Actualités du maitron

Mourir au maquis

La journée « Mourir au maquis, mourir pour le maquis » prévue le 6 mai à Clermont-Ferrand est annulée en raison de la crise sanitaire. Elle sera remplacée par un colloque de deux jours en avril 2022. En préfiguration de ce colloque se tiendra le 6 mai 2021, un atelier Zoom.

Pour pouvoir assister à l’atelier en visioconférence, merci de vous inscrire par mail à l’adresse pennetier.claude[at]orange.fr

Programme

Matin. 10h-12h30

9h50 ouverture de la salle

10h-10h05 Consignes de fonctionnement par Claude Pennetier et annonce sommaire du programme.

10h 05-10h 15 Introduction par Vincent Flauraud, Maître de conférences en Histoire contemporaine, Université Clermont-Auvergne, coordinateur pour l’Auvergne du Dictionnaire Le Maitron.

Présidence Vincent Flauraud

10h15-11h Exposé général sur les problématiques des maquis, par Fabrice Grenard, historien, spécialiste de l’Histoire des maquis en France, directeur historique de la Fondation de la Résistance.

11h-11h30 Discutants : Jean-Marie Guillon, Claude Pennetier, Dominique Tantin. Questions de la « salle ».

11h30-11h45 Exposé sur les maquis du sud-est, par Jean-Marie Guillon, Professeur émérite des universités, auteur d’une thèse sur la Résistance dans le Var

11h 45-12h30 Table ronde avec les intervenants et les auditeurs.

Après-midi centrée sur l’Auvergne et le Massif central 14h-17h00

14h Ouverture de la salle

Présidence Jean-Marie Guillon

14h10-14h45. Premier bilan et quelques pistes de réflexion sur la répression à l’échelle de l’Auvergne / Eric Panthou, chercheur associé au Centre d’Histoire Espaces et Cultures, UCA. Débat

14h45-15h10. Les maquis de l’Allier. Dénombrement, identifications des victimes / Henri-Ferréol Billy, historien. Débat.

15h10-15h35- Le camp Wodli, maquis FTP en Haute-Loire / Michelle Destour, historienne. Débat.

15h35-16h. Questions et débat sur le cas de l’Auvergne.

16h-16h 20. Les maquis en Haute-Vienne / Dominique Tantin, professeur agrégé et docteur en histoire, Président de l’Association « Pour un Maitron des Fusillés PMFE ».

16h20-17h, Comparaison avec les maquis bretons (Jocelyne et Jean-Pierre Husson, historiens) et les maquis du Sud-ouest (André Balent, historien).

Débat général.
Perspectives pour le colloque d’avril 2022.

Le collectif d’organisation : Paul Boulland (Centre d’histoire sociale des mondes contemporains, CNRS/Paris 1), Vincent Flauraud (Université Clermont-Auvergne), Eric Panthou (Maitron Auvergne), Annie Pennetier, (PMFE), Claude Pennetier (CNRS), Dominique Tantin (PMFE) . Avec le soutien de la Fondation de la Résistance.

Présentation

Les maquis de résistants entre 1942 et 1944 ont déjà fait l’objet de nombreuses publications. Mais il s’agirait cette fois d’observer cette «  communauté à l’épreuve  » à partir d’un matériau prosopographique, en engageant une première exploitation de l’enquête nationale conduite pour le Maitron des fusillés, exécutés, massacrés, morts en actions. Sur 28 000 fiches actuellement publiées (la recherche est encore en cours), un tiers fait en effet référence aux maquis – ce qui ne signifie pas qu’il s’agit pour tous de maquisards. Le martyrologe se situe pour l’essentiel en 1944, particulièrement après le 6 juin.

L’exploitation du corpus peut, bien entendu, alimenter une tentative de sociobiographie des victimes, qui ne peut toutefois faire l’économie d’une interrogation épistémologique sur les limites de l’opération de repérage et d’identification. Qu’en est-il de la représentativité des communautés politiques et communautés de travail, de la présence d’agents spéciaux ou de militants étrangers, de juifs, non seulement au maquis, mais parmi ceux qui y décèdent ? Qu’est-ce qui « fait (ou dans certains cas, ne fait pas tout à fait) communauté » entre eux.

Mais le fait de placer en ouverture du thème de recherche le mot « mourir » invite surtout à s’interroger, à partir de la connaissance des cas individuels, sur l’importance relative, les conditions, la mémoire, de la mort au maquis ou pour le maquis ; sur la façon dont cette mort, violente ou non, prend place puis prend corps, comme horizon possible et comme expérience traumatique à affronter, dans la façon de gérer collectivement l’épreuve de la guerre et de l’engagement maquisard.

Il y a de multiples façons de mourir au maquis ou pour le maquis  :

En tentant de le rejoindre, avant de l’avoir atteint  ; recherché par l’armée allemande ou la Milice en tant que potentiel volontaire pour le maquis, notamment comme réfractaire au STO (le cas breton témoigne de l’importance de cette répression au moment où se fait la jonction entre des populations de volontaires et les maquis)  ;

En mission, à la recherche de contacts, de ravitaillement, d’armes (ces contacts entraînent aussi une grande mortalité de résistants sédentaires ou d’habitants solidaires des maquis, notamment des paysans qui acceptent de fournir des biens alimentaires).

On peut mourir au maquis de maladie, de malnutrition ou de règlement de compte interne, de soupçons de trahison et pour des questions de discipline (cas des maquis Guingouin : travaux de Fabrice Grenard).

On meurt surtout des "nettoyages" des maquis par l’armée allemande et la Milice, dans le Vercors, sur le parcours des colonnes allemandes qui remontent vers la Normandie. Les décès dans les affrontements militaires (mort au combat) ou par exécution après arrestation sont également nombreux, en particulier en Auvergne (Mont-Mouchet, Truyère, Bellevue-la-Montagne).

Il s’agira de tester l’apport de l’approche prosopographique à la connaissance (voire à une réélaboration) d’une telle taxinomie  : pour la préciser, la nuancer, mieux saisir comment peuvent se (re)combiner les façons de mourir dans ou autour d’un même maquis, d’un maquis à l’autre, ou selon les phases chronologiques, mais aussi biographiques  ; pour envisager les incidences familiales, les effets non pas seulement à l’échelle collective large, mais également à celle de groupes restreints. Faire ressortir les diversités régionales ne peut non plus se réduire, dans cette perspective, à confirmer un classement connu de l’implantation des maquis, privilégiant des régions montagneuses et forestières (Bretagne, Massif Central, Vosges, Alpes, Sud de la France, Pyrénées), mais présents aussi ailleurs de façon plus ténue. D’une part, l’importance de la mortalité n’est pas forcément proportionnée à celle des concentrations humaines, et relève de bien d’autres facteurs. D’autre part, chaque configuration locale a sa singularité dans l’agencement des composantes d’engagement conduisant à la mort, et dans la gestion de cette dernière par les survivants.

Peut-on à travers le dénombrement des victimes et l’étude des circonstances de leur décès, clarifier le débat sur les désaccords de l’époque et de l’après-guerre concernant la pertinence de la concentration des forces résistances dans des grands maquis stables comme ceux des Glières, Vercors et Mont-Mouchet, mobilisant des discussions sur le nombre effectif, relatif et comparé de victimes ? La mort, au, ou pour le maquis, ne peut, de la sorte, faire l’économie de l’étude de son traitement mémoriel et des perspectives qui l’animaient.

Mourir au maquis
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