Esclavelles (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), 29 août 1944.

Esclavelles est un village de Seine-Maritime dans le Pays de Bray, Canton de Neufchâtel-en-Bray, arrondissement de Dieppe. La fusillade d’Esclavelle se produisit lors du départ des Allemands en repli devant les troupes canadiennes qui libéraient la Seine-Inférieure. Le 29 août 1944 ne précède que de deux jours les réjouissances de la Libération du Pays de Bray les dernières colonnes nazies opèrent d’ultimes massacres.

La plaque des fusillés d’Esclavelles, située au pied d’un calvaire. Photo par Talmeu
La plaque des fusillés d’Esclavelles, située au pied d’un calvaire. Photo par Talmeu

Voici reproduit un récit qu’on retrouvera sur le site d’Histoire locale du Pays de Bray TALMEU (Histoire du Talou et du Vimeu).

"Les fusillés de la côte des Hayons.
Nous sommes le 29 août 1944, il est cinq heures de l’après-midi, une Chenard et Walker quitte Saint-Saëns en direction de Aumale, à son bord cinq FTP du maquis du pays de Bray (Paul Lesueur, Jacques Papin, Louis Fromager, Jean Auriol, Christian Barrais.)
Juste à la sortie de Saint-Saëns, dans la côte, Jacques stoppe la voiture pour proposer à un adolescent qui marche dans la même direction de l’emmener, il s’agit de Maurice Maugis 17 ans, pupille de l’Assistance Publique, chargé un peu plus tôt dans la journée par son patron d’accompagner des chevaux réquisitionnés à Saint-Saëns, il souhaite regagner la ferme du bord des bois à Ménonval.
Après une rapide présentation du réseau ils reprennent la route pour arriver péniblement jusqu’au plateau des Hayons, La Chenard commençant à montrer des signes de fatigue, ils décident de s’arrêter pour nettoyer le filtre (La Chenard et Walker est une voiture qui fonctionne à l’essence mais Jacques Papin est contraint de la faire tourner avec un mélange de fuel-essence ce qui a pour effet d’encrasser constamment le filtre c’est pourquoi il préfère s’arrêter en haut d’une côte pour nettoyer le filtre).
A cet instant une traction avant les croise et fait immédiatement demi-tour en haut de la côte avant de redescendre dans leur direction, ils sont tous les six autour de la camionnette quand la voiture noire bourrée d’Allemands s’arrête à leur hauteur quatre soldats allemands et leur corpulent capitaine descendent prestement de la traction et les font immédiatement aligner sur le bord de la route.
Les SS procèdent à la fouille du véhicule et découvrent un fusil-mitrailleur rouillé bien caché sous la banquette avant, ils sont aussitôt encerclés pendant que le capitaine nazi hurle des ordres qu’ils ne comprennent pas.
Les seuls mots qu’ils comprennent pendant que les soldats effectuent une fouille au corps sont — Terroristes, terroristes, vous êtes tous des terroristes !
Maurice pris d’une soudaine panique se met à crier
– Moi je ne suis là que par hasard ! Moi je n’ai rien à voir avec eux
– Vous êtes tous des terroristes reprend le capitaine allemand dans une rage folle.
Sous la menace ils sont aussitôt conduits à l’entrée d’un petit chemin qui se trouve à l’orée du bois. Situés à quelques pas, en tant que FTP, ils connaissent la sentence ils vont être fusillés.
Sur les six hommes présents ce jour-là cinq sont exécutées, Louis Fromager 20 ans était Dieppois, Jean Auriol 26 ans vivait à Saint-Saëns de même que Paul Lesueur 19 ans, Christian Barrais 21 ans vivaient à Saint-Martin Osmonville, Maurice Maugis 17 ans à Ménonval..
Seul Jacques Papin est parvenu à leur échapper ; pour en savoir plus, le livre de l’historien François Fouquet coécrit avec Jacques Papin « Le sixième homme- La résistance dans le pays de Bray » traite de la question.
Le 30 août 1944 le lendemain du drame des Hayons Monsieur Troussé, garde champêtre d’Esclavelles, découvre les corps des cinq jeunes gens abattus par les militaires allemands.
Le 31 août 1944 la camionnette aménagée en ambulance de Monsieur Bolloret commerçant à Saint-Saëns transporte les corps des jeunes résistants alors que la population de la commune fête la libération par les soldats canadiens.
Quand la camionnette s’arrête place Maintenon les habitants découvrent alors l’horreur.
Les corps de Christian Barrais et Paul Lesueur sont remis à leurs parents, pendant que ceux de leurs camarades d’infortune sont conduits à la maison de retraite pour être pris en charge par les religieuses."

Les cinq fusillés d’Esclavelles.
BARAIS Christian
FROMAGER Louis, Parfait
LESUEUR Paul
AURIOL Jean
MAUGIS Maurice

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240123, notice Esclavelles (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), 29 août 1944., version mise en ligne le 18 avril 2021, dernière modification le 19 avril 2021.
La plaque des fusillés d'Esclavelles, située au pied d'un calvaire. Photo par Talmeu
La plaque des fusillés d’Esclavelles, située au pied d’un calvaire. Photo par Talmeu

SOURCES : Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine-Maritime ouvrage de l’ADFF (Familles de fusillés) de Seine-Maritime (1994). — Bureau Résistance SHD. — Site d’histoire locale du Pays de Bray : TALMEU.

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