TAMASY Adalbert , nommé aussi Bela, Joseph, alias « Tama », pseudonyme de maquis [nom écrit parfois TAMASSI ou TAMASSY sur divers documents officiels]

Par André Balent

Né le 28 juillet 1923 à Újpest (Hongrie) commune rattachée à Budapest en 1950, mort en action de combat le 27 juillet 1944 à Mazères-sur-Salat (Haute-Garonne) ; ébéniste ; résida à Paris (XIe), à Toulouse (Haute-Garonne) puis à Revel (Haute-Garonne) ; résistant à partir de mars 1944, maquis FTPF de Betchat (Ariège)

Adalbert Tamasy (1923-1944)
Source : site lauragais.patrimoine

Son père, prénommé Bela, était né le 18 avril 1894 à Ujpest (Hongrie). Sa mère, Adélaïde Kanjó était née dans la même localité le 20 avril 1894. La famille Tamasy habitait en 1944, 4 avenue de Toulouse à Revel (Haute-Garonne).
La localité natale de Bela Tamasy est maintenant le 4e arrondissement de Budapest. Adalbert Tamasy est venu en France avec ses parents à une date indéterminée. Dans ses fiches manuscrites, Claude Delpla, historien de la Deuxième Guerre mondiale dans l’Ariège et le site lauragais.patrimoine, le dossier établi par la 3401e compagnie des FTPF pour son homologation (Service historique de la Défense) le prénomment « Aldabert » ou « Adalbert ». D’autres sources parlent de lui comme d’ « Albert Tamasy ». Les divers monuments où son nom est inscrit indiquent toujours le prénom de « Bela » ou ceux de « Bela, Joseph ». L’état civil de Mazères-sur-Salat consigne le procès verbal d’exhumation et de reconnaissance d’Adalbert Tamazy. Celui-ci, "inconnu" avait été enterré dans une fosse à des fins de reconnaissance dans le cercueil n°1, avec les deux autres victimes de l’accrochage du 27 juillet 1944 entre les maquis de Betchat et les troupes d’occupation. Bela Tamasy était accompagné par un ami, Alexandre Wolk, âgé de trente-six ans et domicilié à Pennautier (Aude), à proximité de Carcassonne, à l’ouest de cette ville. Wolk connaissait aussi le jeune maquisard mort au combat. Dans ce procès-verbal, tenant lieu d’acte de décès, le prénom déclaré par son père était bien "Adalbert". Bela Adalbert et Alexandre Wolk reconnurent formellement son corps.

Adalbert Tamasy habita d’abord 82 Chemin Vert, dans le XIe arrondissement de Paris. Son père était artisan ébéniste. Diverses sources, en particulier le site lauragais.patrimoine, affirment qu’il aurait été volontaire pour s’engager dans l’armée française en 1939-1940, ce qui semble invraisemblable étant donné son âge. De fait, il fut embauché en 1940 aux usines de la Société nationale des constructions aéronautiques du Midi créée en 1937 à Toulouse (Haute-Garonne). La famille s’installa ensuite à Revel, petite ville de la Haute-Garonne au pied de la Montagne Noire, proche à la fois de l’Aude et du Tarn. Revel où l’industrie du meuble et plus largement de la filière bois était bien présente procura sans difficulté du travail à Adalbert Tamasy et à sa famille. Il s’y fit connaître pour son goût pour le dessin et la peinture pastel. Au maquis, ses camarades l’avaient surnommé « le peintre ».

Sans doute menacé par le STO, il chercha à gagner un maquis. Il aurait pu choisir de rejoindre un des maquis de la Montagne Noire toute proche (AS, Corps franc de la Montagne Noire (CFMN) : le seul petit maquis FTPF de la Montagne Noire finit par intégrer le CFMN). Le choix d’un maquis des FTPF, établi dans un village de l’Ariège, à la limite du Comminges, à l’autre extrémité de la Haute-Garonne, indique peut-être une inclination pour la résistance communiste. Il quitta Revel en mars 1944, expliquant à ses parents qu’il se rendait à Toulouse exposer des tableaux au Salon des indépendants.

Le 15 mars 1944, Adalbert Tamasy intégra la 3401e compagnie des FTPF devenue « maquis de Betchat ». Les maquisards étaient cantonnés dans la grotte du Lens à Betchat (Ariège), petite commune forestière de l’Ariège, à la limite de la Haute-Garonne. Le 1er juin 1944, il fut promu sous-lieutenant de sa compagnie de FTPF. Le maquis, c’est à dire la 3401e compagnie des FTPF était commandée par un « triangle » de direction formé par le capitaine Jean Blasco (« Max ») commissaire militaire, André Dougnac (« Roger ») commissaire technique et Louis Bonzom (« Jackie ») commissaire aux effectifs. Le chef militaire, Blasco, communiste, n’avait que dix-neuf ans lorsqu’il intégra les FTPF et, à vingt ans, sans formation militaire préalable, il commanda un groupe armé. Sa bravoure, louée par certains de ses camarades de combat, critiques à son égard (comme Georges Loubiès), n’empêcha pas parfois une discipline relâchée et des actions intempestives. Celle de deux de ses maquisards à Marsoulas (Haute-Garonne) fut le point de départ du massacre de 17 villageois par la division Das Reich, le 10 juin 1944. Celle de Mazères (Haute-Garonne), le 27 juillet, à l’issue de laquelle périrent, au lieu-dit les Murasses, Adalbert Tamasy et deux autres maquisards de Betchat, Louis Massé et Daniel Gaset semble avoir échoué faute d’avoir su bien évaluer le rapport des forces (ainsi que le suggèrent Georges Loubiès, lettre à Claude Delpla, 1968, et Fernand Cortale du triangle régional de direction des FTPF, cité par Henri Soum, 1994). Les maquisards attaquèrent un train de troupes allemandes à Mazères-sur-Salat (ligne de chemin de fer de Boussens (Haute-Garonne) à Saint-Girons et à Foix (Ariège), aujourd’hui fermée et déposée). Mais surpris par un convoi motorisé, ils durent décrocher. Ils ne durent leur salut qu’au sacrifice de Tamasy et de ses deux camarades. Roland Dorgelès raconta, presque à chaud (op. cit., 1945) une version de ce tragique incident. Les FTP de Betchat auraient dû s’emparer d’un traitre, ouvrier de la raffinerie de Boussens, à l’origine de l’arrestation d’un résistant de l’AS — il avait indiqué son nom au redouté collaborationniste Jean, Pierre, Frédéric Aldebert, photographe à Salies-du-Salat (Haute-Garonne) — après avoir monté une embuscade contre l’autobus dans lequel il était censé se trouver. Les Allemands, informés, ne seraient pas arrivés en train par la voie ferrée toute proche de la route de Saint-Girons, mais dans un convoi de camions. Dorgelès indique dans son livre que les noms de Tamasy et de ses deux camarades étaient inconnus, alors qu’ils avaient été identifiés à l’automne 1944. La version de l’attaque audacieuse du train, consignée dans d’autres témoignages et documents, semble donc être la bonne.

Adalbert Tamasy fut d’abord inhumé au cimetière de Mazères où une plaque lui rendant hommage fut apposée le 29 juillet 1945, alors que son corps avait été transféré entre temps, le 1er octobre 1944, au cimetière de Revel. À l’occasion de ce transfert, une cérémonie en son honneur rassembla le Comité local de libération CLL de Revel, la municipalité de la ville des détachements de FFI de Toulouse et la Milice patriotique de Revel. Son corps fut ensuite ré-inhumé à Thiais (Val-de-Marne) au carré des corps restitués du cimetière intercommunal. Lors de la première exhumation de son corps, le 30 octobre 1944 à Mazères,le procès verbal dressé peu après en donne la description suivante. Il s’agissait d’un individu de sexe masculin âgé de vingt à vingt-et-un ans, d’une taille de 1, 75 m, de forte corpulence. Il avait les cheveux châtain et n’avait pas de moustache. Il portait un pantalon de coton bleu, des chaussettes de laine à grosses côtes, une ceinture de cuir, des brodequins ferrés au talon. Il possédait deux mouchoirs rayés bleu et blanc. Il avait de nombreuses blessures à la tête et au corps. La mort avait été occasionnée par des coups de feu tirés par les troupes d’occupation.

Reconnu Mort pour la France, il a été homologué FFI statut militaire.

Son nom figure sur le monument aux morts de Revel, sur une stèle de Mazères-sur-Salat érigée à la mémoire des trois maquisards tués le 27 juillet 1944, sur la plaque apposée en l’église de Revel avec les noms des morts des deux guerres mondiales.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240185, notice TAMASY Adalbert , nommé aussi Bela, Joseph, alias « Tama », pseudonyme de maquis [nom écrit parfois TAMASSI ou TAMASSY sur divers documents officiels] par André Balent, version mise en ligne le 22 avril 2021, dernière modification le 1er mai 2022.

Par André Balent

Adalbert Tamasy (1923-1944)
Source : site lauragais.patrimoine
Mazères-sur-Salat (Haute-Garonne), lieu-dit les Murasses, avenue des Pyrénées
Stèle érigée en l’honneur des trois combattants du maquis de Betchat (FTPF) tués lors de l’affrontement avec les troupes d’occupation
Cliché André Balent, 17 octobre 2021
Mazères-sur-Salat (Haute-Garonne). Lieu-dit les Murasses
Détail de la stèle érigée en l’honneur des trois maquisards du maquis (FTPF) de Betchat (Ariège)
Cliché André Balent, 17 octobre 2021

SOURCES : Service historique de la Défense, Vincennes, 19 P 31/29, homologation des maquis et unités combattantes de la résistance, Haute-Garonne, 3401e compagnie de FTPF, maquis de Betchat ; Vincennes GR 16 P 561529 (nc) dossier Tamassy. — AVCC-SHD, Caen, AC 21 P 158189 (nc), dossier Tamasy Bela Joseph. — Arch. dép. Ariège, 63 J 206, fonds Claude Delpla, actions, effectifs et état major du maquis, lettre de Georges Loubiès, sous-lieutenant du maquis de Betchat à Claude Delpla, Sainte-Croix-Volvestre, 1er mars 1968. — Arch. com. Mazères-sur-Salat, registre de l’état civil, procès-verbal d’exhumation d’Aldabert Tanasy, 30 octobre 1944 : ce procès verbal indique la date de sa mort, le 27 juillet 1944. — Claude Delpla, La Libération de l’Ariège, Toulouse, Le Pas d’Oiseau, 2019, 514 p. — Roland Dorgelès, Carte d’identité. Récit de l’Occupation, Paris, Albin Michel, 1945, 91 p. [p. 67-69]. — Henri Soum, La mort en vert-de-gris. Le maquis de Cazères, Toulouse, Signes du Monde, 1994, 280 p. [p. 205-206]. — Site lauragais.patrimoine consulté le 20 avril 2021. — Site MemorialGenWeb consulté le 20 avril 2021. — Site Mémoire des Hommes consulté le 20 avril 2021 (absence de dossier individuel au SHD, Caen et Vincennes).

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