marie-Odile née en 1961, Anne (1964), Luce (1967) et Christophe (1968) ainsi que sept petits-enfants et cinq arrière-petits-enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239524, notice PLAUD Michel, Marie, Pierre par Bernard Geay, version mise en ligne le 7 avril 2021, dernière modification le 5 avril 2022.

Par Bernard Geay

Michel Plaud en 1960
Michel Plaud en 1960

SOURCES : Arch. Centre d’histoire du travail de Nantes (CHT) : fonds des Arch. du syndicat CFDT des Forges de Basse-Indre. — Récit autobiograhique manuscrit de Michel Plaud. — Entretien avec Michel Plaud le 13 janvier 2021.

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