STENGEL Alfred, Antoine

Par Madeleine Singer

Né le 13 juillet 1911 à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), mort le 29 janvier 2004 à Turckheim (Haut-Rhin) ; instituteur, puis directeur d’école ; secrétaire départemental du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) pour le Bas-Rhin (premier degré) de 1952 à 1968.

Fils unique de Michel Stengel, catholique, ajusteur-outilleur, qui avait en outre deux filles, Alfred Stengel entra en 1927 à l’Ecole normale d’Obernai. Il se maria le 1er juin 1936 à Kaltenhouse (Ba-Rhin) avec Marie Boespflug.

Il enseigna d’abord à Kaltenhouse, puis à Batzendorf, avant de devenir en 1947 Directeur de l’école de garçons Saint Nicolas à Haguenau et en 1959 Directeur du CEG de la même ville. Quand cet établissement devint CES en 1966, il en fut Principal adjoint jusqu’à sa retraite en 1971. Il s’était marié en juin 1936 avec Marguerite Boesflug, institutrice, qui cessa alors d’enseigner ; ils eurent deux garçons.

A. Stengel avait fait son service militaire en 1932-1933 à Saint-Cyr l’Ecole, et en était sorti sous-lieutenant. Mobilisé pendant la guerre, il fut libéré le 20 juillet 1940 et rentra chez lui à Batzendorf. Mais le 1er octobre, il dut comme ses collègues se rendre en Allemagne pour être dans un premier temps soumis à l’"Umschulung", c’est-à-dire à l’apprentissage des méthodes nazies. Ensuite ils durent enseigner en Allemagne, pendant qu’ils étaient remplacés dans leurs classes du Bas-Rhin par des instituteurs allemands. Certains ne purent revenir en France qu’à la fin de la guerre. Lui-même put rejoindre Batzendorf en 1942. Toutefois il refusa en 1944 de se soumettre à l’obligation militaire dans l’armée allemande et fut alors interné aux prisons de Strasbourg, puis déporté en Allemagne, à Oberndof-am-Neckar, d’où il ne revint que le 28 avril 1945. D’abord secrétaire de la section de Haguenau, de l’"Union nationale des associations de déportés et internés et familles de disparus" (UNADIF), il fut élu président en 1950 et l’était toujours quand nous avons correspondu, bien que "les effectifs de cette association aient beaucoup fondu du fait de l’âge".

Il avait dans sa jeunesse fait partie d’un mouvement paroissial. Après un séjour de deux ans au SNI, il quitta ce syndicat à cause de son attitude politique, dit-il, et il adhéra à l’Union nationale des membres de l’enseignement public (UNMEP). Après-guerre il fut d’abord non syndiqué, puis adhéra au SGEN en arrivant à Haguenau en 1947. Elu à la tête de la sous-section syndicale de cet arrondissement, il entra donc au Bureau départemental (Premier degré) aux côtés d’Auguste Bonn* qu’il remplaça en 1952. Il demeura secrétaire départemental pour le Premier degré jusqu’en 1963, date à laquelle il devint secrétaire départemental général, cédant le secrétariat du Premier degré à René Bauerlé*. Il s’occupa alors des adhérents de tout le département jusqu’en 1968, siégeant en même temps au comité national où il avait été élu en 1952 à la place de Auguste Bonn*.

Or, la tâche d’un responsable SGEN était particulièrement difficile dans ce département, vu la pesanteur du milieu alsacien qui était à son maximum à Strasbourg. Certes le Secrétaire académique était depuis 1953 un protestant, Gustave Hentz* et le SGEN combattait pour une évolution du statut scolaire qui assurât la liberté de conscience tant des maîtres que des élèves-maîtres. Mais l’étiquette CFTC ne pouvait que pâtir en milieu primaire des déclarations de l’évêque du lieu, Mgr Elchinger, qui ne manquait pas une occasion de rappeler son attachement au statut scolaire confessionnel. En outre les dirigeants de l’UD. CFTC du Bas-Rhin, Henri Meck et Théo Braun, étaient politiquement marqués par leurs liens avec le MRP, rebaptisé ensuite Centre démocrate. Le SGEN qui avait en 1948 55% des suffrages lors des premières élections à la Commission administrative paritaire départementale, n’en aura plus que 40,4% en 1970. Mais vu le contexte que nous venons d’évoquer, la perte d’électeurs aurait pu être plus considérable. Il faut porter ce succès relatif au crédit d’A. Stengel qui fut pendant seize ans secrétaire de la section.

Il était en même temps membre du bureau départemental de la MGEN et en devint membre d’honneur lorsqu’à soixante-six ans, il dut quitter cet organisme comme le prévoyait le règlement. Il fut également pendant quatorze ans président du Conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité sociale d’Haguenau. Devenu administrateur en 1961 de l’hôpital d’Haguenau ainsi qu’en 1970 de celui de Bischwiller, il conserva après la retraite cette activité dans ces deux hôpitaux importants et l’exerçait toujours en 1996.

Décoré de la Croix de guerre en bronze pendant les hostilités, il obtint la Croix de guerre en vermeil pour faits de résistance. Il était chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’ordre national du Mérite, officier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24020, notice STENGEL Alfred, Antoine par Madeleine Singer, version mise en ligne le 1er janvier 2009, dernière modification le 27 juillet 2021.

Par Madeleine Singer

SOURCES : École et Éducation (1953-1955). — Syndicalisme universitaire, 1955-1968. — Lettres de A. Stengel à M. Singer, 21 mars 1995, 7 mars 1996, 12 mars1996. — État civil d’Illkirch-Graffenstaden.

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