TEXIER Marcel

Par Michel Thébault

Né le 12 septembre 1898 à Chaunay (Vienne), exécuté sommairement le 24 août 1944 à Chaunay (Vienne) ; charron ; résistant FTPF maquis Noël.

Marcel Texier était le fils d’Honoré Texier, âgé de 34 ans, charron et de Marie Berger âgée de 32 ans, tous deux domiciliés au bourg de Chaunay. Il fut mobilisé pour la guerre le 3 mai 1917 au 1er Régiment d’Artillerie Coloniale. Après avoir combattu lors des derniers combats de l’été et de l’automne 1918, il fut nommé brigadier en décembre 1918. Il fut ensuite envoyé à l’Armée d’Orient toujours dans un régiment d’artillerie de mai 1919 à mars 1920. Il fut démobilisé en juin 1920. Revenu à Chaunay, charron – forgeron comme son père, il se maria le 6 juin 1921 à Saint-Pierre-d’Exideuil (Vienne) avec Emma, Cécile, Joséphine Collin, tandis que son frère Denis épousait Marie Collin. Le couple eut deux enfants Renée, née en 1922 à Chaunay et Robert né en 1924. Au recensement de 1936, Marcel Texier résidait au bourg de Chaunay, où il exerçait toujours la profession de charron. Il avait pour voisin son frère Denis également charron et lui aussi père de deux enfants, Roger et Andrée. Il fut à nouveau mobilisé fin août 1939, affecté spécial à la Manufacture d’Armes de Châtellerault puis en avril 1940 à la Compagnie des Travailleurs Militaires (CTM) au dépôt d’artillerie n° 9, démobilisé fin juin 40 après la défaite. En 1944, il était toujours charron à Chaunay et était de surcroît avec son épouse tenancier du bar café, situé en face de la Mairie, le café Texier.

Marcel Texier s’engagea dans la Résistance rejoignant le maquis FTPF Noël. Il fut exécuté sommairement le 24 août 1944 à Chaunay suite à une dénonciation et un guet-apens dans lequel plusieurs cadres officiers du maquis Noël, dont Léon Petit, avaient été attirés par le maire du village de Chaunay, collaborateur qui tentait de faire croire qu’il passait à la Résistance. Un récit postérieur de quelques années, écrit pour une commémoration par le commandant Noël, chef du maquis, en précise les circonstances : « Depuis deux jours, le sous-lieutenant Petit persuade le capitaine Picard d’accepter de se rendre au rendez-vous que nous a donné le maire de Chaunay. La raison ? La restitution d’armes demeurées en la possession de certains habitants du pays et que nous voulons récupérer. Parti en liaison dans le secteur de Lencloître, je ne pourrai me rendre à cette invitation et surtout m’y opposer. Je n’ai aucune confiance en cet individu qui nous a déjà trahi une fois en immobilisant un important stock d’armes… Nos deux hommes se rendent à Chaunay, à l’heure dite… Le maire prévenu vient rendre visite à Picard, cependant que Petit se dirige vers le café Motillon en compagnie de son neveu qui vient d’effectuer une liaison avec le colonel Bernard… [Après la découverte du guet-apens par la présence d’Allemands dans le village] Picard alerté, cherche refuge au café Texier, un de nos amis… Brusquement les Allemands surgissent dans la salle, s’emparent de Texier et l’emmènent, d’autres passant par l’atelier de charronnage essaient de pénétrer dans la cour où s’est réfugié Picard. Il ne doit qu’à la présence d’esprit de Mme Texier de pouvoir s’échapper... Texier refuse de parler et une rafale le couche au coin de la borne où il a été arrêté... Alertés au café Motillon, Petit et son neveu… quittent le café, traversent la place et s’engagent dans l’allée qui prend juste devant le café Texier. Mais le traître qui les a amenés dans ce guêpier les a vus cherchant à s’échapper… Ramenés sans résistance, Mme Texier les voient échanger quelques paroles, l’oncle et le neveu s’étreignent et une balle dans la tête les couchent côte-à-côte… Leurs corps resteront plusieurs heures sur ce coin de route, foulés aux pieds par les hordes ignobles d’Hindous, serviteurs zélés de leurs dignes maîtres, les Allemands ».

Il obtint la mention mort pour la France, fut homologué FFI et reçut le statut interné-résistant (DIR). Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 3 septembre 1959. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Chaunay et sur la stèle commémorative, Grand-rue, près de la mairie avec l’inscription "Ici furent assassinés par les allemands le 24 août 1944 – Souvenez-vous". Des cérémonies commémoratives annuelles ont toujours lieu pour honorer leur mémoire.

Emmanuel, Olivier Thomas, boulanger, maire de Chaunay, âgé de 48 ans, sa femme Hélène Bellot, âgée de 45 ans, sa fille Éliette, âgée de 23 ans furent arrêtés, jugés et fusillés dans les Bois de Mauprié ,commune de Lusignan, le 28 août 1944 (leur acte de décès fut dressé à Lusignan après l’exhumation des corps à la date du 18 mai 1945).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239616, notice TEXIER Marcel par Michel Thébault, version mise en ligne le 26 mars 2021, dernière modification le 29 mars 2021.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Dép. Vienne (état civil, registre matricule, recensements) — SHD Vincennes GR 16 P 566347 et SHD Caen AC 21 P 163762 (à consulter) — Archives collectives des Forces françaises de l’intérieur (site Mémoire des Hommes) FTPF groupe Noël GR 19 P 86/47 — Renseignements et archives Jacqueline Dribault dont le discours commémoratif du commandant Noël — Renseignements Loïc Richard VRID — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb.

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