LAKHDAR TOUMI Mohamed, dit René, dit Lequien

Par Daniel Grason

Né le 12 avril 1914 à Tiaret, département d’Oran (Algérie), mort le 30 août 1987 ; rectifieur sur métaux ; militant communiste ; déporté ; résistant FTP.

Lakdar Toumi
Lakdar Toumi

Fils d’Abdelkader ben Lakdar et de Halima Ben Bouziane, Mohamed Lakhdar-Toumi demeura 11 rue Joseph de Maistre à Paris (XVIIIe arr.), puis 97, rue des Martyrs dans le même arrondissement. Rectifieur sur métaux, il travailla jusqu’en février 1941 aux usines Voisin à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine), puis dans diverses entreprises de la métallurgie et au Moulin Rouge où il travailla à l’entretien. Il vivait avec Marie-Madeleine Maestrati et était père de deux enfants. La famille vivait au 7 avenue Jean-Jaurès à Joinville-le-Pont (Seine, Val-de-Marne). Il travailla en dernier lieu dans une fabrique de colle dans le XVIIIe arrondissement, il en fut licencié le 15août 1942.
Le 1er août 1942, il faisait partie de l’équipe de protection rue Daguerre à Paris XIVe arrondissement. Des tracts furent jetés à la volée, [Lise Ricol>74677] prit brièvement la parole. Le 20 septembre 1942 vers 13 heures 35, accompagné notamment de Maurice Cadet, il lança une grenade contre l’hôtel Chicago au 99 bis rue de Rome à Paris (XVIIe arr.). Cet établissement était occupé par des soldats de l’armée allemande. Les deux résistants furent poursuivis par des passants dont un gardien de la paix en civil qui n’était pas de service et un cinéaste. Maurice Cadet fut maîtrisé. À 14 h 08, la police diffusa le signalement Mohamed Lakhdar Toumi : « 1m 70 teint basané rasé entièrement type espagnol – vêtu costume marron – a pris la fuite à pied en direction du 8° - il se nomme Tounic dans autres indications. »
À 14 h 30, un deuxième télégramme était envoyé à tous les services de police : Police municipale, Police judiciaire et Renseignements généraux. La grenade éclata « sur le trottoir. A blessé une femme de chambre B. Marguerite 37 ans alsacienne. » Maurice Cadet avait été arrêté par un gardien de la paix, il serait l’auteur de l’attentat. Les dégâts furent minimes des « bris de quelques vitres de la porte d’entrée. » L’analyse effectuée par le laboratoire municipal de chimie – service des explosifs le jour même indiqua qu’il s’agissait d’une grenade défensive française munie du bouchon allumeur dernier modèle.
Lors de l’arrestation du docteur Henri Chrétien le 23 janvier 1942 des papiers saisis mettaient les policiers sur la trace de Mohamed Lakhdar-Toumi. Ce dernier fut interpellé le 31 janvier 1943 par des inspecteurs des Brigades spéciales au domicile de Marie-Madeleine Maestrati à Joinville-le-Pont. Les policiers saisirent un pistolet automatique chargé et un parabellum. Le nom de Mohamed Lakdar-Toumi avait été découvert sur Henri Douillot lors de son arrestation.
Incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), il se trouva le 11 juillet 1943 dans le convoi de cinquante-six hommes (cinquante-deux français, deux espagnols, un polonais et un belge) à destination de Natzweiller en Alsace. Parmi eux il y avait vingt-trois FTP, cinq cadres de l’Armée secrète et deux cadres du réseau Confrérie Notre-Dame Castille. Tous les déportés portaient la mention « NN » Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) ce qui signifiait condamnés à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de L’Or du Rhin de Richard Wagner.
Vingt-quatre d’entre eux moururent à Natzweiller entre juillet 1943 et juin 1944. Les trois résistants Juifs Jacques Magrisso, Jean Lemberger et Joseph Lereoff furent transférés à Auschwitz en Pologne, ils survécurent.
Matricule n° 4480, Mohamed Lakhdar-Toumi surmonta les épreuves, il fut l’un des vingt-cinq survivants de ce convoi : il fut transféré à Dachau (Allemagne) matricule 103222, où il fut libéré le 29 avril 1945.
Il a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR).
Il mourut le 30 août 1987.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239675, notice LAKHDAR TOUMI Mohamed, dit René, dit Lequien par Daniel Grason, version mise en ligne le 29 mars 2021, dernière modification le 11 avril 2022.

Par Daniel Grason

Lakdar Toumi
Lakdar Toumi

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 13 rapport du 8 février 1943, 77 W 310-178617, BA 1752, BA 2309. — SHD, Vincennes, Bureau Résistance, GR 16 P 331974. — Site internet Match ID. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Fondation pour la mémoire de la déportation, Livre-Mémorial. — Photographie de la Préfecture de police communiquée par Didier Alvarez.

Photographie : Arch. PPo. GB 189 (D.R.)

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