BOUDON Jean, Léonce [alias Baptiste dans la clandestinité]

Par Clotilde Bigot

Né le 13 juillet 1919 à Ganges (Hérault), mort au combat le 14 août à Nant (Aveyron) ; maquis des Corsaires, Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Jean Boudon était le fils de Fernand Boudon et de Marie Boudon. Il se maria avec Marie Blazin. Lors du recensement de population de 1936, il ne vivait pas au Vigan (Gard).

Jean Boudon fit partie des membres du maquis des Corsaires tués les 14 et 15 août 1944 par les Allemands alors qu’ils rentraient d’une mission de sabotage au Pas de l’Escalette (Hérault) le 14 août. Le camion des Corsaires regagnait son quartier général, le mas des Pommiers, où il était cantonné depuis le début du mois. Vers 14 heures, les occupants du véhicule décidèrent de faire un détour pour traverser le village de Nant. Les jeunes gens, une trentaine au total, laissèrent librement exprimer leur joie et leur fierté (bien que la mission en elle-même n’ait été que partiellement réussie) : c’est en chantant et en laissant flotter le drapeau tricolore qu’ils traversèrent le village, transgressant ainsi les ordres stricts en matière de sécurité. Jean Boudon, homologué avec le titre de sergent, se trouvait dans ce camion avec le reste du groupe, sous le commandement du lieutenant Cassanas, dit « Roger ». Ce changement d’itinéraire à la dernière minute marqua le début de deux journées particulièrement violentes à Nant, petit village au pied du Larzac. En effet, le détachement de la 11e colonne blindée allemande, partie d’Albi (Tarn) et en reconnaissance sur la route du Larzac, aperçut le camion depuis la route des Liquisses (actuelle D 999) qui descend du Larzac et surplombe Nant. Les jeunes maquisards, tout à leur joie ne virent pas les Allemands arriver droit sur eux.

Le lieutenant Cassanas raconte la scène dans un compte-rendu : À la sortie Nord de Nant, à 300 mètres du cimetière sur le chemin du camp, vers 14h15 une première rafale de mitrailleuses vient s’écraser sur un mur de clôture à une dizaine de mètres en avant du camion. Je donne ordre de stopper et de descendre du camion pendant que les deux fusils mitrailleurs se mettent batterie sur le mur protégé de replis des autres éléments de la section. Un seul FM exécuta l’ordre, car le second attaché au dessus de la cabine ne put être descendu à temps. Le soldat Robic Alain (Sirroco) se mit en batterie et sur mon ordre vida ses chargeurs sur les Boches qui avançaient en se camouflant parmi les gerbiers. Raymond Cassanas ne mentionne pas les circonstances précises de la mort de Jean Boudon : Deux hommes malheureusement furent tués au combat. Les auteurs postérieurs ne suivent pas forcément ce rapport dans le récit des événements. Gaston Laurans reprend dans son ouvrage Nant au mois d’août 1944 la version de Raymond Cassanas : Le camion stoppe et les hommes se dispersent sous la protection du fusil mitrailleur qui, tenu par le soldat Robic Alain, dit Sirocco, arrête les Allemands qui avançaient en se camouflant parmi les gerbiers. Gaston Laurans situe la mort de Jean Boudon peu après le premier affrontement mais pas au moment de celui-ci : (…), puis une rafale de mitraillette est lâchée dans le maïs ; tandis que le tireur se précipite et semble achever un blessé à coups de crosse et de coups de pied, un maquisard se dresse et se rend. Et il précise que ce maquisard s’appelait Fontana et fut libéré en fin de journée. En revanche, selon Gérard Bouladou, dans Les maquis du Massif Central méridional : Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, 1943-1944, ce furent bien Jean Boudon et Manuel Cuenca qui couvrirent la retraite des Corsaires : Le camion, stoppe, les hommes se dispersent protégés par un fusil-mitrailleur servi par Cuenca, un Espagnol, qui sera tué, et le sergent Boudon qui, blessé, sera achevé et défiguré. Christian Font et Henri Moizet reprennent l’idée selon laquelle Jean Boudon aurait été tué lors du premier affrontement avec Manuel Cuenca.

Quoi qu’il en soit, le corps de Jean Boudon ne fut retrouvé que le 16 août dans un champ de maïs étendu sur le dos, le visage tuméfié, les bras en croix et la main droite serrant une grenade et identifié le 17 août, selon Gaston Laurans. La constatation du décès fut faite par le capitaine Raoul Malaval, commandant du 28e groupement d’infanterie (mention marginale sur l’acte de décès), membre du bataillon Puget (ORA) depuis le 18 juin 1944.. Le 17 août 1944, le sous-préfet de Millau transmit au maire de Nant, sur autorisation des autorités allemandes, le droit d’inhumer le corps de Jean Boudon dans le cimetière communal. Sa tombe fut rapatriée dans le cimetière de Ganges à une date inconnue (dans le carré des corps restitués aux familles).

Son nom figure sur les monuments aux morts de Nant et de Ganges et sur la plaque apposée à Nant, commémorant les résistants morts lors des combats de Nant, les 14 et 15 août 1944. Sur cette plaque et sur ce monument, on lui a attribué "Léonie" comme second prénom. Cette erreur est répétée dans plusieurs publications. Il ne figure pas sur le monument des résistants du Rouergue de Sainte-Radegonde (Aveyron).

Voir : Nant (Aveyron), 14 et 15 août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239588, notice BOUDON Jean, Léonce [alias Baptiste dans la clandestinité] par Clotilde Bigot, version mise en ligne le 24 mars 2021, dernière modification le 3 mai 2021.

Par Clotilde Bigot

SOURCES : Arch. Dép. Aveyron : 1493 W 170, 201 W 145, 217 W 36, 1212 W 6, 14 W 151/10, 93 J 4 — Arch. Dép. Gard : 6 M 387 — Arch. mun. Nant : acte de décès n° 29 (registre état civil 1936-1945) — Service historique de la Défense, Caen : AC 21 P 29065 (non consulté). — Service historique de la Défense, Vincennes : GR 19 P 12/25, GR 19 P 30/11 ; GR 16 P 77948 (non consulté) — Christian Font et Henri Moizet, Construire l’histoire de la Résistance. Aveyron 1944, CDDP Rodez – CDIHP Aveyron, CRDP Midi-Pyrénées, 1997, pp. 212-213 — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional : Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, 1943-1944, Nîmes, éd. C. Lacour, 2006, pp. 402-405 — Gaston Laurans, Nant au mois d’août 1944, Rodez, Imprimerie Carrère, 1969, pp. 40-41 — Notes personnelles d’Henri Moizet transmises par mail le 16 février 2021 par André Balent — site internet : monumentsmorts.univ-lille.fr, consulté le 16 mars 2021. — Site MemùorialGenWeb consulté le 24 mars 2021.

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