BELMONTE

Par André Balent

Réfugié espagnol de la Retirada ; domicilié (1944) à Mirepoix (Ariège) ; exploitant forestier à Manses (Ariège), militant anarcho-syndicaliste de la CNT (Confédération nationale du Travail) ; exécuté le 21 juin 1944 dans la forêt de Manses (Ariège) (?) par des membres de la 3101e compagnie de FTPF de l’Ariège et des guerrilleros de la 3e brigade (Ariège) de l’Agrupación de guerrilleros españoles (AGE)

On connaît Belmonte et son compagnon Molina par deux sources, le témoignage (1984) d’un de ses amis anarchistes, José Ariso (1910-1998), domicilié à Mirepoix comme les deux exécutés du 21 juin 1944, et par Claude Delpla, historien de la Seconde Guerre mondiale en Ariège.

« Responsable » de l’exploitation du bois de la forêt de Manses, près de Mirepoix, dans la partie orientale de l’Ariège, avait pu procurer du travail à des réfugiés espagnols, plus particulièrement à ceux de la CNT. Certains s’étaient cachés et essayaient d’échapper aux réquisitions allemandes. Il accueillait aussi des réfractaires du STO.

Au contact des personnes qui travaillaient en forêt, Belmonte avait conçu, avec Molina, le projet de créer un « maquis libertaire » dans cette partie du département. La UNE (Unión nacional española) et l’AGE, organisations créées par le PCE (Parti communiste d’Espagne) prétendant regrouper en leur sein l’ensemble hétéroclite de ceux que l’on désignait sous le vocable de « républicains espagnols ». Pour le PCE et les organisations qui en dépendaient, le refus de se plier à cette vision de l’ « unité » ne convenait pas à la majorité des autres républicains (socialistes, anarchistes, nationalistes catalans et basques, militants fidèles au POUM, parti réprimé puis démantelé en 1937, en Espagne, à l’initiative de L’Internationale communiste) avait fini par être considéré comme une manifestation de la trahison.

Les communistes espagnols eurent vent du projet de Belmonte de créer un maquis libertaire. Le refus de Belmonte et de Molina d’intégrer les rangs de l’AGE fut à l’origine de leur « liquidation », terme alors très usité pour parler d’exécution ou, il faut le dire, d’assassinat pour motifs politiques.

José Ariso, libertaire de Mirepoix, nous dit qu’ils furent tués quelque part entre Varilhes et Lavelanet (Ariège). Marie-Christine Dargein, la première qui dans le cadre d’un travail universitaire dirigé par Pierre Laborie, a analysé (1989) l’opposition, en Ariège, entre, d’une part, les communistes promoteurs de l’UNE et de l’AGE et, d’autre part, les anarchistes ne donne pas de date pour cette exécution mais indique qu’elle eut lieu dans le bois de Manses. Claude Delpla, quant à lui, indique que ce fut le 21 juin 1944. José Ariso expliqua, dans le même témoignage, que lui-même déjoua une tentative d’assassinat par des guérilleros de l’UNE, près de Mirepoix. Claude Depla signale la participation, à l’exécution des deux anarchistes, de la 3101e compagnie des FTPF de l’Ariège et de la MOI (Main d’œuvre immigrée). Ces fiches ont sans doute été rédigées dans une époque ancienne de ses recherches, car, à cette date, les Espagnols résistants de la mouvance communiste étaient depuis longtemps organisés dans la brigade départementale de l’AGE, fait que Claude Delpla a développé dans ses nombreuses publications.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239709, notice BELMONTE par André Balent, version mise en ligne le 31 mars 2021, dernière modification le 25 mars 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 255, fonds Claude Delpla, fiches cartonnées manuscrites individuelles d’Espagnols ; note manuscrite concernant l’exécution de Belmonte et de Molina. — Esteve Ballester, Martine Boury, Marcel Gélis, Marcel Langand, Henri Melich, Edward Sarboni, Carolina Benito, Amapola Gracia, Dominique Grein, (éd .), Les dossiers noirs d’une certaine résistance. Trajectoires du fascisme rouge, Perpignan, Cercle d’études sociales, 1984, 239 p. [Témoignage de José Arisó p. 102-104]. — Marie-Christine Dargein, La Résistance en Ariège, histoire et mémoire, maîtrise dactylographiée, (dir. Pierre Laborie), Toulouse, Université de Toulouse – Le Mirail, 1989, 134 p. [p. 75]..

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