HISPA Gabriel [Pseudonyme dans la clandestinité : Jean NOAILLES]

Par André Balent

Né le 12 décembre 1913 à Paris, fusillé par condamnation de la Cour martiale de la Milice de Montpellier (Hérault) le 11 juillet 1944 à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) ; gardien de la paix à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; militant communiste des Pyrénées-Orientales ; volontaire des Brigades internationales ; résistant FTPF.

Le père de Gabriel Hispa portait le même prénom que son fils. Sa mère s’appelait Marie-Louise Grenet. Gabriel Hispa fit son service militaire dans la marine. En 1944, il était marié (avec Isabelle Juanès) et père d’un enfant. Volontaire des Brigades internationales, il fut, en Espagne, officier d’intendance. Il se replia à Perpignan où il était domicilié, rue Dauder-de-Selva.
Lorsqu’il entra en résistance, il était déjà un militant communiste. Il fut en contact avec le docteur Henri Durrieu de Madron, un des animateurs du réseau AJ-AJ. Gardien de la paix à Perpignan depuis le mois de janvier 1943, il intégra les Francs-tireurs et partisans français (FTPF) en avril 1944, en même temps que deux autres gardiens de la paix, Roger Menuisier, Lorrain et militant du Parti communiste, alias « Marc André », et Jean España, alias « Louis Boyer », Gardois. Il y retrouva aussi Durrieu de Madron. Avec deux jeunes des Chantiers de jeunesse, Joseph Sauri, alias « Soulier », agriculteur à Perpignan né le 25 novembre 1918 à Narbonne (Aude) et Pierre Stoll alias « Sarda », né le 27 mai 1922 à Perpignan, aux Francs-tireurs et partisans (FTP) depuis novembre 1943, ils formèrent le groupe n° 4 du détachement « Valmy », de la compagnie n° 411 des FTP opérant dans le secteur de Perpignan et Rivesaltes (dans les Pyrénées-Orientales). Hispa était le plus âgé et le plus expérimenté d’entre eux et devint le chef de groupe. De plus, au printemps 1944, Hispa était devenu le responsable militaire régional des FTPF des Pyrénées-Orientales dont Paul Dinnat autre membre du « triangle » était le responsable technique. Le 20 mai 1944, Gabriel Hispa et Roger Menuisier, en service, interpellèrent un homme qui ne respectait pas le couvre-feu. Comme il leur expliqua qu’il était un résistant, il ne l’arrêtèrent pas et le laissèrent en liberté. Cet individu, informateur de la police allemande signala leur comportement, anormal pour des policiers en service. Les Allemands firent un rapport à l’intendance régionale de police de Montpellier qui ouvrit aussitôt une enquête. Cet incident précéda de peu le fiasco de l’attaque des convoyeurs de la trésorerie générale de Perpignan.
Le 24 mai 1944, Joseph Sauri, Roger Menuisier et Pierre Stoll attaquèrent un agent de la Trésorerie générale de Perpignan, boulevard Wilson, qui convoyait des fonds à la Banque de France. Alertés par le tir des convoyeurs de fonds qui blessèrent Stoll, plusieurs Allemands sortirent du Soldatenheim situé à proximité. Stoll réussit malgré tout à s’enfuir dans la direction opposée à celle qui avait été convenue. Hispa et Paul Dinnat, se tenaient de l’autre côté du boulevard Wilson près de la promenade des Platanes bordée également par la voie ferrée du tramway de la ligne Perpignan–Canet-Plage. Ils observaient le bon déroulement de l’action, prêts à couvrir éventuellement le repli des trois exécutants. Désarçonnés par le comportement imprévu de Stoll, ils se séparèrent. Auparavant, Hispa dit à Dinnat qu’avant de se retrouver au lieu convenu d’avance du Haut Vernet, il passerait au commissariat de police, situé alors rue Mailly, ce que manifestement il ne fit pas puisqu’il se retrouva en compagnie de Menuisier et Sauri au pied du monument aux morts, à peu de distance de la trésorerie et du cours Palmarole où Auriol les attendait. Dinnat ne le sut jamais car, en 2009, il croyait que Hispa avait été arrêté par des collègues au commissariat.Tous trois s’engouffrèrent dans la voiture du centre hospitalier pilotée par Pierre Auriol, FTP, agent hospitalier, mais ils finirent par être retrouvés et furent internés à la Citadelle entre les mains des autorités allemandes. Y ayant retrouvé Stoll, tous les cinq furent torturés par la Sipo-SD. Transférés à Montpellier (Hérault), ils furent mis à la disposition de la police française.
La cour martiale qui le jugea, lui et ses quatre compagnons, à Montpellier le 11 juillet 1944, siégea à l’intendance de police de la ville. C’était la quatrième séance de cette juridiction d’exception depuis sa mise en place à Montpellier. Ses trois membres siégèrent dans le bureau d’Hornus, l’intendant. Avec ses quatre compagnons, il fut exécuté sur la butte de champ de tir de la Madeleine à Villeneuve-lès-Maguelone. Toutefois, son acte de décès figure sur le registre de l’état civil de Montpellier.
Condamné à mort, il refusa d’être attaché face au peloton et d’avoir les yeux bandés. Il fallut deux coups de grâce pour l’achever après la salve du peloton des GMR Bitterois (reconnus par Menuisier qui les avait côtoyés dans la police).
Son corps, ainsi que ceux des quatre autres FTP perpignanais exécutés en même temps que lui, enterrés initialement au cimetière Saint-Lazare de Montpellier furent ré-inhumés à Perpignan le 27 octobre 1944. L’enterrement — y compris l’absoute en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste à laquelle eurent droit ces communistes ou sympathisants — de ces cinq victimes donna lieu à une imposante cérémonie à laquelle participèrent le préfet Latscha, Félix Mercader, maire de Perpignan, et Louis Chargès, responsable des anciens combattants.

Gabriel Hispa fut déclaré "mort pour la France". Son nom figure sur les stèles érigées sur la butte de tir de la Madeleine, lieu des seize exécutions par les Allemands ou les GMR entre le 14 mars et le 11 juillet 1944 et à 300 m en contrebas, le long de la route reliant Montpellier à Sète. Le 9 juin 1948, Gabriel Hispa fut homologué dans le grade de sous-lieutenant FFI. À Cabestany (Pyrénées-Orientales) une rue Gabriel-Hispa honore sa mémoire. À Perpignan une "rue des fusillés de juillet 1944" perpétue le souvenir des cinq FTPF perpignanais exécutés à la Madeleine. À Perpignan, des cellules du PCF portèrent le nom de Gabriel Hispa.

Voir : Lieu d’exécution de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23974, notice HISPA Gabriel [Pseudonyme dans la clandestinité : Jean NOAILLES] par André Balent, version mise en ligne le 23 décembre 2008, dernière modification le 17 mars 2020.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 53 W 115. — Arch. AVER. — État civil de Montpellier, acte de décès de Gabriel Hispa. — Le Républicain, quotidien, Perpignan, 27, 28 octobre 1944. — DBMOF, t. 31, p. 370. — Jacques-Augustin Bailly, La Libération confisquée. Le Languedoc 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993, p. 43. — Ramon Gual & Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane », II a, « Els alemanys fa (pas) massa... temps », Terra Nostra, 91-92, Prades, 1994, p. 278 ; II b, « De la Résistance à la Libération », Terra Nostra, 93-96, Prades, 1998, p. 479, 922, 940, 941, 942, 943, 944. — Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane », I, « Chronologie des années noires », Terra Nostra, Prades, 1994, p. 278. — Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales, II, Le difficile combat vers la Libération nationale. Novembre 1942 – août 1944, Lille, Marxisme / Régions, 1985, p. 89. — Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme/Régions, 1994, p. 93. – Georges Sentis, Les archives des FTP catalans (hiver-printemps 44), Lille, Marxisme/Régions, 1984, p. 64. — Courriel de Danièle Arnaud, 5 mai 2017. — Notes de Danièle Arnaud.

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