FREZZATO Othello

Par Didier Bigorgne

Né le 7 septembre 1919 à Montelicé (Italie), mort le 18 juin 2002 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; ouvrier mouleur, puis factotum ; résistant, syndicaliste CGT puis FO et militant socialiste, secrétaire général de l’UD-FO des Ardennes (1949-1979), membre de la commission administrative nationale de la Fédération FO des Métaux (1948-1979) ; président de la CPAM des Ardennes (1963-1983).

Fils de Pierre Frezzato, ouvrier maçon, et de Thérèse Zanovello, sans profession, Othello Frezzato eut six frères et sœurs. Il était âgé de six mois quand ses parents quittèrent l’Italie pour venir s’installer à Sancy-Haut (Meurthe-et-Moselle). Après 1925, la famille se fixa à Braux (Ardennes). Othello Frezzato y obtint le certificat d’études primaires ; il fréquenta ensuite le cours complémentaire de Château-Regnault où il réussit le certificat d’études primaires deuxième degré. Sur les recommandations de son oncle, il entra en qualité d’apprenti, aux Aciéries de Longwy à Sedan (Ardennes), ville où il résida. Il passa avec succès le CAP de mouleur à la main, un métier qu’il exerça pendant de longues années. Après avoir participé aux grèves de l’été 1936, il adhéra aux Jeunesses socialistes en 1937.

Othello Frezzato fut incorporé le 17 avril 1940. Il effectua ses classes au 18e régiment d’infanterie avant d’être affecté au 2e régiment des Zouaves à Oran (Algérie), le 3 février 1941. Il retrouva la métropole le 13 décembre 1941 pour rejoindre le 51e régiment d’infanterie à Albi. Démobilisé le 29 novembre 1942, il rentra à Braux. Le 6 février 1943, il y épousa Lucienne Hulot, femme de ménage, qui lui donna cinq enfants. Réfractaire au STO, il s’engagea dans le maquis Prisme des Manises sous les ordres du commandant Jacques Paris de la Bollardière. Dans la nuit du 12 au 13 juin 1944, avec une cinquantaine de résistants, Othello Frezzato réussit à échapper à l’attaque allemande ; cent six jeunes furent néanmoins capturés, puis torturés avant d’être fusillés. Le 28 décembre 1944, il fut muté à la sécurité militaire des communications. Promu au grade de caporal-chef le 1er mars 1945, il retrouva la vie civile le 26 octobre suivant.

La carrière syndicale d’Othello Frezzato, qui avait adhéré à la CGT en 1946, débuta avec la rupture Force ouvrière qui se produisit le 10 juin 1947 dans les Ardennes. Alors secrétaire du syndicat de Métaux de Braux, il devint rapidement l’un des jeunes animateurs du groupe Force ouvrière au coté de militants chevronnés comme Albert Anciaux du syndicat des ardoisiers de Fumay, Gaston Delcourt du syndicat des Métaux de Revin et Fernand Gilbert*, secrétaire du syndicat des communaux et hospitaliers des Ardennes. Après avoir approuvé la scission syndicale prononcée par la conférence nationale des Amis de Force ouvrière des 18 et 19 décembre 1947, Othello Frezzato participa à la constitution du syndicat des métaux Force ouvrière des Ardennes dans les premiers jours de janvier 1948. Il en devint le secrétaire dans le courant du mois de mars, suite à la démission de Gaston Delcourt pour des raisons de santé, et le représenta au congrès constitutif de la Fédération Force ouvrière des Métaux les 10 et 11 avril 1948. Élu à cette date membre de la commission administrative nationale, il y siégea jusqu’en 1979 : il se révéla comme un tenant du syndicalisme modéré, un partisan résolu de la politique de négociation avec le patronat pour aboutir à la signature d’un contrat collectif. Dans le même temps, l’ascension syndicale d’Othello Frezzato s’accéléra à l’échelon départemental pour s’inscrire dans la durée. Nommé permanent de l’UD-FO des Ardennes au début de février 1949, il devint secrétaire général de l’Union départementale à la fin du mois de mars suivant, succédant ainsi à Fernand Gilbert. Confirmé dans sa fonction par le congrès de l’UD-FO du 19 juin 1949, il l’occupa jusqu’à son départ le 21 octobre 1979. Il demeura toutefois membre de la commission exécutive de l’Union départementale, gérant du journal Ardennes-FO qu’il avait créé en 1963 et secrétaire du syndicat de la métallurgie jusqu’au congrès extraordinaire de l’UD-FO des Ardennes du 28 juin 1980.

Parallèlement à son activité syndicale, Othello Frezzato occupa des responsabilités importantes dans les organismes sociaux et économiques. Élu au conseil d’administration de la Caisse primaire d’assurances maladies (CPAM) des Ardennes en 1957, il en devint le président à partir d’octobre 1963. Il conserva ce poste jusqu’en 1983, année où il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat. Sous sa présidence, de nombreuses réalisations furent entreprises : construction d’un nouvel immeuble pour accueillir le siège de la CPAM, création des centres de réadaptation fonctionnelle de Warcq et de Warnécourt, réalisation d’un centre de santé et d’un cabinet dentaire à Charleville-Mézières. Othello Frezzato exerça aussi diverses fonctions dans d’autres organismes : il fut administrateur à la Caisse des allocations familiales et à l’URSSAF des Ardennes, membre du conseil d’administration des ASSEDIC de Champagne-Ardenne, vice-président du Conseil économique et social des Ardennes, membre du Comité économique et social de Champagne-Ardenne, enfin vice-président du Centre hospitalier spécialisé de Bélair.

À côté de son engagement syndical, Othello Frezzato militait au Parti socialiste SFIO. Membre de la commission exécutive de la fédération des Ardennes de 1955 à 1960, il fut un défenseur acharné de la CED et de la politique menée par Guy Mollet* en Algérie. Aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, il représenta son parti dans la troisième circonscription de Sedan-Vouziers : il fut éliminé au premier tour en obtenant 2 998 voix sur 52 772 inscrits et 42 490 votants. Anticommuniste de toujours, Othello Frezzato n’accepta pas la politique de rapprochement avec le Parti communiste préconisée par François Mitterrand* et s’opposa à l’adoption du programme commun de gouvernement PS-PCF conclue le 27 juin 1972. Il perdit ses dernières illusions sur le plan local avec la constitution d’une liste d’Union de la Gauche qui remporta la victoire aux élections municipales des 14 et 21 mars 1977 à Charleville-Mézières. Il rompit alors avec le Parti socialiste après quarante années de militantisme. Il alla plus loin encore à l’occasion des élections municipales des 6 et 13 mars 1983 en présentant sa propre liste contre celle d’Union de la Gauche conduite par le socialiste Roger Mas* : L’échec fut sévère pour Othello Frezzato : sa liste n’obtint que 1 028 voix sur 32 371 inscrits et 22 900 votants (4,62 % des suffrages exprimés).

Employé en qualité de factotum au Centre de médecine préventive de Charleville-Mézières depuis 1951, Othello Frezzato partit à la retraite en 1980. Veuf depuis le 28 décembre 1995, il était chevalier de la Légion d’honneur, du Mérite social et de l’ordre national du Mérite quand il mourut. Il fut enterré civilement le 20 juin 2002 au cimetière de Braux à Bogny-sur-Meuse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24008, notice FREZZATO Othello par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 28 décembre 2008, dernière modification le 2 juillet 2009.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch.Dép. Ardennes, 3M5, 8 et 9. — Arch. Fédération FO des Métaux. — Arch. UD-FO des Ardennes. — Le Réveil Ardennais, 1955-1960. — L’Ardennais, 20 juin 1949 et 4 mars 1983. — Témoignage de l’intéressé. — États civils de Bogny-sur-Meuse (commune de Braux) et de Charleville-Mézières.

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