BLOCH Denise, Madeleine

Par Geoffroi Crunelle

Née le 21 janvier 1916 à Paris, exécutée sommairement entre le 26 janvier et le 5 février 1945 au camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne) ; opératrice radio, membre du Special Operations Executive (SOE).

Denise Bloch naquit dans une famille juive le 21 janvier 1916 à Paris, la seule fille des quatre enfants du couple Jacques Henri Bloch et Suzanne Bloch née Levi-Strauss. C’est lors de sa scolarité à Louveciennes (Seine-et-Oise, Yvelines) qu’elle apprit l’anglais en seconde langue. En 1940, Denise habitait avec sa famille à Lyon, où elle devint secrétaire chez Citroën de Jean-Marie Aron, futur adjoint du chef du réseau Ventriloquist (code Joseph). Pour des raisons qu’elle précisa « de convenance », elle se fiança à Dominique Mendelsohn. En juillet 1942, Denise Bloch et son fiancé s’engagèrent dans la Résistance. Un mois plus tard, Henri Sévenet (code Rodolphe) fut parachuté par le SOE pour revitaliser le réseau Detective qui s’occupait de la ligne de chemin de fer Tours-Poitiers ; il engagea Denise comme courrier (code Danièle) et pour veiller sur son opérateur radio, Brian Stonehouse, dont le français n’était pas très bon. Suite à l’arrestation de ce dernier et de Mendelsohn, elle partit pour Marseille où elle récolta des informations sur les possibles terrains d’atterrissage. Alors qu’elle se rendait à Lyon avec Sévenet et Aron, ce dernier se fit arrêter à la sortie de la gare. Sauvée de justesse, Denise se cacha d’abord près de Lyon, puis à Villefranche-sur-Mer jusqu’en janvier 1943. Sévenet tenta de lui faire franchir les Pyrénées pour rejoindre la Grande-Bretagne, mais l’hiver et les patrouilles allemandes l’en empêchèrent. De retour à Toulouse, elle fut engagée comme courrier à Agen (code Catherine) par George Starr (code Hilaire), envoyé par le S.O.E. pour diriger le réseau Wheelwright. Le temps étant devenu plus clément en avril, Starr envoya Denise Bloch à Londres via les Pyrénées, l’Espagne, Gibraltar et Lisbonne. Ce périple dura 22 jours. Dès son arrivée en Grande-Bretagne, Denise Bloch fut récupérée par le SOE (sous le nom de Danielle Williams) et commença une longue formation de dix mois pour préparer son retour en France comme opératrice-radio. Sous le nom de code Ambroise, avec la nouvelle identité de Micheline Claude de Rabatel, Denise atterrit par Lysander le 3 mars 1944 près de Chartres avec le nouveau responsable du réseau Clergyman, Robert Benoist (code Lionel), un ancien coureur automobile. En plus de son travail d’opératrice-radio, elle participa à la destruction des grands pylônes au-dessus de la Loire, à l’île d’Héron, et des voies ferrées et lignes téléphoniques vers Nantes pour désorganiser les communications allemandes à la veille du Débarquement. Alors qu’il se trouvait à Paris auprès de sa mère mourante, Benoist fut arrêté le 18 juin dans la rue. Le lendemain, Denise Bloch et d’autres résistants étaient appréhendés dans la propriété de Benoist près de Rambouillet. Elle fut sauvagement interrogée par la Gestapo à Paris. Elle avait pu envoyer 31 messages et en avait reçu 52 entre mars et juin. Elle ne parla pas, les Allemands ne connurent que son nom anglais, Danielle Williams. Détenue à la prison de Fresnes, elle fut envoyée en Allemagne par le convoi du 8 août, en compagnie des 37 autres prisonniers appartenant au S.O.E., dont Violette Szabo et Lilian Rolfe. Dans la chaleur suffocante du ce mois d’août, enchaînées aux chevilles deux par deux, les détenues mirent deux semaines pour atteindre le camp de concentration de Ravensbrück, du fait du bombardement du train par l’aviation alliée et du sabotage des voies ferrées par les résistants. Le convoi s’arrêta aussi plusieurs jours au camp de concentration de Neue-Bremm, près de Sarrebrück. Deux semaines après leur arrivée, Denise Bloch et ses deux compagnes étaient envoyées dans une équipe de travail à Torgau, au sud de Berlin. Elles envisagèrent une évasion, mais celle-ci échoua et elles furent renvoyées au camp de Ravensbrück. Le 19 octobre, le trio furent emmené au camp satellite de Königsberg-sur-Oder pour y construire une nouvelle base aérienne, dans des conditions extrêmes. Elles furent ramenées fin janvier 1945 une nouvelle fois au camp de Ravensbrück sur ordre de Berlin pour y être exécutées. Un ou deux jours plus tard, Denise Bloch, Lilian Rolfe et Violette Szabo furent assassinées d’une balle dans la nuque et leur corps fut incinéré, selon le témoignage sous serment de commandant en second du camp, le SS Obersturmführer Johann Schwarzhuber. Denise Bloch avait 29 ans, et faisait partie des 39 femmes du SOE envoyées en France et des 13 qui perdirent la vie.

Reconnue "Mort pour la France", Denise Bloch a été homologuée membre des Forces françaises combattantes (FFC) au sein des réseaux Sebastien et Lionel Buckmaster, et déporté et interné de la résistance (DIR).
Denise Bloch a été décorée en France, à titre posthume, chevalier de la Légion d’honneur, de la médaille de la Résistance avec rosette, de la Croix de guerre avec palme, et en Grande-Bretagne, de la King’s Commendation for Brave Conduct.

Sa mémoire est honorée au Mémorial de Valençay (Indre) des 104 agents de la Section F du SOE morts pour la France ; au Mémorial de Brookwood dans le Surrey, Angleterre : (panneau 36, colonne 3) il y a aussi une plaque séparée qui lui rend hommage, ainsi qu’à Violette Szabo, Lilian Rolfe et Cecily Lefort ainsi qu’au Mémorial First Aid Nursing Yeomanry (FANY) de l’église Saint-Paul à Londres.
Une plaque commémorative a été apposée au camp de Ravensbrück.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240233, notice BLOCH Denise, Madeleine par Geoffroi Crunelle, version mise en ligne le 28 avril 2021, dernière modification le 29 avril 2021.

Par Geoffroi Crunelle

SOURCES : AVCC, Caen, 21P 426705 (nc).— SHD, Vincennes, GR 16P 64873.— Beryl E. Escott, Les héroïnes du SOE, les femmes des services secrets britanniques dans la Résistance, traduit de l’anglais par Grégoire Lagrange, Versailles, Omblage Éditions, 2018 . — Monika Sidentopf, Parachutées en terre ennemie, traduit de l’allemand par Amélie de Maupéou, Editions Perrin, 2008.— Bruno Durand, « Le groupe du S.O.E. de Robert Benoist, le maquis de Sermaise et la rafle des 19 au 23 juin 1944 de Dourdan à St Sulpice-de-Favières », 56 pages (p. 9-64), in Bulletin de la Société Historique de Dourdan n° 49, juillet 2005. — https://fr.wikipedia.org/wiki/Denis.... — Fiche Special Forces Roll of Honour :https://www.specialforcesroh.com/in.... — Fiche du site Nigel Perrin : https://nigelperrin.com/denisebloch.htm.

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