EFFEL Jean [LEJEUNE François, dit]

Par Michel Dixmier, Claude Pennetier

Né le 12 février 1908 à Paris, mort le 10 octobre 1982 à Paris ; dessinateur ; collaborateur de nombreux journaux de gauche.

Fils d’Albert Lejeune, fabricant de broderies, frère du professeur Michel Lejeune (né en 1907), linguiste, membre de l’Institut, et d’un professeur d’allemand. Jean Effel épousa le 3 juillet 1934 Marguerite Néel, d’où sa signature qu’accompagne toujours une marguerite.
Après des études à Paris (collège Chaptal, lycée Carnot), puis le service militaire dans les Hussard, il travailla quelque temps dans la fabrique de passementerie de son père. Il étudia l’art, la musique et la philosophie dans la capitale avant de séjourner en Anglerre. Il souhaita être dramaturge ou peintre, mais en 1932 il abandonna ces ambitions pour devenir dessinateur de presse.
Le style très personnel de ses dessins, leur humour politique et poétique lui valurent un succès très rapide. Il eut un grand succès dans le milieu des Auberges de jeunesses, il illustra Boulogne-Ajiste de décembre 1937 et dessina à la demande dans des soirées ajistes. Membre de l’AEAR, il brocarda le colonel de La Rocque et décora bénévolement le pavillon des Temps nouveaux lors de l’Exposition universelle. Jusqu’en 1940, Jean Effel collabora à de nombreux journaux (plus de soixante). Parmi les titres politiques, on peut citer : Monde, Marianne (1933-1939), l’Œuvre, La Flèche (1934-1936), l’Humanité (1936), Le Canard enchaîné (1933 à 1940), Messidor, hebdomadaire de la CGT (1938-1939). Mais, sous l’impulsion de H.-P. Gassier*, il s’inscrivit à la CGT en 1935.

Son premier voyage en URSS date de l’été 1935 (invité par la revue satirique Crocodile, il assista à l’enterrement d’Henri Barbusse [GARF, 5283-9-168]) qui venait de mourir à Moscou. Il y retourna en 1946 et 1949.

Pendant l’été 1939, mobilisé, il concourt pour illustrer le slogan : « Taisez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent. » et remporte remportent le premier prix.
Démobilisé en 1940 à Clermont-Ferrand, Jean Effel donna quelques dessins à Paris-Soir et au Figaro. De 1942 à 1944, réfugié à Lyon puis à Antibes, il ne publia pratiquement rien.
De retour à Paris en août 1944, il reprit son activité dans la presse, travaillant en particulier à Action, aux Lettres Françaises, au Canard enchaîné, à Franc-Tireur puis à Libération, à l’Humanité-Dimanche, etc. Sa collaboration au Figaro avait pris fin en novembre 1949 après qu’il eut publié, en compagnie de Claude Morgan, un récit jugé trop enthousiaste sur la vie en URSS. Il reçut la Médaille d’or de la Paix en 1952 et le Prix Lénine de la Paix en 1968. En 1954, il participa à une délégation en Chine populaire avec le chanteur Francis Lemarque, le romancier Pierre Gascar, le futur psychanalyste Félix Guattari, le géographe Jean Dresch, président des Amitiés franco-chinoises et le jeune normalien Lucien Bianco.
Effel fut président de France-Tchécoslovaquie dans les années 1960. Il l’était encore au moment de l’intervention soviétique de 1968. Il aurait refusé d’aller à Moscou pour recevoir le Prix Lénine.
Avec Tim et Siné, il fait partie de l’équipe des dessinateurs satiriques qui, dès 1958, combattirent la politique gaulliste et soutinrent le les combats pour l’indépendance de l’Algérie.
Jean Effel n’a, selon son témoignage, jamais adhéré à un parti politique, mais il fut proche du Parti communiste avant de se rapprocher de Pierre Mendès France.
Ses quinze mille dessins — chiffre approximatif en 1977 — parurent, en quarante-cinq ans, dans de très nombreuses publications de courants de pensée assez divers.
Ses obsèques eurent lieu à Vasouy près d’Honfleur. Il laissa 170 000 dessins.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24017, notice EFFEL Jean [LEJEUNE François, dit] par Michel Dixmier, Claude Pennetier, version mise en ligne le 28 décembre 2008, dernière modification le 18 novembre 2022.

Par Michel Dixmier, Claude Pennetier

ŒUVRE : Jean Effel est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages : recueils de dessins parus dans la presse, livres pour enfants. Parmi les titres politiques : Le Colonel de la Rocque, Gallimard, Paris, 1936. — Ritournelle 1 et 2, Gallimard, Paris, 1938 et 1939. — Jours sans Alboches, Éd. de France-Soir, Paris, 1945. — Rassemblement de Petites Facéties, Paris, 1947 (116 dessins). — De la Debré à la Pompidour, 1964. — Brèves rencontres, Éditions du Cercle d’art, 1974. —De la IIIe République à la Seconde Restauration, Messidor, 1983.

SOURCES : Le Monde, 13 et 16 octobre 1982. — Journaux cités dans la biographie. — Who’s Who in France, 1979-1980. — DBMEPAC. — Sophie Coeuré, Rachel Mazuy, Cousu de fil rouge. Voyage des intellectuels français en Union soviétique. 150 documents inédits des archives russes, Ed. du CNRS, 2013, p. 37 et 41. — Lucette Heller-Godenberg, Histoire des auberges de jeunesse en France des origines à la Libération (1929-1945), 2 vol., 1985, Université de Nice. Voir index.

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